Macha Béranger, au
départ, se destinait à la comédie. On a pu la voir dans plusieurs courts ou longs métrages où elle jouait les seconds couteaux.
Chacune de ses apparitions à la télévision ne laissait personne indifférent, tant se dégageait d'elle un magnétisme mystérieux.
La suite et la fin de l'entretien du 7 octobre 1999.
Courage ! Vous êtes un aigle !
"- A 37 ans, maintenant, il faut que vous viviez votre vie, il ne faut pas que vous soyez toujours en dépendance.
- Je suis actuellement phagocyté et sans autonomie véritable. Ce sont des pensées qui viennent assiéger un petit peu le système de valeurs et qui viennent polluer le quotidien. Ca va du linge
sale à laver -c'est très symbolique mais le linge sale à laver, c'était la tâche dévolue à la mère...
- Non, mais alors là, il faut en sortir, attention, là....
- J'extrapole un peu. Je savais que j'allais vous faire bondir.
- (Rires.) Parce que, vous savez, maintenant, les épouses... Vous avez du linge sale, vous le lavez, hein ? On se débrouille... Chacun se débrouille dans le ménage. On
n'est pas perdu parce que maman n'est plus là pour laver le linge quand même. Il faut apprendre le quotidien. Vous ne le connaissez pas en fait, puisque vous avez été
toujours très chouchouté, très très gâté...
- (Rires étouffés.)
- Hein, c'est ça ? (Rires.) Moi, vous savez, j'ai gâté mes fils, c'est vrai, mais je leur ai toujours appris ce qu'il fallait faire dans une maison parce que c'est toujours utile un jour ou l'autre. Alors, votre maman ne vous a pas appris. Elle a tout fait pour vous.
- A table, c'est elle qui voulait absolument servir les plats. Mon père ne bougeait pas non plus. C'est une vieille méthode de la campagne. Et il ne fallait surtout pas bouger avant la fin du repas. Ensuite, je pouvais quand même prendre les verres et les assiettes et faire la vaisselle, mais c'était elle qui régentait absolument tout.
- Non, Joël, maintenant, vous allez régenter votre vie vous-même. C'est vous le chef, hein ? Alors vous allez apprendre à faire les choses pratiques du quotidien ; ça c'est pas trop difficile et vous allez apprendre à vous débrouiller vous-même. Vous en êtes tout à fait capable, il faut quelques jours.
- Que Dieu vous entende.
- Oh ! Je ne sais pas s'il m'écoute toujours, mais il entend l'émission tous les soirs !(Rires.) Alors, qu'est-ce qui vous fait le plus peur ? De quoi avez-vous besoin, maintenant ? Qu'est-ce qu'on peut faire pour vous ?
- Je me sens terriblement seul, démuni, sans repère et dans un isolement extrême. Donc j'aimerais peut-être rencontrer des gens qui sont dans mon cas ou éventuellement peut-être des femmes qui accepteraient de recueillir l'oiseau, euh...
- Pour laver votre linge ? (Rires.)
-
Presque. Non, l'oiseau qui est presque au bout de la branche, qui veut s'envoler, qui serait prêt à fonder peut-être un foyer... Enfin, je ne sais pas, c'est une bouteille que je lance à la
mer...
- Oui, mais il ne faut pas que vous ayez le sentiment que vous avez besoin d'être recueilli, attention... Il faut que vous ayez l'envie de construire, ce n'est pas tout à fait pareil. Ne cherchez pas la suite de votre maman. Maintenant, chacun a ses responsabilités et les partages sont assez équitables en général, c'est ça, dans les couples actuels. Donc, vous êtes capable de le faire aussi. Tout à fait. Mais ne cherchez pas une autre maman, sinon vous ne sortirez jamais du système, et vous vous en voudrez un jour. A moins que ce système soit très confortable pour vous ?
- Il est confortable, mais il n'est pas, à longue échéance...
- ...Il n'est pas épanouissant.
- Il n'est pas épanouissant.
- Bien sûr que non. Voilà, Joël. Vous m'appelez de quelle région ?
- Je vous appelle de Toulouse. Jolie ville. Mais enfin, quand on s'y ennuie...
- On s'ennuie partout, c'est vrai, oui. Ce n'est pas une question de ville, bien sûr. Quand on est seul, on s'ennuie, on n'est pas bien.
- On peut s'ennuyer à Paris, à Rome, à Singapour...
- On peut s'ennuyer dans le plus bel endroit du monde si on a le coeur vide. J'ai été contente de bavarder avec vous, et puis, donnez-moi de vos nouvelles très vite, d'accord ? Et puis, courage ! Vous êtes un aigle ! (Rires.)
FIN