8 décembre 2009 2 08 /12 /décembre /2009 16:51

Quand les poids
étaient publics
"La Dépêche du Midi". Edition Nord-Est. 14 février 1995

N'était la route qui s'étrangle un peu, ici, entre deux grosses arêtes de murs, la traversée de Buzet ne soulèverait aucun problème ni grain de poussière. A l'opposé, le ruban goudronné s'échappe, plus droit sorti surpiqué d'une mercerie nouvelle, vers le département du Tarn. Là, les usagers attentifs ne manquent pas d'y remarquer, couronnant l'esplanade, un édifice de belle facture, au cachet imprimé dans l'histoire. Il faut dire que, dès 1881, il était "de bonne tonne", à Buzet comme en chaque bourg, de s'équiper d'un poids public. On s'enquerrait déjà de quantifier les produits et dérivés agricoles, destinés au négoce. La bâtisse, plus longue que large, moins décrépite malgré son âge que bien d'affreux gratte-ciels, mérite bien quelques notes circonstanciées.

Le cahier des "charges"

La première pierre de taille de Puycelsi fut donc posée voici un jeune siècle. Puis, on utilisa du bois de chêne et de peuplier pour les croisillons des colombages, ainsi que des moulures ouvragées de la corniche. L'ouvrage, ceint en son pignon d'une frise de rois lions, ne demanda plus qu'à être chapeauté d'un toit.
Et il le fut, surmonté d'un épi bouleté, toujours visible aujourd'hui. Le pavillon pont à bascule était hissé. Et c'est alors seulement que les usines de la Mulatière, près de Lyon, installèrent le mécanisme de pesage, fidèle aux prescriptions de 1794, année du changement de poids et de l'étalonnage.
Sur la bascule plate-forme, se succédèrent des formes qui ne l'étaient pas : du maïs mûri au soleil de juillet au blé gonflé par quelque orage, des "gros gras grains d'orge" austères aux stères de bois...
Tout bien pesé, il fallut aussi s'informer du bulletin de santé de la gent animale, avant de l'envoyer chez le boucher. Le constructeur flanqua la bâtisse d'un "enclos par nécessité" comme une enveloppe du Ministère de la Justice pour la pesée des cochons. De nos jours, d'autres cochons y ont uriné, par peur ou par bêtise, et ont rouillé les barreaux subsistants.
En quels lieux et sous quels pouces dorment les cahiers des charges et les livres secrètes d'antan ? Poids des choses, des vivants et des ans. Le pavillon pont à bascule de Buzet : y seront annexés, par ordre d'inscription dans l'espace, une cabine téléphonique, un abribus et un urinoir. C'est dire si l'endroit est stratégique.
On ne pèse plus comme avant. Avec les maladies à la mode, il n'y a plus que les amoureux qui maigrissent sur les poids publics, poids publics, poids publics...

JF


Le pavillon pont à bascule de Buzet-sur-Tarn, après rénovation. Photo Pietro Ferralis.

J'ai été très malheureux de ne pas avoir "sous la main" une photo pour illustrer mon "papier".
J'ai été très heureux quand j'ai vu, peu de temps après la parution dudit papier, les maçons rénover l'édifice, pour en faire un véritable petit bijou...
L'alternance...

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commentaires

J
<br /> à demain vous deux<br /> besos<br /> <br /> <br />
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J
<br /> Un commentaire de vous, ici, chère Aurora, en vaut 25. Merci.<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Le choc des photos, certes, mais chez vous -comme toujours - surtout le poids...des mots!<br /> <br /> <br />
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