La botteresse : Je ne la vois pas comme vous, mais un peu presque. Je la trouve esthétique, confortable, fonctionnelle et
sensuelle. C'est ce que disent à mots couverts les tabloïds pelliculés. Je ne suis pas bien loin de l'attribut que vous en avez fait. Je vous propose la botte.
L'employé aux écritures : Là, tout de suite ?
La botteresse : Tout semble laisser croire que vous attendez ça depuis longtemps, non ?
L'employé aux écritures : Oui... Mais il faut un minimum de préparation... Il faut que ce soit amené... J'ai piétiné, trépigné, arpenté... Peut-être encore quelques pas avant
d'en faire de faux et de franchir le seuil.
La botteresse : Quelques faux pas... Savez-vous danser ?
L'employé aux écritures : Vous touchez là du doigt une de mes grandes et nombreuses lacunes.
La botteresse : Voulez-vous que je vous apprenne ?
L'employé aux écritures : Là, tout de suite ? Un endroit plus intime serait plus adapté.
(Elle se dirige vers la cabine téléphonique, y pénètre et invite l'employé aux écritures à faire de même. Lorsque tous les deux sont dans l'habitacle, une chanson se laisse entendre : "La
valse à mille temps" de Jacques Brel.
On voit le couple ainsi formé se mouvoir au rythme de la musique, assez difficilement.
Mouvements de plus en plus rapides et désordonnés, suivant le cescendo de la chanson.
Au 3e couplet, les "danseurs" tirent les rideaux dont la cabine est originalement pourvue.
La chanson s'achève.
Personne ne sort.
Court silence.)
(A suivre.)