5 octobre 2009 1 05 /10 /octobre /2009 19:49

Clearstream,
le catalogue de "La Redoute",
le loup et l'agneau


Il faut sans doute être le dernier pâtre du Causse Méjean, vivant en anacorèthe, pour n'avoir pas entendu éternuer le mot "Clearstream". Les diseurs se divisent en deux camps : ceux qui prononcent "clair strim", comme dans "la mer et ses golfles clairs" de Charles Trenet, que j'ai très bien connu, et ceux qui ont pioché "clir strim" et l'ont gardé. Une rapide consultation sur la toile a tôt fait de traduire le vocable : "Clearstream" veut dire "courant limpide" en anglais.

Il suffisait de dire ensuite, pour faire court et simple, que c'était le nom choisi par une banque, oui, une banque. Si ce n'était que tout le sel de l'histoire en construction vient de cet oxymore : cette onde limpide est une ténébreuse affaire, une eau de vaisselle, une opaque "tracta-transaction". Jusqu'à preuve du contraire. Une marque qui paraît d'emblée engageante et qui entraîne dans un bourbier.
Tout le contraire du catalogue de "La Redoute". Il fallait oser, avec un nom comme ça, s'imposer dans la vente par correspondance. L'auguste maison de Roubaix, sise rue de la Redoute, n'a causé d'autres scandales que des retards de livraison pour ruptures de stock ou envois d'articles sensiblement différents, que l'on pouvait renvoyer si l'on n'était pas satisfait.
Les jolis prénoms seraient-ils inversement proportionnels aux conséquences et dégâts qu'ils occasionnent ?
Mais revenons à Clearstream.
Il se trouve que j'entretiens depuis longtemps un agréable commerce avec le sieur Jean de La Fontaine, qui me conte des fables où il fait parler des bêtes ! Nous ne parlons pas, comme le fait cet enflammé rageur d'Emile Zola, ou encore ce vieux Victor, de politique, car nous n'y comprenons goutte. Mais nous tombons souvent d'accord sur des aphorismes du genre : "Le pouvoir rend fou. Le pouvoir absolu rend absolument fou". Nous prédisons que, hormis et passé le temps de quelques charismatiques, la politique, ses convictions, ses animateurs, partira à vau-l'eau (troublée) et deviendra grotesque. Ce sera une guerre clanesque sans merci dans un contexte épouvantable... Même les curés n'y pourront plus rien...

Jean me tendit un papier. Il venait d'écrire ceci :

"Un agneau se désaltérait dans le courant d'une onde pure. Un loup survient à jeun qui cherchait aventure et que la faim en ces lieux attirait. "Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?" dit cet animal plein de rage. "Tu seras châtié de ta témérité."

"Sire, répond l'agneau, que Votre Majesté ne se mette pas en colère, mais plutôt qu'elle considère que je me vas désaltérant dans le courant plus de vingt pas au- dessous d'elle, et que, par conséquent, en aucune façon, je ne puis troubler sa boisson".

" - Tu la troubles !" reprit cette bête cruelle. "Et je sais que, de moi, tu médis l'an passé."

" - Comment l'aurais-je fait si je n'étais pas né ?" reprit l'agneau. "Je tète encore ma mère".

" - Si ce n'est toi, c'est donc ton frère."

" - Je n'en ai point."

" - C'est donc quelqu'un des tiens. Car, vous ne m'épargnez guère, vous, vos bergers et vos chiens. On me l'a dit : il faut que je me venge."

Là-dessus, au fond des forêts, le loup l'emporte, et puis le mange, sans autre forme de procès."

 

J. D.L-F
et JF

Partager cet article
Repost0

commentaires

J
<br /> Au grand pas... pas laid !<br /> <br /> <br />
Répondre
J
<br /> merci à toi chère AURORA<br /> mais ce n'est pas moi<br /> une femme qui passait<br /> au grand palais !!!!!<br /> <br /> <br />
Répondre
A
<br /> Cher Joël, passez donc faire un saut chez Jeanne...<br /> Vous y aurez une belle surprise en photo!<br /> <br /> <br />
Répondre
J
<br /> Merci du fond du coeur à vous deux, mes fières belles et libres...<br /> <br /> <br />
Répondre
J
<br /> re<br /> bon anniversaire<br /> ces sales bestioles de poly-tiques<br /> s'attaquent à tout<br /> si au moins elles ne se bouffaient qu'entre ailes...<br /> <br /> <br />
Répondre

Présentation

BIENVENUE

ESPACE LITTERAIRE ET EROTIQUE
Soyez les bienvenus sur cet "égoblog",
petit jardin virtuel.

N'oubliez pas, quand même, d'aller vous aérer.

"Vivre,
c'est passer d'un espace à un autre
en essayant le plus possible
de ne pas se cogner."

Georges PEREC



 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Recherche

Liens