CHANTERELLE
de Joël Fauré
"A nous qui devenons muets à force de communiquer, le théâtre vient rappeler que PARLER est un drame ;
A nous qui perdons la joie de notre langue, le théâtre vient rappeler que la pensée est en chair ;
A nous, pris dans le rêve de l'histoire mécanique, il montre que la mémoire respire et que le temps renaît."
Valère Novarina
A 10 ans, j'ai subi une circoncision pour remédier à un phimosis.
Cette intervention chirurgicale fut pour moi extrêmement traumatisante et surtout un magistral "loupé".
Pendant 20 ans, j'ai vécu -en me taisant- avec un sexe "charcuté", une brièveté du frein rendant douloureux voire impossibles les rapports sexuels.
Issu d'un milieu où la sexualité est taboue -occultée par de nombreux non-dits et interdits- je n'ai jamais pu instaurer un dialogue qui aurait (peut-être et entre autre) permis de ne pas voir apparaître ce que je considère être une erreur médicale : je "présente" aujourd'hui des troubles obsessionnels compulsifs très sévères et invalidants.
Ce n'est qu'après avoir écrit "Chanterelle" que j'ai accepté de subir une intervention réparatrice, une plastie du frein.
"Appuyer sur la chanterelle, c'est insister sur un point sensible.
La chanterelle, c'est aussi la corde la plus aiguë du violon.
Dans cette pièce, la chanterelle symbolise l'obsession -le sexe- d'un homme qui le conduira jusqu'à la maladie mentale.
"Chanterelle" laisse s'échapper une certaine fécondité de la souffrance associée à ses tenants et aboutissants.
J.F