Manuscrit prise de notes de rêve.
Rêve de la nuit du 11 au 12 févier 2000 :
Je suce le gros orteil de X.
Rêve de la nuit du 14 au 15 février 2000 :
Descendu en mobylette plan incliné presque à la verticale. Se retrouver dans cabinet de docteur inconnu avec ma
mère. Pratiques du médecin très contestables. (3 médecins hommes + 2 personnes notant tout.) Sans parler, examiné yeux. Psoriasis.
Tension pénible au réveil.
Rêve de la nuit du 20 au 21 février 2000 :
Une maison. "La" maison. Vue sous un angle différent. Des pièces que l'on ne
connaît pas, où l'on a l'impression de n'avoir jamais mis les pieds.
Presser dans un petit trou du sol. Découvert cavité et objet... (tuyaux, etc...)
4 L. Voiture qui s'échappe dans une descente.
Rêve de la nuit du 11 au 12 avril 2000 :
L'otage Brice Fleutiaux est libéré ! (1)
Rêve de la nuit du 24 au 25 avril 2000 :
Annonce passée dans "Swing" qui demande identité mairie. Annonce pleine de fautes.
Un homme (marié) a une liaison sur son lieu de travail avec une très jolie fille ("mi-prostituée")
Rêve de la nuit du 5 au 6 mai 2000 :
X me donne ses carnets intimes. Sur agenda numéros de téléphones. Elle applique mon pied sur sa joue.
- Altercation avec avocat.
Rêve de la nuit du 14 au 15 juin 2000:
***
Castration ? Un énorme sexe (le mien ?), gros comme un gros saucisson, sectionné net. Pas de bourse.
Image forte. Pièce de boucherie. Vision parfaite.
Rêve de la nuit du 12 au 13 septembre 2000 :
X nouvelle coiffure. "Ah !" de surprise.
Rêve de la nuit du 30 au 31 décembre 2000 :
X se blottit contre moi appentis X, en pleurant : "Je veux que tu m'aimes."
(A suivre.)
(1) Brice Fleutiaux, otage en Tchétchénie, a été libéré le 12 juin 2000. J'avais eu l'occasion de le côtoyer dans le cadre de mon travail et nous avons souvent conversé.
Les dernières paroles qu'il m'a dites avant son départ prennent rétroactivement une dimension tragique : "Je me casse. J'ai besoin de liberté."
Il a mis fin à ses jours le
24 avril 2001.
A lire, sa biographie "Otage en Tchétchénie", aux éditions Robert Laffont.
Rêve de la nuit du 3 au 4 avril 1998 :
X et sa femme, larmoyants. (Deux petits biberons.)
Embrassé. X à côté.
Mère. "X t'en veut, te fais "porter le chapeau". Se calme. (Parodiant.)
Rêve de la nuit du 8 au 9 avril 1998 :
***
Compromis photos. Gendarmes chez X. TOCS. Témoin répréhensible. "Aux poules". Télé 7 jours coupure. Peu parlé avec témoins. X ? Oublié coupure. Déposition
Gendarmes. Dur. Reçu courrier ce jour-là : photos SM + cigarettes (3 paquets.)
Frère X retrouve sorte de portique, (dans l'eau ?)
Tension pénible au réveil.
Rêve de la nuit du 14 au 15 octobre 1998 :
Tout haut et réveil :
(A mère ?) : "C'est une
expression. Ta gueule !"
Grand-mère.
Mort du marionnettiste. Spectacle de rue. Un marionnettiste (tête ronde). Dans le public, micro-spectacle. Des gens donnent des pièces. Le marionnettiste s'en va, grimpe sur un mur, le toit et
se jette d'en haut. Vision de la chute. Mort. Plus tard, vue du cadavre. Yeux fermés.
Rêve de la nuit du 28 au 29 novembre 1998 :
Scène d'Apocalypse. Terre en feu. Ciel noir. (Asphyxie ?) Fin du Monde. Messages aux Terriens. Frère X au
volant d'un camion de pompier. Eteindre le feu dans une ville. Calciné. Puis explication de ce rêve à la clinique C. (Grand hall inexistant dans la vraie clinique. Cafétéria.
Télé 7 jours à ne pas citer. X sur fauteuil roulant.)
Explication d'un TOC à X.
Copain d'enfance.
Rêve de la nuit du 29 au 30 novembre 1998 :
Retiré comédon. Très long. Mis dans chambre mère. Comédon s'agite comme un ver. Piétiné.
