"Que s'est-il passé ?"
Ce matin, je me suis dit "Et zut ! tant pis pour [le retard], je me gare en bas du musée Ingres et je me balade un quart d'heure avant d'aller bosser. C'est bien joli Montauban, l'église St Jacques, la place nationale, le pont vieux dans la brume, l'ancien collège des jésuites. Il y a des photos extraordinaires à faire !
Et avant que j'arrive au musée, sur un panneau publicitaire, Lydie Salvayre anime un festival.
Rien lu d'elle. Je ne connais même pas un seul de ses titres. "Naissance des fantômes" peut-être ?
En marchant, personne dans les rues ce matin. Une affiche sur une vitrine nue. "Le dimanche des bouquinistes". Dimanche 30 novembre ; Lydie Salvayre sera là.
Un festival avec des écrivains. Ecrire. J'ai écrit un jour, il y a longtemps. Ca faisait du bien. Maintenant aussi j'écris. Pas de la littérature, mais je suis lu. (...)
Comment je faisais pour écrire avant, il me semble que ça venait tout seul à l'époque.
Est-ce que c'est ça, la vie, un éloignement constant du rivage ?
La vérité, c'est que je ne lis plus rien. Des livres sont sagement empilés sur ma table de nuit. J'en ouvre un. Lis une phrase ou deux, pas plus. Le Clezio, Henry Miller. Plus rien.
Que s'est-il passé ? J'aimais tellement ça. Et pourtant ce soir, j'ai encore mal aux yeux d'avoir déchiffré des requêtes notariales, des expertises psychiatriques, des arrêtés préfectoraux, des réquisitions judiciaires.
Procès-Verbaux. Conclusions. Assignations.
Des milliers de mots. Tous les jours.
Qu'est-ce qui s'est passé ? Je ne voulais tellement pas de ça. Et en même temps, je le voulais. Ce livre, "Le réel et son double". Le double était réel, mais ne l'est plus.
Je continue à marcher. "Le monde des Livres" de vendredi dernier. Cet article sur sur les creative writing. Writing workshop. La structure. Le rythme. Distinguer la bonne de la mauvaise phrase. Sacrées foutaises. Apprendre à écrire. Cette phrase -écrire- une activité -désespérément- solitaire.
Je n'aurais pas tenu le coup.
Est-ce que je tiens le coup ? Je n'en sais rien. Je fais comme je peux. Je fais comme les autres, qui font comme ils peuvent !
La place nationale, la place du coq. Mon ami JO FA. Joël. Raoul Jefe. Bien mal en point la dernière fois. Shooté aux anxyolitiques. Ce bureau déprimant. Heureusement, j'ai vu son blog l'autre jour. Des posts. L'arbre à manivelle. Je ne sais plus où il en est. Il faut que je regarde son blog. Ou que je l'appelle. Si fatigué.
Lui il saura pour Lydie Salvayre. Il saura ce qu'elle a écrit.
Et il connaît Montauban !
X
Je poursuis le combat d'une vie : les TOC. Ca sonne. Ca fouette. Ca percute.
J'essaie de tenir droit, dans ce bureau déprimant, ruminant des valeurs bafouées.
Je suis un écrivain contrarié. Et pourtant, la prestigieuse revue "L'Avant-Scène" n'a-t-elle pas écrit : "Joël Fauré, écrivain secret et dense lance des personnages étranges dans des situations effroyablement compliquées, mais en fait tout à fait simples. Sa phrase est d'une grande pureté." ?
Je suis en pourparlers assez avancés avec un imprimeur pour l'édition à compte d'auteur (budget : 1 000 €) du texte qui me paraît le moins ridicule à proposer : "J'ai très bien connu Jacques Brel"... Peut-être sa diffusion (100 exemplaires) sera-t-elle une amorce à explorer plus avant mes autres textes ?...
Oui. Je comprends que ton investissement, dans des journées qui ne font que 24 heures, te condamnent à moins lire et moins écrire. N'en sois pas désabusé pour autant. Nous traversons tous des passages à vide.
J'ai rencontré Lydie Salvayre, qui est à la base psychiatre, alors qu'elle venait présenter à Toulouse un
livre que j'avais beaucoup aimé : "La conférence de Cintegabelle"
Elle a aussi ecrit sur les huissiers.
J'ai parcouru son dernier livre "Portrait de l'écrivain en animal domestique" et il me semble que j'y ai fait écho sur mon blog.
"Shooté aux anxyolitiques" : oui, trois fois hélas, mais c'est le passage chimique obligé pour calmer les folles ardeurs de mes angoisses abyssales qui me terrassent, me foudroient et me laissent essoré.
Sur le théâtre : je n'en suis pas dégoûté, mais déçu. Je pensais naïvement que "Orbe" bien accueilli -alors que ce n'est pas ma pièce la plus accessible- les autres seraient bien recues. Hélas, si régulièrement on me rappelle qu'il existe des intrigues à faire vivre sur le plateau, rien ne se passe. Il faut dire que je m'isole beaucoup.
Et puis le théâtre me paraît être un véhicule plus poussif que le cinéma, où il est plus facile d'être moins mauvais...
Pour l'exemple, j'apprécie la série de DVD que publie actuellement "Le Monde" avec "Les Cahiers du Cinéma" : "Lawrence d'Arabie", "Easy rider", "Belle de jour"...
En amitié.
Joël Fauré.