Jeannette et Jeanette
Hollywood-sur-Seine
Il est des homonymies heureuses. Jeannette Mac-Donald dompteuse jouira de la célébrité de Jeanette Mac-Donald chanteuse et actrice américaine. Toute sa vie, la
question lui sera posée : "Alors, vous êtes bien "la" Jeannette Mac-Donald qui a triomphé dans "Parade d'Amour" ou "La Veuve Joyeuse" dans les bras de Maurice Chevalier
?"
Si elle ne cherche pas coûte que coûte à cultiver l'amalgame, elle se prête volontiers au petit jeu mystérieux des destinées de stars.
Jeannette est née à Montrouge, département de la Seine, France, en 1918.
Jeanette est née à Philadelphie, Pennsylvanie, Etats-Unis d'Amérique, en 1903.
Se sont-elles rencontrées ? Il semble que non.
Auraient-elles pu ? Assurément oui.
Ont-elles des points communs ? Sans aucun doute. Une douce et fulgurante beauté, pas d'enfant, une carrière vouée à une passion exclusive, une vie sentimentale, comme beaucoup de jolies femmes, paradoxalement partagée par très peu d'hommes.
Un homme, justement, les a rencontrées toutes les deux. Et pas des moindres. Maurice Chevalier.
A Hollywood, il partagera l'affiche avec Jeanette dans des comédies musicales qui ont fait date.
A Aubervilliers, au cours d'une émission de télévision, il deviendra le parrain d' Uhlah, une magnifique tigresse de Jeannette.
Jeannette et sa
tigresse Uhlah, dont le "parrain" est Maurice Chevalier.
Collection particulière JMD.
Henri Garat.
Acteur, chanteur en vogue ("C'est un mauvais garçon", "Avoir un bon
copain"), élégant, beau garçon, Henri Garat, révélé par Mistinguett, connaît une gloire foudroyante, et rend toutes les femmes folles. Il se dit qu'elles vont jusqu'à embrasser les pneus de
sa voiture. Il se dit encore qu'Henri Garat aurait demandé Jeannette en mariage. Le père Mac-Donald aurait répondu : "Mais enfin, Jeannette, tu ne vas pas épouser un saltimbanque
!"
L'information est invérifiable.
Dans les pages "people".
Ce sont deux pages déchirées d'un magazine "pipole", rongées par des souris savantes ou griffées par un lionceau colocataire, impossible à dater donc intemporelles. Jeannette
Mac-Donald les a conservées, mais n'a pas pris soin de noter ni le titre ni la date. Les photos sont magnifiques. Emouvants visages de femmes, bouches sensuelles, "rougealèvrisées". Les
starlettes d'aujourd'hui peuvent bien aller se rhabiller.
La légende de la grande photo dit : "Cette dompteuse qui cajole un lionceau, c'est Jeannette Mac-Donald dompteuse. Elle exerce ses talents dans un grand cirque français."
En bas de page, une autre photo. La légende dit : "Jeannette Mac-Donald et Maurice Chevalier dans "La veuve joyeuse", grand film musical que les spectateurs du monde entier accueillirent avec enthousiasme."
Le surtitre dit : "De parade d'amour" à la parade des lions ; le titre : "JEANNETTE MACDONALD GARDE SON SECRET".
Le journaliste, qui pourrait aujourdhui "piger" dans bon nombre d'illustrés qu'on feuillette dans les salons de coiffure, feint de s'interroger :
"En 1927, une jeune artiste débutait dans une revue de Broadway. Quelques années plus tard, son nom envahissait les façades des cinémas. Parade d'Amour qu'elle tournait avec Maurice Chevalier acheva de consacrer la vedette Internationale qu'était devenue Jeannette Macdonald.
Et, soudan, son nom disparut. On l'avait oublié lorsqu'il y a quelque temps, un grand cirque international le remit à son affiche, dans un numéro de... dompteuse de lions.
Que s'était-il passé ? S'agissait-il bien d'une seule et même personne ou bien d'un de ces hasards dont la
"vie d'artiste" a le secret ? Pour le savoir, j'ai essayé de lui rendre visite.
J'ai de la peine à retrouver l'héroïne des films d'autrefois dans l'élégante personne qu'un écuyer me dit être Mme Macdonald. L'accent américain a presque totalement
disparu [NDA : !] et, surtout, sa voix est rauque et cassée.
Est-ce en perdant sa voix que le rossignol s'est fait dompteur ?
"- Mon grand-père, mon père étaient déjà dompteurs en Ecosse et je suis rentrée dans la cage à six ans avec mon père, et seule à quatorze ans. Maintenant, j'ai une école de dressage à Neuilly, la
seule existant en France.
Sur ce sujet, Mme Macdonald est intarissable. Il faut me résoudre à poser une question indiscrète :
- Avez-vous fait du cinéma ?
- Oui. Récemment, j'ai tourné dans deux films : "La paix dans la jungle" et "Jacques et Jacqueline".
- Des films documentaires ?
- Oui et non.
- Auparavant, quels ont été vos derniers films ?
Pas de réponse. Un lion, fort à propos, mène grand tapage et la dompteuse court s'assurer qu'il ne se passe rien d'extraordinaire.
Je n'en saurai pas davantage. Et dans le tohu-bohu des cirques ambulants, je confronte une fois de plus l'image de la partenaire de Maurice Chevalier et celle de la femme aux lions. Aucun doute,
les deux images se ressemblent , mais il y a pour ainsi dire un monde entre elles, celui qui sépare les créatures de rêve dont l'écran multiplie les grâces et les êtres posés comme nous à même la
réalité. Le mystère demeure. Faut-il vraiment s'en plaindre ?" (1)
Deux photos complètent l'article. L'une représente Jeannette avec des chimpanzés. La légende dit : L'amour pour les lions ne contrarie en rien les sentiments que nourrit Jeannette pour les autres protégés du cirque, les chimpanzés par exemple."
La seconde représente Jeannette, dans la cage aux fauves, devant une pyramide de lions. Elle donne le repas à une lionne qui porte une serviette autour de l'encolure. La legende dit : Dans la cage, Jeannette fait preuve d'un courage extraordinaire. Peu de femmes dans le monde peuvent se vanter d'exercer un métier aussi périlleux."
(1) Gilbert Chapallaz
"En l'état", peut-être rongée par des souris savantes ou un lionceau colocataire, l'une des deux pages d'un illustré, consacrées à Jean(n)ette Mac-Donald. Collection
Particulière JMD.