Rêve de la nuit du 10 au 11 décembre 1998 :
- Père décédé. Je n'assiste pas aux obsèques.
- Bottes.
- J'apprends que je suis séropositif. Centre de dépistage. "Il a de la fièvre et... [illisible]"
Rêve de la nuit du 27 au 28 février 1999 :
Un lieu, loin de "la maison". Groupe. Garçons. Filles. Sexe. Bottes. Fellation.
Mère venue me voir (Belle image) Amené photos (dont X salle des fêtes et rue Mairie X.) Repartie en Mobylette. Coin de rue. Rappelée...
Rêve de la nuit du 7 au 8 mars 1999 :
Suivre sans savoir où l'on va. Cirque X. X ? Kalachnikov ? Dans rues ?
Rêve de la nuit du 17 au 18 mars 1999 :
X veut me sucer. Préservatif. Chez lui. Correct et propre. Un panneau devant sa porte : "Actuellement, 2
men." Dans sa cuisine, pâtisseries sur frigo.
Rêve de la nuit du 12 au 13 avril 1999 :
Surpris amie de X chez moi. Coca et Héroïne. Carte sous table.
X dans boutique miteuse.
Rêve de la nuit du 18 au 19 novembre 1999:
- Resté 2 jours sans aller travailler et sans prévenir. (Fatigue intense.) Impression très pénible.
- Pharmacie X.
Discussion et don de stylos promotionnels X "Le Toc, une maladie à découvrir."
Rêve de la nuit du 21 au 22 novembre 1999 :
Tué serpent sous le lit. Je l'ai mangé, malgré qu'on (ma mère ?) m'ait dit : "Une
vipère, ça va... mais une couleuvre, il vaut mieux ne pas manger".
(A suivre.)
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Et pour être un peu plus léger :
"Georges Brassens a construit une chanson
"La chasse aux papillons"
Avec seize rimes de "age"
Et seize rimes de "on"
Elle est de bonnes dimensions
Elle fait bon ménage
En long, en large et en travers
Avec tous ceux qui aiment les vers."
Joël Fauré
(Poèmes simplistes.)
PS : Figurez-vous qu'hier, en recopiant "de mémoire" ma poésie simpliste, j'ai "oublié" ces pieds :
"Une ablette
Qui boit de l'anisette en cachette."
Dont acte.
Rêve de la nuit du 31 décembre 1995 au 1er janvier 1996 :
Plus d'escalier au garage. Pompe enlevée. Traces
roues et pneus champ. Mon frère X : "Je vais appeler les forces." (De l'ordre ?)
Après une absence dans une école, je ne retrouve pas mon banc. (Exclusion ?) Un autre a mis la veste sur le dossier.
Dans un gymnase, X. Un groupe chantonne. X se met à chanter, à faire un boeuf. Personne ne l'écoute. X s'approche de lui. Un autre groupe, en le voyant, part en riant, en courant.
Rêve de la nuit du 27 au 28 janvier 1996 :
X, X' et enfants dans l'espace clos d'une voiture. Reproches.
Rêve de la nuit du 30 au 31 janvier 1996 :
- Punaises par lots (?)
- Peur des soldats.
- Relation à la mère. Dépendance.
Rêve non-daté (antérieur à 1994) :
Je fouette un personnage gras et fessu, un peu comme une créature de Botero. Je le recouvre de
sperme. Plus tard, un voisin (X) vient enquêter chez moi et met à jour mon action. Le type que j'ai fouetté est mort.
Rêve non-daté (antérieur à 1994) :
Je suis le seul à ne pas être invité à un repas de famille. La traditionnelle photo
se fait sans moi.
Rêve non-daté (antérieur à 1994) :
J'ai cassé le frein à main de ma voiture. Je fais réparer. La facture est impressionnante : plus de 15 000 francs.
Rêve non-daté (antérieur à 1994) :
Dans une clinique, 4 personnes dans un lit. 1 personne sur 4 est séropositive. A la manière d'une
stoque-fiches.
Rêve non-daté (vers 1996) :
Je fais des analyses et des examens : les résultats ne sont pas bons.
Rêve de la nuit du 5 au 6 avril 1997 :
Homosexualité. Fellation et éjaculation faciale. Un homme effectue goulûment une fellation.
