L'abbé Pierre se souvient
de Jeannette Mac-Donald
Dans de bonnes conditions.
Il faut croire que les instances administratives n'ont pas abandonné l'idée que
" les seuls animaux qui n'auraient pas été dispersés seraient des animaux domestiques, dont la dispersion s'effectue dans de bonnes conditions et est en voie
d'achèvement."
"La Dépêche du Midi", dans son
édition du 22 janvier 1996, écrit : "La fin du zoo de Jeannette ? Depuis 23 ans qu'elle a choisi de demeurer, dans des conditions de confort précaires,
dans un coin de la forêt de Buzet, les bessièrains et tant d'autres habitants des communes avoisinantes, connaissent bien la frêle stature et le visage parcouru de rides de Jeannette Mac
Donald.
Il est bien loin le temps où ce que l'on a pris coutume d'appeler le zoo de Buzet n'héberge plus d'animaux sauvages, mais Jeannette est toujours là, s'abritant dans une caravane, sans eau
courante ni électricité, dévouant sa vie au bien-être des animaux (des chiens essentiellement) qu'elle recueille, soit parce qu'on les lui apporte directement, soit parce qu'ils errent,
abandonnés, aux abords de la forêt.
Il y a quelques jours encore, l'ancien zoo donnait asile à cinquante et un chiens "correctement nourris, précise Mme Mac Donald, grâce à l'aide que m'apporte quotidiennement tout un réseau
d'amis."
Aujourd'hui, la maîtresse des lieux contemple tristement les neuf dixièmes des niches vides : on lui a pris "ses enfants".
En effet, sur décision de la direction départementale des services vétérinaires, des employés des services vétérinaires sont venus saisir quarante-trois animaux." (...) Maintenant, lorsque son
regard se pose sur une niche vide, c'est un coup d'aiguille dans le coeur de Jeannette Mac Donald. "C'est vrai que j'avais beaucoup trop de chiens, mais la faute à qui ?" Les choses auraient pu
se passer différemment, dans le dialogue et la concertation, c'est triste d'en arriver là...
Un cadeau de l'abbé Pierre pour Jeannette Mac-Donald.
C'est le titre que choisit "La Dépêche du Midi" du 4 avril 1996, pour évoquer en quelque sorte un "retour d'ascenseur"... Et d'écrire :
"Le sourire est revenu pour Jeannette Mac-Donald. Sourire perdu depuis que ses chiens, amis et famille peuplant sa solitude, lui ont été pris.
Quel bonheur ce fut pour elle de recevoir ce cadeau de l'abbé Pierre : une
couverture, patchwork de carrés de laine, cousus par les compagnons d'Emmaüs, retraités à Esteville, auprès de l'abbé Pierre. Mais aussi un livre dédicacé de sa main "Le Testament", avec
une photo, dédicacée elle aussi.
L'abbé Pierre, Jeannnette Mac Donald l'a connu pendant le terrible hiver 1954. Elle avait pris ses quartiers d'hiver à Aubervilliers, avec sa ménagerie, ses cages, ses animaux, ses caravanes.
L'abbé Pierre, passant par là, lui demande s'il y en a à vendre. Il en a besoin pour ses "sans logis" qui souffrent tant cer hiver-là.
Jeannette Mac Donald ne vend pas. Mais offre deux caravanes pour ceux que l'on nommerait aujourd'hui SDF !"