LA PHOBIE DES CLOWNS ?
"Obsessions, phobies, panique. Vos questions, nos réponses." tel était le titre du programme de France 3 hier soir : il y a encore dix-quinze
ans, la télévision n'aurait pu présenter ce type d'émission où les les cerveaux sont "posés sur la table".
Il faut donc remercier qui ? Les concepteurs de ces diffusions grand public à une heure de grande écoute ? Celles et ceux qui y participent ?
Je ne me suis pas posé de questions quand, en 1994, dans feue l'émission "37,5° le soir", j'ai participé au débrousaillage des maladies d'"au dessus du cou". J'avais des TOC. Et
au risque de passer pour une bête de foire, j'ai témoigné sous l'oeil d'une caméra venue me filmer dans ma rase campagne...
Depuis, j'ai souvent, lontemps bataillé, sabre au clair, contre ces ennemis intérieurs. La lutte est usante. Une association s'est créée, l'AFTOC et je l'ai rejointe à ses balbutiements. Depuis,
l'Opinion Publique connaît l'acronyme TOC qui sonne comme un coup de marteau. "Plus personne ne va rire" semble dire mon grand ami Milan Kundera, dans son admirable
"Risibles Amours".
Je dois avouer que, de guerre lasse, j'avais abandonné le luxe de paraître lisse, au dessus de la mêlée, et d'entrer dans la "branloire pérenne" chère à
Montaigne.
Je tenais un rôle assez convenable dans une société qui ne l'est plus.
Je voulais laisser à d'autres le soin de dire la souffrance, la blessure, la fêlure...
Et puis hier soir, vous m'avez vu à la télévision ; dans l'un de mes rôles de ma drôle de carrière cinématographique : assis sur un lit, enfilant laborieusement mes chaussettes... On a vu
pire, me direz-vous...
La télévision -les médias en règle générale- sont vraiment le quatrième pouvoir. Les retombées sont énormes et j'ai été aujourd'hui noyé par les phrases chaleureuses, y compris par des gens que
je ne connais ni d'Eve ni d'Adam...
Sur l'émission en elle-même, deux petits mots.
Tout d'abord, il faut savoir que son contenu a été modifié, afin de donner un éclairage sur la grippe mexicaine. Curieux voisinage du conseil de se laver les mains au moins cinq fois par jour
pour se prémunir d'une éventuelle épidémie devant des laveurs et laveuses obsesionnel(le)s !
Une curieuse phobie a été évoquée : celle des clowns. J'ai pensé au livre de Michel Quint "Effroyables jardins" où le narrateur nourrit une peur viscérale pour les pitres...
(Fort bien expliquée par la suite.) Mais j'ai surtout pensé à mes amis que j'avais prévenus de mon passage à la télé. Et savez-vous ce qu'ils font dans la vie ? Ils sont clowns !
Alors j'ai retourné le problème à l'envers : sont-ce les gens qui ont la phobie des clowns ou bien les clowns qui ont eux-même des phobies ? (Le plus célèbre d'entre-eux, Achille Zavatta, s'est
donné la mort.)
J'ai été très ému par cette jeune femme, arythmomane, contrainte de toujours tout compter, et ayant demandé à son médecin de la placer dans un coma, pour se défatiguer le cerveau, ce qu'il a
refusé bien entendu. (Emile Zola souffrait d'une forme d'arythmomanie : il comptait et recomptait les lampadaires de son quartier.)
Que vous soyez en pleine santé -elle conditionne tout- , fétichiste des cuissardes, adepte du bondage ou triskaidekaphobe, je vous offre cette petite citation sur les psychiatres, que je connais
très bien, (Ils n'ont pas de baguette magique et ne se déplacent pas en soucoupes volantes) : "Le névrosé construit des châteaux en Espagne ; le psychotique y habite et le psychiatre
encaisse le loyer !"
JF