Audrey Tautou. Photo DR.
UNE
MOISSON DE POUPEE
"Une femme fait ou défait une maison". Facile, pour le mauvais échotier, d'amorcer, avec ce proverbe, ce qu'il va dire.
"Qui a deux femmes perd son âme. Qui a deux maisons perd la raison." Facile aussi, de reprendre l’exergue des "Nuits de pleine lune", du déjà regretté Eric Rhomer..
Moins facile de parler de mon vieil ami norvégien Henrik Ibsen, dont je n’ai jamais su si c’était par paresse ou par snobisme qu’on l’appelait Ibsen. Sa "maison de poupée" en a fait un fameux architecte, et il est heureux de savoir que son théâtre n’a pas une seule fissure, et que le toit ne prend pas l’eau.
Dans cette maison, Nora, une poupée, comme Agnès dans "L’Ecole des femmes" de Molière, fait des bêtises quand son mari n’est pas là ... Je vous résume, pour faire court. Enfin, ce ne sont pas tout à fait des bêtises, puisque des "Nora" et des "Agnès", il en reste encore -et au XXIème siècle- et ces soumises-là aux ukazes de leurs "gentils" maris, élevées comme dindes en batterie, pensent bien faire par pure naïveté.
A lire la presse, on apprend, avec des variantes, que deux, trois, quatre ou cinq "maisons de poupées"(1) seront montées cette saison par le Théâtre Français. Un lotissement !
Celle dont j’ai vu les fondations et la principale habitante était dans "Le Journal du Dimanche" d’hier. La mise en scène est signé Michel Fau et Nora interprétée par Audrey Tautou, dont la destinée est fabuleusement attachée à une Amélie Poulain comme on en voudrait à la place des médiateurs et des conciliateurs de justice.
Audrey Tautou est une bonne comédienne. Sera-t-elle une bonne actrice ? Il faudra entrer dans sa maison et dans sa pièce qui se joue au Théâtre de la Madeleine, à Paris.
A-t-elle le trac ? Elle préfère ne pas trop y penser, dit-elle au "JDD". Et Jean-Pierre Jeunet, interrogé, la blinde d’une jolie formule "Audrey ? C’est un tank dans une théière de porcelaine." Le pendant du "ruban autour d’une bombe" d’André Breton qualifiant Frida Khalo.
"Cadet Rousselle a trois maisons...." Facile, de terminer ainsi.
JF
(1) Mon ami Israël Horowitz ("Le premier", "Le baiser de la veuve") a coutume de dire : "Partout où l’une de mes pièces est jouée,
j’ai une maison".
A lire :
"Une maison de poupée" (Henrik Ibsen). En poche, chez "Lgf" ou "Flammarion", à prix modique.
Théâtre Ibsen de Vienne
Lithographie de Frank Wedekind (1898)