18 août 2009 2 18 /08 /août /2009 19:39

Place au cirque !

Le cirque Pinder, qui reste, en France, l'un des rares établissements itinérants à perpétuer la tradition, fait étape à Toulouse, du 4 au 14 mars 1999.
Le siècle qui se termine a vu apparaître l'émergence du "nouveau cirque", que les puristes conspuent. Ils n'imaginent pas un cirque sans la mystérieuse magie qui les a touchés : la route, la place, les camions rutilants, le chapiteau de "la ville d'un jour", les pinces piquées dans le goudron pour maintenir la toile, les cordages, les affiches, les filles longues comme des lianes, sans un soupçon de graisse, toute en sensualité, et les bêtes, bien sûr... Les chevaux, avec qui tout a commencé... les éléphants, avec qui tout s'est poursuivi, les singes et les fauves...
Aujourd'hui, un orang-outan, espèce menacée, qui agite un mouchoir  attise moins l'intérêt qu'un monstre cloné, génétiquement modifié, sous le glacis d'un écran d'ordinateur.
Une législation draconienne interdit aux cirques de transporter des animaux qui ne participent pas au spectacle. Dans certains pays, les numéros d'animaux sont purement et simplement proscrits. A intervalles réguliers, une publication, un parlementaire, un quidam autoproclamé "Président de l'association pour le libre piratage vidéo de "La Planète des Singes" se demande si un animal se demande ce qu'il en pense, s'il pense, s'il réfléchit, s'il pleure, s'il rit...
Et les débats deviennent des combats d'hommes déguisés en coqs...
Ma pauvre Jeanneton, tu as bien fait "de te ranger des voitures"...

Donc, le cirque Pinder est installé à Toulouse. Il a été racheté à Jean Richard, qui connaissait des difficultés de trésorerie, en 1984, par Gilbert Edelstein. L'homme, monolithique, fort de ses états de services militaires, préside aux destinées du "Géant Européen" avec une main de fer. Il ne fait aucune concession, lui qui possédait celle de la confiserie et du bar chez JR !  Il prétend que le cirque est "d'abord une entreprise de transport, ensuite une entreprise de "levage", et ensuite seulement une entreprise de spectacle." Ses prises de position lui vaudront quelques inimitiés. On lui reproche, contrairement à Jean Richard, de considérer les artistes comme du bétail.

Or, il se trouve qu'il porte une grande admiration à Jeannette Mac-Donald. Déjà, en 1987, alors qu'elle se trouvait en détresse, on se souvient qu'il l'avait secourue financièrement.
Gilbert Edelstein travaille en famille. Son épouse le seconde dans la gestion, sa fille Sophie se couche en piste sous le ventre des éléphants (et songe à créer un numéro de grandes illusions) ; son fils, Frédéric, passionné par les fauves, est un dompteur déjà remarqué.

J'enlève Jeannette aux griffes de son mouroir grenadin. J'emmène au cirque où elle est attendue, une enfant de la balle qui va avoir 81 ans dans deux mois.
L'accueil chez Pinder est royal. Il ne manque que le tapis rouge. Jeannette a préparé un cadeau pour le jeune Frédéric : une photo de la grande époque "Amar", où on la voit aux côtés de Zavatta et de Michel Simon.
Frédéric, qui présente alors un numéro de 11 tigres, est rayonnant, empli d'une émotion, d'une admiration bien visible. Un grand sourire s'allume sur le visage de Jeannette, pas insensible d'être aux côtés de ce beau jeune homme vigoureux.
Jeannette, qui ne dompte plus que des animaux synthétiques et quelques douleurs articulaires est heureuse du cadeau reçu en retour : une photo dédicacée du plus jeune dompteur de France à la plus ancienne. C'est une photo de liberté. On y voit Frédéric et un magnifique tigre du Bengale courir pieds et pattes dans pattes et pieds, ensemble, de front, sur une plage, dans l'écume d'un bord de mer...
La plus ancienne et le plus jeune dompteur de France : Jeannette Mac-Donald et Frédéric Edelstein, au cirque Pinder, à Toulouse, en mars 1999. (Photo JF)

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commentaires

A
Quelle émotion dans cette photo de ces frères de vie qui se rencontrent à l'aube du troisième millénaire...
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