27 août 2008 3 27 /08 /août /2008 19:16

L'employé aux écritures : Madame la porteuse de bottes, Madame la Botteresse, Madame la Cuissardesse, vous allez enfin me permettre de réaliser mon rêve le plus inavouable : caresser les longues bottes, placébo oui-je-sais de la douce peau des femmes que je n'ai jamais, par ignorance, pu approcher.

(L'employé aux écritures tend ses mains à la recherche des bottes :
il ne palpe rien d'autre que de l'air.
Dérouté, il rouvre les yeux pour constater qu'il n'y a plus personne et plus RIEN.)

Elle est pourtant venue. Elle s'est approchée ; elle m'a même parlé. C'est un début. A moins que ce ne soit un rêve ? Me laissera-t-elle un jour caresser ses bottes ? Je ne veux plus vivre que pour ça. Tant pis si on dit : "L'employé aux écritures est effectivement chargé d'avoir des idées. Mais il n'en a plus qu'une. Une idée fixe."

(Il se lève et court en tous sens,
comme un dératé.
Il se retrouve de l'autre côté de la ligne jaune,
près du retire-bottes.)

Ah ! Supporter l'insupportable angoisse ! L'angoisse qui ne vous lâche pas d'une semelle. Être à mi-parcours d'une vie et souffrir encore autant que j'ai souffert ? Non, merci !
Ah ! Pouvoir extraire l'oiseau maudit de la cage thoracique. Terrasser le phénix mauvais ! Le réduire en cendres pour de bon ! Redonner ce cuir à celles et ceux à qui il appartient d'abord : aux bêtes, aux veaux, aux vaches...

(Il se saisit du retire-bottes qu'il hume longuement.)

S'il pouvait parler, celui-là, il me dirait où elle a l'habitude de traîner ses guêtres.

(Il place le retire-bottes sous le menton et tente de se "retirer" la tête.

Le fournisseur de pneus des autocaristes revient et regarde avec étonnement cette scène singulière.
L'employé aux écritures s'aperçoit de sa présence et, sans se démonter, suspend ses "tentatives".)

Le fournisseur de pneus des autocaristes : C'est drôle, je viens de croiser une femme qui portait des bottes là où habituellement on porte des gants. Dans cette même logique, je comprends mieux qu'on puisse confondre un menton avec un talon. J'avais bien cru remarquer, tout à l'heure, que vous l'aviez en galoche, le menton...

L'employé aux écritures : C'est que...

Le fournisseur de pneus des autocaristes : C'est que ?...

(A suivre.)

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