ACTE 2
(Même décor qu'au premier acte.
La jeune femme est assise.
Le Musicien joue du saxo.)
Le Musicien : Je trouve que vous avez cédé un peu vite. Le mythe n'a pas fait long feu.
La jeune femme : Je lui ai dit n'importe quoi.
Le Musicien : Savez-vous que j'ai un ami qui écrit des pièces de théâtre ? Il serait très séduit par ce que vous êtes, et par ce que vous savez, par ce que vous avez... Il adore les arbres. Surtout quand ils ont des manivelles...
La jeune femme : Ca m'intéresse. Lui, au moins doit savoir satisfaire sa curiosité tout seul. Quitte à inventer. Vous avez lu "La Cerisaie" ?
Le Musicien : J'ai vu "La Cerisaie".
La jeune femme : Un cerisier ! Je me suis toujours demandé comment un arbre qui avait des fleurs aussi blanches pouvait produire des fruits aussi rouges.
(On entend un coup de feu.
Et des aboiements de chiens.)
Ils vont bien finir par l'abattre, le Grand Tétras.
Le Musicien : Le quoi ?
La jeune femme : Le Grand Tétras. C'est un coq de bruyère. Un magnifique oiseau, avec du rouge aux yeux et du jaune aux pattes. Il est un peu musicien, et il fait la roue comme un paon, mais en moins prétentieux....
Je suis inquiète de ne pas voir revenir mon père. Un accident est si vite arrivé.
Le Musicien : Si je peux me permettre, je vous conseille de vous en préparer un autre.
La jeune femme : Pardon ?
Le Musicien : Vous vivez avec votre père, c'est bien ça ? Dans cette cabane, là-bas ?
La jeune femme : S'il meurt, il me manquera.
Le Musicien : Oui.
La jeune femme : Quand il va mourir, il va me manquer.
Le Musicien : Bien sûr.
La jeune femme : Je ne voudrais pas qu'il meure.
Le Musicien : Je comprends.
La jeune femme : Vous savez, ils tirent sur n'importe quoi.
Le Musicien : J'entends.
(A suivre.)