Rêve de la nuit du 20 au 21 avril 1997 :
Zoo X. Cage descellée sur roulettes. Trottoir. X (Municipalité) a creusé un trou et découvert un ancien blockhaus
Rêve de la nuit du 21 au 22 mai 1997 :
Eglise de X rénovée. Trous. Pierres branlantes. Tableaux de la Passion conservés. Statues articulées sans
tête. Mouvement de fouet.
Ce sera tout pour aujourd'hui !
( A suivre.)
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Et pour être un peu plus léger :
Un lapin
Qui boit du vin.
Une dorade
Qui boit de l'orangeade.
Un ouistiti
Qui boit du whisky
Comme c'est pas permis !
Un mulet
Qui boit du lait de mulet.
Mais ça n'a pas de lait, un mulet !
L'infâme !
Il boit le lait de sa femme !
Et un homme, dis papa,
Qu'est-ce que ça boit ?
Un homme, ça boit tout ça
Et quand ça en boit des litres
C'est plein comme une huître !
Joël Fauré
(Poèmes simplistes.)
Où il est question d'Alexandre Soljenitsyne là où
vraiment on le l'attendait pas...
Peppone et Don Camillo.
C'était il y a juste 5 ans, en 2003. Je me décidai enfin à porter à la connaissance de mon oncle abbé mes fameux "carnets" dont a lu ici même la quintessence...
Je ne risquai plus grand chose... Seul le passage très tourmenté de mes obsessions dans une église (se sentir "obligé" de faire une fellation au Christ et me faire sodomiser par lui !) m'avait un
peu posé scrupule, mais une conversation à voix nue avec le frère de ma mère avait "déblayé" l'écueil.
En retour, je reçus ceci :
Saint-Rome, le 14 avril 2003
Mon cher Joël,
J'ai tout lu d'un trait. Commencé samedi, fini lundi à midi.
Il y a du travail et ça n'a pas été écrit en quelques jours.
L'impression qui s'est imposée à moi a été de retrouver le souvenir de quelque poëme appris il y a 64 ans en seconde à Saint-Pierre :
Alfred de Vigny, très tourmenté, avait écrit dans Moïse :
"Je suis grand, Seigneur, mes pieds sont sur les nations
Ma main fait et défait les générations
Vous m'avez fait puissant et solitaire
Laissez-moi m'endormir du sommeil de la terre."
(C'est Moïse qui parle.)
Et dans "La mort du loup" :
"Sachant bien qu'à deux pas ne dormant qu'à demi
Repose dans ses murs l'homme son ennemi
Il s'est jugé perdu puisqu'il était surpris
Sa retraite coupée et tous ses chemins pris."
"Gémir, pleurer, prier est également lâche
Fais énergiquement ta longue et lourde tâche
Dans la voie où le sort a voulu t'appeler
Puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler."
Ce que je pense de ces "carnets" : ils ne sont pas sans intérêt. Qui pourra s'y intéresser ? Quelqu'un qui souffrirait des mêmes tocs ou tics ou quelqu'un qui se sentirait interrogé par
ces phénomènes. Il faut qu'il soit un peu lettré tellement il y a d'allusions ou de citations de la mythologie universelle et de la littérature lue au hasard des rencontres avec des auteurs si
différents que ça en est une surprise. A vrai dire, cette surcharge, ce souci de citer tous les détails ne me paraît pas la meilleure façon de retenir le lecteur qui aime que quelques mots,
quelques phrases lui suggèrent tout ce que lui-même peut recréer sur le sujet, tant il est vrai qu'on s'écoute toujours soi-même et que les autres sont presque toujours l'occasion de se
retrouver soi-même.
Il m'est apparu que la pièce que tu m'avais envoyée était d'une écriture presque parfaite parce que très dépouillée, très directe, et je serais content qu'elle soit jouée.
Dans ce genre d'écriture, c'est Soljenitsyne qui reste mon Maître préféré. Dans un petit livre comme "Une journée d'Ivan Denissovitch", tout est dit d'un ton neutre sans emphase
ni dérision sur la vie en camp de concentration, et au travers de l'écriture si plate, si dépouillée, on devine l'auteur riche d'une incroyable expérience et d'une foi en Dieu qu'il ne nomme
jamais. J'ai lu aussi "Le Premier Cercle", "Le Pavillon des Cancéreux", "L'archipel du goulag", toujours avec la même passion et "Août 14" : l'homme
dans la guerre.
