BB contre Jeannette Mac Donald
Un reportage télévisé au journal de TF1 et de FR3 le lundi 16 mars 1987.
Je n'oublie pas Jeannette. Loin des yeux, mais pas loin du coeur. Comment oublier Jeannette ?
Jeannette n'a toujours pas le téléphone, pas plus que l'eau courante et l'électricité : je lui envoie des cartes postales de crépières bérigourdines.
Est-ce le reportage d'Antenne 2 qui a hâté les choses : Jeannette perçoit une petite retraite, 2 500 francs par mois ? Il faut remettre cette somme dans son contexte. Nous sommes en
1987.
J'aurais préféré recevoir de meilleures nouvelles de Jeannette, et surtout sans que la télévision et une star du cinéma s'en mêlent. Mais bon, on a les destins qu'on peut...
"Elle croyait être enfin tranquille, dans son coin, à Buzet, avec les animaux qu'elle aime, écrit Pierre Chouchan, dans "La Dépêche du Midi" du 18 mars 1987. Et brutalement, les projecteurs de l'actualité se braquent sur Jeannette Mac Donald. Un grand nom du cirque. La gloire autrefois. A présent, une femme de 69 ans, pauvre, seule... et accusée, lundi soir dans un reportage télévisé au journal de TF1 et FR3 (...)"
L'accusation et l'accusatrice ne sont pas des moindres. "L'intervention de Brigitte Bardot donne le ton. "C'est une honte, assure B.B., cet endroit est un mouroir." Et surtout, l'actrice affirme que les chiens de Jeannette meurent de faim et qu'elle les donne en pâture aux lions !"
Du coup, les journalistes parisiens ont pris le premier avion pour se rendre compte d'une réalité toute différente.
L'histoire de Jeannette Mac Donald est longue, parsemée de temps forts, de coups durs aussi. (...)"
"La Dépêche du Midi" - 18 mars 1987
B.B. contre Jeannette Mac Donald.
Le 19 mars, toujours dans "La Dépêche du Midi", Pierre Chouchan écrit : "Les pensionnaires du parc zoologique de Buzet-sur-Tarn vivent-ils dans des conditions
inacceptables ? Il y a les associations de défense des animaux qui accusent Jeannette Mac Donald et tous ceux qui la soutiennent. D'autres s'interrogent.
La justice tranchera.
Une chose est certaine : Jeannette Mac Donald porte un amour sans limites -sans doute au delà du raisonnable- à ceux qu'elle considère comme ses propres enfants. (...) Mais sur les cinq hectares
loués par la commune, on pourrait imaginer mieux, question hygiène. Pas d'électricité, pas d'eau courante, pas de téléphone.
Dès lors, deux clans semblent se dessiner. Après des mois, voire des années d'enquête, deux associations -dont la fondation Brigitte Bardot- dressent un réquisitoire extrêmement sévère et portent
plainte pour mauvais traitement envers les animaux. Et il y a tous ceux qui savent bien qu'ici, ce n'est pas un hôtel quatre étoiles, mais que se pose un grave problème humain. Les amis du comité
de soutien à Jeannette, le vétérinaire, les services vétrinaires du département, le maire de la commune Jacques Dorsène ne croient pas qu'une décision brutale des autorités soit la solution, en
l'occurrence."
Une lettre de Brigitte Bardot.
Intérrogée par "La Dépêche du Midi", Brigitte Bardot écrit : "Jeannette Mac Donald est trop âgée et manque trop de moyens pour s'occuper seule de ses animaux. (...) Pire
que tout, celui qu'on appelle le zoo de Buzet n'est plus qu'un lieu d'épouvante où survivent, dans des états de dégradation répugnants, quelques pauvres bêtes qui furent sauvages, une dizaine de
chiens faméliques, galeux, malades et des centaines de rats qui grouillent, attaquent, se multiplient dans cet enfer.
Les carcasses rongées envahissent la cage, le vieux lion n'a plus la place, ni le courage de se tourner, parfois c'est un chien malade qui lui est jeté en pâture... Quel cauchemar ! Il y a aussi le vautour entravé par des piles d'immondices qui s'amoncellent dans ce qui fut une volière ! Et le léopard va et vient sans cesse, sur ce sol jonché d'os, de viande en putréfaction, de vermine.
Le tout, dans un univers d'horreur, de puanteur nauséabonde, de cris, de vacarmes incessants, d'appels, de plaintes, de décompositions. Les deux petits singes qui
complétaient ce tableau dantesque ont eu la elle idée de mourir de froid cet hiver ! Depuis un an, je dénonce ce camp de la mort qu'est Buzet. Depuis un an, j'en ai parlé aux ministres de
l'Environnement et de l'Agriculture. Dernière réponse envoyée par M. Carrignon, ministre de l'Environnement, en date du 2 mars : "Le zoo de Buzet n'est plus ouvert au public. Selon les
informations que m'a fait parvenir le commissaire de la République, les seuls animaux qui n'auraient pas été dispersés seraient des animaux domestiques, dont la dispersion s'effectue dans de
bonnes conditions et est en voie d'achèvement." (1)
Contre-attaque.
La justice est donc saisie. C'est le médiatique avocat Gilbert Collard qui assiste Jeannette. Il dépose une plainte contre Brigitte Bardot et TF1 assortie de ce commentaire : "Le
Tribunal des animaux, ça fatigue un peu. Mme Bardot n'est pas la papesse des bêtes. Elle ne peut pas continuellement rédiger des bulles de haut de sa chaire de Saint-Tropez. Mme Mac Donald, cette
grande dame du cirque, a une vie aussi étonnante et chargée de dévouement pour les animaux que la sienne..."
Par ailleurs, Gilbert Edelstein, qui préside aux destinées du cirque Pinder, est "si surpris qu'on attaque Jeannette Mac Donald, cette grande dame du cirque" qu'il lui remet un chèque de
5 000 francs.
(1) "La Dépêche du Midi" - 19 mars 1987.