17 mai 2010 1 17 /05 /mai /2010 16:47

"Alors sans avoir rien

Que la force d'aimer

Nous aurons dans nos mains,

Amis, le monde entier"

 

Jacques Brel, "Quand on a que l'amour"

 

Cher Jacques,

 

Dès qu'il ne jouit pas, l'homme s'ennuie. N'est-ce pas, Jacques ? Il a l'impérieux besoin d'avoir à proximité des biens matériels. Il ressent l'irrésistible attraction de s'entourer. Enlevez-lui la grossière panoplie dont il s'affuble ; dépouillez-le de la force de ses habitudes, il devient un être nu et misérable. Et foncièrement seul...

Vous l'avez bien compris...

Or, l'homme l'oublie trop souvent, qui s'acharne à amasser toutes sortes de trophées dont il tire profit, que ce soit de façon naturelle ou illicite, puisque l'homme est armé d'une intelligence qu'il met parfois au service du mal.

Vous l'avez bien compris...

Compétences, ressources, talents, énergies ont jeté les bases d'une impitoyable compétition où entrent en course des critères sélectifs majeurs : l'argent, la beauté, l'intelligence.

Vous l'avez bien compris...

Et l'homme, ainsi doté de valeurs (acquises ou innées) poursuit son destin fatal sans trop se soucier (ou alors seulement "dans la marge de ses appétits" pour reprendre une de vos expressions) de son contemporain qui en est dépourvu : c'est l'inéquitable partage des données face aux besoins des récipients et des capacités.

Vous l'avez bien compris...

Et pourtant, derrière le le plus sophistiqué des claviers comme devant le plus précaire des outils, se meut une créature par essence vulnérable, dont le règne est éphémère et qui glisse chaque jour un peu plus vers l'usure et la destruction.

Vous l'avez bien compris...

Le cheminement humain est engagé depuis une création certaine. Où conduit-il ?

Vous avez chanté les ratages, les chocs, les échecs, les amours déçues, les espoirs désabusés, les rêves volés (Le Far West), les chairs meurtries, la pourriture qui sclérosent l'esprit et la matière, mais aussi tous les pouvoirs, toutes les bassesses, toutes les aspérités du "non-plat pays", et la suprême justice : la mort.

Vous l'avez bien compris...

 

Votre oeuvre sous-cutanée est pessimistement belle.

Nous l'avons bien compris...

 

Le Fataliste.

 

                                                            FIN 

 

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commentaires

L
<br /> Bonjour Joël,<br /> <br /> Je me retrouve à déposer quelques mots chez vous après Aurora qui évoque ce chef-d'oeuvre de Diderot, une de mes plus belles lectures, et Jeanne qui nous nargue depuis les Marquises.<br /> Et moi je suis toujours rien et presque nulle part !<br /> <br /> Quelle belle idée cette correspondance entre Jacques Brel et ses personnages... Merci.<br /> Vous terminez sur ce "pessimistement belle" et il n'y a plus rien à rajouter.<br /> <br /> Amitiés,<br /> Amandier<br /> <br /> <br />
Répondre
J
<br /> j'aimais brel<br /> depuis hiva oa<br /> il est entré dans ma famille de coeur<br /> bises toi<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Jacques le fataliste...et son Maître (et son double!)...<br /> <br /> <br />
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