Jeannette Mac Donald,
poste restante
Photo Gilles Favier
"Aujourd'hui est un fauve
Demain verra son bond."
René Char
2010 a incontestablement été marquée, ramenée à la dimension de ce journal extime, par la publication de Comme un tableau fauve, la biographie d'une femme échappée des cadres. On lira, ou on a lu sur ce même écran son parcours.
Jeannette Mac Donald, un nom qui claque contre vents et marées comme une enseigne universelle.
Je savais en publiant ce livre, que j'allais faire un mouvement, mais j'ignorais qu'il prendrait une telle ampleur.
Je touchais à deux thèmes majeurs : la cause animale et la place des femmes (ou inversement pour ne heurter personne).
Bien mieux que les nombreux témoignages reçus, captés, collectés et unanimes : "Jeannette Mac Donald était vraiment quelqu'un de bien".
Bien mieux que la photo retrouvée sur le Dieu "Net" (Jeannette Mac Donald reçoit la médaille d'Encouragement au Bien) : elle ne m'en avait jamais parlé. Est-ce assez éloquent ?
Bien mieux que ce livre paru en Allemagne (1) dans lequel j'ai découvert des documents inédits sur notre "icône".
Bien mieux que le cercle italien des amis du cirque qui a traduit et relayé (2) notre hommage à la dame.
Bien mieux que la télévision (Pierre Nicolas à France 3) qui a dégoté à l'INA et diffusé des images saisissantes (jamais revues depuis 30 ans !)
Bien mieux que la municipalité de Buzet-sur-Tarn qui a vu sous un autre visage son enfant sauvage.
Bien mieux que tout, il y a cette lettre, reproduite ci-dessous, sans appel, édifiante :
J'ai toujours dit qu'on pouvait trouver des trésors sur Internet pour peu qu'on veuille bien se donner la peine de chercher. Et voilà, moi qui ne gagne jamais au loto, ce coup-ci j'ai décroché le gros lot. Ou la queue de Mickey si vous préférez. Restons dans le cirque.
Ne pas avoir la moindre petite histoire, pas le plus petit ragot sur notre Jeannette pendant près de quarante ans - mais c'est ma faute aussi, à toujours marcher le nez en l'air sans rien voir autour de moi - et tomber sur votre blog où vous la racontez en long en large et en tendresse, je vais re-croire au Père Noël si tant est que j'ai cessé un jour. Et en plus vous écrivez tellement bien que j'ai lu l'histoire d'un trait. Je ne me suis arrêtée que pour distribuer les croquettes aux chats, sinon ça aurait mal fini.
Tout ça pour vous dire que je suis très heureuse de savoir comment ça s'est passé pour elle, de savoir qu'elle a eu des amis qui l'ont aidée, et que sa fin a été douce. De savoir aussi pour les animaux, parce que c'est fou le cinéma qu'on peut se faire quand on ne sait pas et qu'on essaie de deviner. Cinéma noir, tant qu'à faire.
Mais quand même je suis aussi très triste devant ce destin tragique. Merveilleux et tragique. Comme le cirque...
Au fait, je bavarde, je bavarde, mais je vous écris surtout pour vous commander deux exemplaires de "Comme un tableau fauve", un pour moi, un pour l'autre Françoise qu'on appelle Franny là-bas chez les coupeurs de tête... Je prêterai le mien à mon copain Guy qui n'a pas eu la chance de rencontrer Jeannette mais qui aurait adoré gratouiller le menton d'Angelina. Encore un autre fou des animaux en tous genres. Pire que moi...
Vous avez mon adresse, le chèque... je n'ai rien oublié ? Ah si ! Quand on fait des recherches sur Wikipédia, le Dico du Web, on tombe à tous les coups sur la Jeanette Mac Donald du cinéma et jamais sur la nôtre. Ne croyez vous pas qu'il serait grand temps de remédier à ce scandale en créant une page pour "notre" Jeannette ? Il y a suffisamment de références dans votre livre pour faire quelque chose de superbe. Vous me direz ce que vous en pensez.
Sur ce je vous laisse faire le colis. Et je vous prie d'agréer l'expression de ma sincère reconnaissance (on n'est pas fonctionnaire pour rien).
Françoise.
(1) Raubtiere und ihre Dompteure unter der Circuskuppel (Hans-Jürgen und Rosemarie Tiede), Haag + Herchen
(2) Joël Fauré racconta l'increddibile destino di Jeannette Mac Donald
"Elle avait une incroyable capacité d'accueil autant pour les humains que pour les animaux."
Françoise a donc retrouvé la "piste" de Jeannette grâce à cet outil que vous avez présentement sous les yeux, qu'il suffit de savoir utiliser à bon escient. C'est dit en passant.
Mais laissons Françoise poursuivre la narration de ses émouvantes "retrouvailles" avec Jeannette :
En effet, j'ai du rêver il y a 38 ou 39 ans, quand la petite étudiante en lettres que j'étais
a cru partager le repas de Jeannette Mac Donald dans sa caravane, quelque part du côté de Bordeaux. Il y avait des chiens
plein le divan, une petite lionne qui jouait avec la martingale de mon manteau. J'ai toujours cru qu'elle s'appelait Princesse, mais je ne l'ai pas trouvée dans la liste. Elle était juste un peu plus jeune qu'Angelina. Je l'ai connue effectivement le temps d'un rêve, avec ma copine Franny...et malgré le temps,
l'ignorance de son sort, je ne l'ai jamais oubliée. Aujourd'hui, je ne sais pas pourquoi, j'ai tapé son nom dans
le moteur de recherche de Google, et je vous ai trouvé. Merci. Infiniment. Je sais maintenant pourquoi instinctivement j'ai aimé cette grande dame, pourquoi j'ai créé une association de protection des chats sans maître, pourquoi ma copine Franny fait la même chose là
bas en Malaisie... J'aimerais savoir si le livre est sorti. Je souhaite l'acheter. Je reviendrai, pour relire certains
passages et je mets votre blog dans mes favoris.
Merci encore.
Remerciant Françoise à mon tour, très ému de ce témoignage inattendu, je lui ai demandé si elle avait bien rencontré Jeannette Mac Donald après l'incendie de son cirque et son rapatriement en France, à Bordeaux, à la fin des années 60.
Oui, c'est ça, ça devait être en 1969 ou 1970. Avec ma copine Françoise, qui vit maintenant en Malaisie avec une trentaine de chats et un mari indien, nous sommes allées 3 ou 4 fois voir Jeannette Mac Donald. C'est peu. Peut-être qu'elle est partie, ou c'est nous, je ne me souviens plus. C'est peu, mais ça nous a marquées pour la vie. Je viens d'envoyer un message à Franny. Elle non plus n'a pas oublié.
[...]
J'aurais aimé revoir Jeannette. C'est curieux que je n'ai jamais vu aucun article de presse. Je me souviens de sa voix rauque. On était bien chez elle. Elle avait une incroyable capacité
d'accueil, autant pour les humains que pour les animaux.
Je vous remercie encore pour ce magnifique hommage et j'attends de vos nouvelles.
Amicalement,
Françoise
PS : vous avez eu beaucoup de chance de partager toutes ces années avec elle. Et elle a eu beaucoup de chance de vous avoir.
Françoise est une authentique amie des bêtes, et sutout "non intégriste". Je vous invite à vous rendre sur son blog www.apcl40.net
Les chats de Jeannette à Buzet - "Gigi-Anémone-Grisette et Déesse". (Photo Gilles Favier)