12 juillet 2009 7 12 /07 /juillet /2009 18:26
Toute la poésie du cirque : dans les coulisses du cirque Amar, le baisemain du clown Achille Zavatta à la dompteuse Jeannette Mac-Donald. (Coll. part. JMD)

La dompteuse rêve d'élever des poissons rouges.

Amar sillonne la France. Avec succès. Le cirque plante sa toile à Châlons-sur-Marne, en juillet 1958. Le journal "L'Union Républicaine de la Marne" confie à un journaliste, René Vadrot, le soin de rencontrer Jeannette Mac-Donald. A la lecture du grand papier qu'il lui consacre, le vendredi 1er août 1958, cette mission semble l'agréer amplement. Il est dans les rédactions des chanceux qui allient le travail et le plaisir. Rien de fastidieux, donc, à reproduire l'article dans sa quasi intégralité, si l'on veut bien considérer encore que le temps, les rats ou tout autre forme d'animal, ont mis à mal les deux exemplaires conservés.
"L'union Républicaine de la Marne"
Vendredi 1er août 1958

"En marge de la venue du Cirque Amar.
Dresseuse de lions et tigres, Jeannette Mac Donald rêve d'élever... des poissons rouges.
Ce jeudi 31 juillet, Amar dresse son vaste chapiteau à Châlons-sur-Marne. Il n'en fallut pas plus pour attirer sur les lieux tous ceux qui, dans notre cité, aiment le cirque.
Tous ceux qui connaissent bien les "gens du voyage" et ont appris à apprécier leur solidarité et leur esprit de famille étaient là. J'étais évidemment parmi eux, joignant aux obligations professionnelles l'agrément de rerouver l'odeur de la sciure, odeur sèche, qui se mêle aux relents -j'allais écrire le parfum- des bêtes fauves.
Réveillés par le bruit des masses enfonçant les piquets destinés au montage du chapiteau, quelques lions mugirent. Il n'en fallait pas plus pour que je parte à la recherche des souvenirs, ces souvenirs qui, à la moindre occasion nous obsèdent. L'homme aime, parfois, à se pencher sur le passé -ce fut d'ailleurs, à peu près, le titre d'un roman qui, avant cette guerre, valut à Maurice Constantin Weyer le prix Goncourt-, et ce fut ce qui me poussa à rencontrer Jeannette Mac Donald, la dresseuse-vedette du cirque, à laquelle j'avais eu le plaisir d'être présenté voici près de sept ans.
C'était, je m'en souviens, un soir d'hiver, à la fête à Pigalle, sous le chapiteau de la ménagerie Lambert. J'accompagnais mon vieux camarade Teddy Michaud, le dresseur du cinéma, et nous conversions avec notre ami commun le dompteur Etienne Lambert.
"Viens, me dit ce dernier, je vais te présenter une fille bien : Jeannette Mac Donald. Elle connaît toutes les "ficelles" du métier et, d'ailleurs, tu la verras à l'oeuvre tout-à-l'heure.
(...)
Ce matin, à Châlons, j'ai retrouvé Jeannette Mac Donald ; très gentiment, malgré les fatigues du voyage, elle a bien voulu m'accueillir dans le salon de sa confortable caravane et m'accorder, en toute exclusivité, une interview pour les lecteurs de "L'Union Républicaine".
J'ai retrouvé tout de suite la jeune femme simple que le succès n'a pas grisée et après avoir, comme il se doit, évoqué les années communes, nous avons parlé de son métier.
(...)
"Les bêtes, me déclara, Jeannette Mac Donald, comment puis-je ne pas les aimer puisque j'ai été élevée avec elles.
(...)
Je ne conçois que le travail en douceur. Sans doute le numéro est-il moins spectaculaire pour le public non-initié, mais il est infiniment plus prisé des amateurs.
Ne croyez pas cependant que le travail soit moins dangereux qu'en "férocité". Au contraire, le dresseur qui opère en "douceur" est constamment en contact direct avec les fauves alors que dans le cas contraire, il les tient toujours à une certaine distance de lui."
(...)
Et, avec amour, la jeune femme me parla de ses lions et lionnes : "J'en ai une, dit-elle, que j'ai élevée au biberon. C'est une enfant gâtée, devenue, de ce fait, capricieuse et qui ne travaille pas.
Ne croyez pas cependant que je n'aime pas mes tigres. Ma tigresse Uhlah, par exemple, est adorable. Elle a eu souvent les honneurs de la photographie et elle est une des préférées de mon camarade le dompteur-écrivain Jim Frey. "
(...)
"Ici, reprit-elle, j'ai encore d'autres pensionnaires que je vais vous présenter : deux chimpanzés, Sophie et Caroline, cinq chiens, deux chèvres, deux poules et trois oiseaux."
Puis, comme je lui faisais remarquer qu'il lui manquait des poissons rouges, notre aimable interlocutrice me répondit :
"Hélas ! Avoir des poissons a été le rêve de toute ma vie, mais dans nos demeures ambulantes, il est pratiquement impossible d'avoir un aquarium. L'eau est trop remuée."
Achille Zavatta, Mme Zavatta, Jeannette Mac-Donald et l'acteur Michel Simon.
(Coll. Part. JMD)
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commentaires

A
L'émotion qui se dégage de ces pages est telle que je persiste à penser qu'elle n'est pas faite pour demeurer seulement sur un blog.<br /> Avec cette foison de documents que vous avez recueillis, il doit nécessairement y avoir une collection "Mémoire du Cirque" qui ne demanderait qu'à se saisir d'un tel trésor!
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