"Vous dansez ?" Collection JMD
"Je pensais que vous étiez autre chose qu'un tube digestif."
Donald.
A Aubervilliers, Jeannette, qui n'est pas une monomaniaque des fauves, accueille une veritable Arche de Noé. Tous les chiens "sans niche fixe" trouvent refuge et pitance. Haute et basse cour
cohabitent comme dans un pays sans histoire, où le bon Jean de La Fontaine puiserait grande inspiration. Tigres, éléphants, hyènes, ours, panthères, mais aussi poneys, chèvres, poules, canards,
"veaux, vaches, cochons et couvées" écrivent un merveilleux album coloré. Ou s'éclatent dans un dessin animé de Walt Disney.
"Le clown de la bande est un canard de Barbarie que Jeannette appelle Donald. Il préside aux repas de la gent canine. Une fois la soupe tiède servie, Donald se fraye un
chemin pour arriver au plat, fait la police et distribue coups de bec et coups d'ailes aux impatients. C'est le chef du protocole de ces agapes affamés.
Aucun des chiens ne lui manque de respect.
Souvent, un visiteur, croyant faire de l'esprit, demande à Jeannette Mac Donald, en voyant évoluer dans la cour les animaux comestibles :
- Oh, les beaux civets. Quand les mange-t-on ?
- Je pensais que vous étiez autre chose qu'un tube digestif, dit-elle, et son regard indique nettement qu'une retraite prudente est encore préférable au risque de se faire jeter dehors" écrit Jim Frey dans "Les Fauves et leurs secrets".
Il est vrai que Jeannette n'a jamais cassé trois pattes à un canard : elle n'en a cassé aucune.
"Et le canard était toujours vivant..." concluerait l'humoriste Robert Lamoureux.
En visite chez Jeannette, Pierre Lartigue se souvient : "J'étais reçu chez Jeannette avec beaucoup de cordialité, et chaque fois que j'entrais dans sa caravane, j'étais toujours surpris de ce
qu'il y avait autour. Il y avait des chiens, il y avait des chats, il y avait des poules, il y avait des canards, il y avait tout un tas d'animaux de basse-cour, et plus spécialement, une chose
qui était amusante et qui m'avait marqué, c'est qu'elle avait un petit cochon. Et, ce petit cochon, je lui avais fait remarquer qu'il allait grandir. On ne pouvait pas cohabiter avec cette gent
porcine parce que, en fait, elle allait grossir. Et elle m'avait dit :
- Mais non, monsieur Lartigue, ce petit cochon, il restera toujours petit. Regardez comme il est mignon ! C'est pour dire toute l'affection assez surprenante qu'elle portait aux animaux, et pas spécialement aux fauves, mais à tous les animaux qu'elle pouvait recueillir".
Tournées et engagements.
Le numéro de Mademoiselle Mac Donald des cirques de Paris se tient. Il peut être vendu "clefs en mains" aux établissements qui en font la
demande.
Jeannette est engagée pour la saison 1954 (début : 3 avril 1954 ; fin : 30 septembre
1954) par le cirque suédois Moëller. Les conditions particulières du contrat précisent : "Prolongation éventuelle du contrat pour octobre 1954.
Les appointements de 15 000 francs français par jour seront payés par quinzaine. (...) Les animaux seront nourris à raison de 50 kg de viande consommable pour animaux, une balle de paille et un
sac de sciure par jour à fournir par la direction et à ses frais. Voyages de deux personnes (1) aller-retour de Paris à ville de début des deux wagons de matériel de travail et
voitures-animaux aux frais de la direction. Les recettes de la ménagerie sont pour le compte de la direction du cirque Moëller. Les appointements fixés plus haut du travail sont fixés sans taxes
ni impôts. Les formalités de douane au compte de la direction, ainsi que les visas. Deux personnes à voyager. Madame Mac Donald a le droit d'ajouter les petits lions nés récemment sans
augmentation de prix et pouvant participer à la visite de la ménagerie.
Sont prévus 5 jours éventuels de perte et non payés au total pour toute la durée de la tournée pour imprévus."
Le contrat signé à Paris le 30 avril 1956 (pour deux jours, les 5 et 6 mai 1956)
entre madame Figuier et Jeannette Mac-Donald stipule :
"Il est entendu que madame Figuier fera prendre les animaux et le matériel à Aubervilliers pour l'amener au cirque et le ramènera à Aubervilliers une fois l'engagement terminé. Mme Macdonald
se conformera aux instructions de la direction pour les passages en piste."
Au répertoire, un "numéro de fauves : Neuf lionnes et un lion présentés par une dame".
Les appointements se montent à 25 000 francs par jour nets de taxe.
A cette même époque, le clown Achille Zavatta -"Le clown le mieux payé du monde- perçoit un cachet de 80 000 francs par jour au cirque Amar, et Luis Mariano, 300 000, pour chanter à cheval au cirque Pinder. (2)
(1) Jeannette est accompagnée du dompteur Fredo Manzano.
(2) Source : "Les Cirques des Frères Amar". Dominique Denis. Editions Arts des 2
Mondes.
Avec Uhlah et Jim Frey, on tire les rois.
Collection particulière JMD