C'est une façade
C'est même une très belle façade. Il aurait été dommage de ne pas lui faire prendre
l'air. Elle a, semble-t-il, été confectionnée au temps où Jeannette possédait son "école de dressage", mais il me semble la retrouver aussi sur une photo, au devant du cirque Amar.
"Les fauves de Jeannette Mac Donald : tout le monde en parle !"
La fresque est peinte sur tôle, clouée sur des armatures de bois. Elle en jette... Elle
se compose d'un triptyque. Sur le panneau central, découpé en arche, un gorille ne sait dissuader personne d'entrer, depuis qu'on sait qu'il peut pleurer à chaudes larmes dans King Kong,
ou qu'il a des fréquentations particulières dans une chanson de Brassens. A gauche, un rhinocéros n'aurait pas déplu à Ionesco ; à droite, un scène terrifiante montre un marigot, un marais, un
fleuve, le Zambèze peut-être, ou le Gange, où des crocodiles dévorent des pygmées, ou des papous, pendant que leur pirogue chavire, qu'un hippopotame baille en montrant ses
dents, avec un sauvage y "alité", qu'un boa constrictor songe à son prochain rôle proposé pour "Le Livre de la Jungle". La scène se passe en Afrique, en Asie, en Amérique, en
Australie ou à Buzet, tant les branches dessinées se confondent avec les vraies.
La vérité est que je ne me souviens plus très bien. Et les photos que je possède de cette façade ne sont pas de bonne qualité. C'est souvent comme ça dans les histoires : c'est souvent exagéré,
dans un sens ou dans un autre.
"Les deux tiers" de la façade au zoo de Buzet. (Photo JF)
Photo inlégendable. Appel à témoins. (Coll. Part. JMD)
Du coq à l'âne.
Ce ne sont pas les crocodiles, ou bien encore les rhinocéros qui me font peur chez Jeannette. Vous allez rire, les animaux qui m'effraient le plus sont un dindon et un jars.
Jeannette a oublié de leur donner des prénoms : est-ce pour ça qu'ils se vengent ?
Le dindon glougloute et fait la grande roue avec ostentation et les plumes de sa queue ; le jars jargonne et tous deux n'ont de cesse de distribuer coups de bec et charger comme le ferait le
rhinocéros de la façade... Pauvres petits sous-chefs en mal de reconnaissance !
Ma préférence va peut-être à Lily. Lily est une truie au bon teint rose, qui gîte dans une ancienne cage de singe rebaptisée "soue". Elle grossit à vue d'oeil et pousse des grognements heureux.
Jeannette, fidèle à son crédo, assure qu'elle ne finira certainement pas sa vie en salaisons, qu'elle mourra de vieillesse... Devant l'insistance d'un maquignon, et l'assurance que Lily ne
sera pas sacrifiée, Jeannette se sépare du porcin. Lily n'a pas dû faire de vieux os...
Toujours dans le bestiaire inattendu et original, attirés sans doute par l'appât du grain, la gent trottte-menu s'est invitée au parc : les rats pullulent... chez Mac-Donald !
Au début du siècle, le XXe, le dresseur russe Vladimir Douroff préentait au cirque d'Hiver de Paris 150 rats embarqués dans un petit train avec leurs bagages !
Sont-ce les mêmes qui ont obtenu un visa pour le zoo de Jeannette ?
Cette dernière, cette fois, ne partage pas l'engouement et trouve les rongeurs indésirables. A la fois Calamity Jane et Buffalo Bill, Jeannette sort sa carabine et part à leur
chasse. Selon Smati, qui a quitté les lieux et convolé en justes noces, Jeannette avait son rat préféré. Il était aveugle.