Collection particulière René Cazelles.
Jacques BREL à Lavaur, en 1962.
Que l'on disserte aujourd'hui sur Brel, que l'on dissèque son oeuvre n'est pas gênant en soi ; ce qui
l'est plus, c'est le caractère que revêt parfois cette manoeuvre. Si l'acte est dicté par une tension émotionnelle, il me semble que l'acte posé est pardonné. Etre sous le regard et
l'appréciation des autres est l'un des statuts de l'homme populaire.
Populaire, Brel le fut certes, non pas comme une vedette adulée des masses, mais en tant que TRIBUN. Il est
très possible que le public ait trouvé en cet homme un miroir familier qui réflechissait certaines images et certains lieux communs...
Aborder des thèmes éternels, qu'il sut très bien transcender, était pour lui, au vu et au su de tout un chacun,
vital. "Un jour, je pourrai m'arrêter de chanter, mais je ne m'arrêterai pas d'écrire..." Il faut dire que les sources auxquelles cet assoiffé puisait son inspiration étaient
intarissables : l'humain est démesurément grand et il en jaillit sans cesse du feu, de la sève, de l'eau et du sang et de la liqueur lacrymale et féconde. Lui, brave scribe, trempait sa plume
dans l'encrier de sa sueur et écrivait. ..
En retour, il ne réclamait pas de réaction photo-sensibilisante. Elle était pourtant bien là.
Brel fut avant tout un maçon instinctif façonnant sans cordeau ni fil à plomb des monuments intemporels dédiés aux choses de la vie.
Combien brûlent aujourd'hui de lui dire "vous aviez raison" ou "vous aviez tort", ou encore "votre cathédrale de tendresse tient toujours debout" ou
"tous les matins, nous passons devant votre maison avec des tas de fenêtres..."
30 ans après sa disparition physique, je lis ici et là des résumés de vie d'un être irrésumable.
Chacun a "son" Brel : je vous souhaite des instants avec lui."
Joël Fauré
Je suis
étonné de ne pas trouver, dans les bibliographies "conseillées" de Brel, le premier ouvrage écrit sur lui, dans la prestigieuse collection "Poésie et Chansons" chez Seghers :
"Jacques Brel" par Jean Clouzet. Clouzet, médecin et fin critique, avait persuadé Brel de se laisser disséquer -c'était en 1964- ; "disséquer" étant le mot juste si l'on
sait qu'une pesée était effectuée avant et après chaque tour de chant : Brel perdait 700 grammes !
Pour "approcher" Brel aujourd'hui, la meilleure façon est encore de se procurer, outre la biographie -sérieuse, détaillée, étayée (mais qui reste une "commande" et occulte
quelques secrets de polichinelle) d'Olivier Todd, "Jacques Brel, une vie", régulièrement réimprimé chez Robert Laffont... la meilleure façon, donc est encore de se
délecter de l'oeuvre intégrale, chez Robert Laffont ou en poche chez 10/18 "Tout Brel".
Eric Lange, de France Inter m'a permis de rendre un petit hommage à Brel et aux îles Marquises...
C'était lundi soir, dans l'excellente émission "Allo la planète" (Tous les soirs de 23 heures à 1 heure du matin). Je crois qu'il est encore possible de l'écouter sur le site de France
Inter "franceinter.com", émission "Allo la planète". C'est dans le dernier quart d'heure de diffusion.
J.F