8 août 2009 6 08 /08 /août /2009 18:46
  Avec Tarass (8 mois). Photo DR


Tarass Boulba

Dans le roman de Gogol, Tarass Boulba est un cosaque qui se bat contre les polonais, dans l'Ukraine du XVIIe siècle. Un bellliqueux, à qui il ne fallait pas friser la moustache...
Pourquoi Jeannette a-t-elle donné ce nom à un lionceau nouvellement né ? Est-ce en hommage à Yul Brynner, qui interprète le cosaque au cinéma , et, par analogie, a Schérif Amar, que d'aucuns, pour sa ressemblance avec l'acteur, ont surnommé "Le Yul Brynner du cirque" ?
Tarass a été élevé au biberon -une bouteille étoilée consignée, qui a contenu du vin coiffé d'une tétine-, a vécu longtemps avec Jeannette dans la caravane -le syndrome de Tanguy ?-,  a connu les honneurs d'une grande exposition de photos dans une galerie.
Tarass était mon meilleur ami. A huit mois, j'allai presque écrire que cet "homme" libre n'avait jamais connu la contrainte des barreaux, plus ou moins imaginaires, que la vie nous fixe. Toutes les incarcérations ne sont pas des geôles exiguës de béton et de fer.
Sous un chêne, l'été, nous faisions, Tarass et moi, une petite sieste. Sa bonne tête, son mufle frais, sa queue solide, son corps musclé, sa douce fourrure, les coussinets de ses pattes, sa façon qu'il avait de rétracter ses griffes sont douces à ma mémoire.
Je crois qu'il m'aimait bien aussi. Il grimpait sur mon ventre, et n'avait de cesse que d'attendre ma caresse ; alors, je lui flattais ses flancs puissants ; mes mains couraient sur le duvet blanc de cet amant, et cette étreinte, qu'on eût dit homosexuelle, ne me gênait en rien, tant la communion était belle. Nous touchions sans doute les racines du ciel.
Hélas, Tarass est devenu un fauve de taille respectable, animé de ses instincts. Il fallut se résigner à le placer derrière ces barreaux plus ou moins imaginaires que la vie nous impose.

Un jour, Jeannette a retrouvé Tarass, encore très jeune, mort. Paranoïa de Jeannette ? Triste réalité ? Elle affirme que des visiteurs lui ont lancé des boulettes de viande empoisonnée. Le docteur Agard, s'il se souvient de cet épisode, reste sur ses réserves, aucune analyse toxicologique n'ayant été faite.
Par contre, il formalise qu'un émeu, animal proche de l'autruche, a été intoxiqué par la cigarette d'un mariol, sans doute plus bête que bête.
Tarass, le lion, est mort. (Photo Gilles Favier)

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commentaires

J
Comme Julie a raison. C'était de la chance. Je mesure rétro-activement l'intensité de ce que j'ai vécu avec Jeannette. C'est un roman !!!<br /> Mon cher Philippe, l'homme est "infini et indéfini" ; Je t'invite à te rendre, ici-même, à la page du 26 décembre 2007. Je te cite, alors que tu "mettais au propre" mes "carnets" : "Si un détail te gêne, peut-être qu'il est supprimé des carnets", et je développe. Les carnets ne sont qu'un chantier où de nombreuses maisons peuvent être construites : Brel, la parentèle, le cirque, les cuissardes, les tocs, la carence affective, la radio... <br /> Sur Jeannette, trop de choses se bousculaient dans ma tête : "Comme un tableau fauve" se devait d'exister, "intrinséquement".<br /> Je vous serre tous les quatre très fort dans mes bras et je suis heureux d'être votre ami.
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P
Attention, c'est peut-être perso...<br /> Quand Julie a vu la photo, avec le lion, elle a dit "quelle chance" !<br /> Effectivement, ces passages sont absents de "carnets"... c'est pourtant un grand passage de ta vie ou alors si discrets. Je me souviens (bien que ma mémoire est défaillante) lors d'une discussion d'avoir dit que l'on orientait toujours ses écrits, sa vie, principalement lorsque l'on la raconte, pour ne raconter que ce que l'on souhaite. J'en lis ici une belle démonstration non ?
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