Les mains de Claude Lévi-Strauss. Décembre 2004. Photo (Détail) Stéphan Gladieu.
Cent ans de tropitude
Je ne vais pas y aller de mon clairon, que j'emboucherai trop mal, pour le concert donné en hommage à Claude Lévi-Strauss. Il n'était pour
moi, hier, à la même heure, je l'avoue en toute humilité, qu'un nom, grand assurément, mais dont j'aurais eu du mal à dire quel homme il identifiait. Je connaissais un peu mieux celui qui s'était
assis sur le même fauteuil, le 29e, à l'Académie Française : Henry de Montherlant.
Sa longue vie et ce qu'il en fit me sont donc parvenus en troupeau serré aujourd'hui, par transmission livresque.
"L" plus que "S" dans mon parcours scolaire, je retiens de ce jeune centenaire -car le temps qu'il fait aujourd'hui, désordonné et pathogène, va paradoxalement en accorder beaucoup plus (du
temps), aux génies comme aux médiocres- qu'il a trouvé une "grille de lecture" de quelque chose d'assez important : l'homme.
Les mots que je lis sur Lévi-Strauss sont couillus : géant, monument, référence, maître à penser, le plus grand anthropologue...
Anthropologue, je m'amuse à l'être quelquefois quand j'observe les gens. Et parce que j'ai compris le sens du mot.
Mais je bute sur "structuralisme", et j'ai beau faire appel à quelqu'un dont le nom plaît au fétichiste, Ferdinand de Saussure, un maître en la matière, le "monstre" va rejoindre les
mots "paradigme", "artefact", "spécieux", cent fois consultés dans le dictionnaire, cent fois impénétrables. Pour ce qui est de "tropisme", ça y est ! C'est rentré ! "C'est un truc qui
pousse à faire quelque chose". La réaction émue après la mort de Claude Lévi-Strauss par exemple, en est un.
Où d'autre que dans ce "Journal Extime" aurai-je pu dire ces lacunes ?
"Quand je me regarde, je me désole. Quand je me compare, je me console." Avouer son inculture, ses incertitudes, est-ce peut-être là un acte de bravoure ?
JF