Pour l'intérêt suscité par la lecture des "Carnets", j'ai été surtout intéressé à partir de la page 75. Il y a sans doute quelques phrases qui veulent s'imposer comme "me
l'eût-on fait comprendre autrement, je l'eusse mieux accepté". A mon avis c'est répété trop souvent pour trop de motifs. Mais dans l'ensemble les réflexions sont judicieuses et et
les questions multipliées...
A vouloir toujours s'interroger sur tout, on se réduit à l'inaction, car le questionnement sur l'homme et sur tout son environnement est indéfini et infini.
Voilà quelques détails donnés à plume volante et sans prétention.
Je crois qu'il te faut continuer à écrire, c'est ta planche de salut.
Peut-être les pièces de théâtre sont plus à ta portée qu'un essai littéraire qui demande d'être percutant pour être entendu, et aujourd'hui où tout le monde écrit, c'est difficile de se faire
publier, et encore plus de se faire remarquer et devenir connu.
Bien à toi. Courage.
R.T.
FAISONS UN REVE... I HAVE A DREAM
De mes nuits agitées, passées à me battre avec des dragons et des soldats, ou à visiter d'étranges nécropoles, j'ai capturé au réveil quelques fragments et détails.
Quel meilleur support que ce "journal extime" pouvait accueillir cette matière ?
Rêve de la nuit du 29 au 30 septembre 1995 :
Je range ma bicyclette contre un mur. Le dérailleur se coince dans un
trou de ce mur et y reste... La chaîne pendouille. Comment réparer ? J'en suis incapable. Comment faire pour rentrer ?
Rêve de la nuit du 13 au 14 octobre 1995 :
Je suis devenu papa d'une petite fille brune, jolie.
Eléments du rêve : Dans une clinique, près d'une porte. La maman est H. que je n'ai pas vue depuis longtemps. Je lui dis : "Elle a de qui tenir". Désir de paternité ?
Rêve de la nuit du 18 au 19 octobre 1995 :
Une femme entre dans mon appartement et je suis mort de peur parce que je sais qu'il va se passer un drame. Cette femme porte un
objet à la main (Un livre ?). Elle m'embrasse sur la bouche et me transmet un poison violent contenu dans la bouche.
Rêve de la nuit du 30 au 31 octobre 1995 :
Je prête mon corps à un comédien (pour un spectacle). On voit mon psoriasis. Ma mère intervient : elle ne veut pas qu'on me voit
dans cet état.
Eléments du décor : Vignes à Buzet, un vieux panneau publicitaire écaillé.
Quelqu'un me fait remarquer mon psoriasis. On me dit : "Beurk... ça ressemble à une bouche d'égout." Le psoriasis a "germé" (longs germes de blé ?), noirs au bout (comédon ?).
Rêve de la nuit du 7 au 8 octobre 1995 :
*** (Classé trois étoiles)
Des examens ont été effectués. Ils ne sont pas bons. Je dois être hospitalisé. Je suis terrorisé.
(Terreur persistante au réveil.)
Eléments du décor : Ecrit sur glace : "Vendu, t'as bu"
On place d'autres patients dans diverses chambres. Dans les combles : un homme et une femme.
Rêve de la nuit du 8 au 9 novembre 1995 :
Un oncle est mort.
Devant cathédrale de L., choc avec vélo. Petit train touristique St-L.
Rêve de la nuit du 14 au 15 novembre 1995 :
Dans une tente (un barnum), un voyant noir. Du monde. Ses costumes. Fétichisme. Mal à l'aise. Mal être.
Rêve de la nuit du 1er au 2 décembre 1995 :
Dans un bureau. Des collègues (dont E.) A la cantine. Serrés. "Qu'est-ce que tu as sur la tempe ?" (Evocation du psoriasis
?) Je retrouve mes collègues dehors, en groupe.
Eléments du décor : une usine de tôle ondulée avec esnseigne. Mal être.
Rêve de la nuit du 2 au 3 décembre 1995 :
Je fais un travail que je ne comprends pas. Impression pénible.
Rêve de la nuit du 5 au 6 décembre 1995 :
Parents. Retourné chez eux. Vu père fête de R.
Eléments du décor : Un bois, un restaurant avec plat à emporter.
Chez notaire ou avocat. Emporté chaussette (?!) Emprunté.
Rêve de la nuit du 14 au 15 décembre 1995 (avant repas collègues) :
Mon dernier frère va se marier. Fête, noces. Très mal à l'aise. Mutisme. (Toilettes, empêtré.)
Rêve de la nuit du 15 au 16 décembre 1995 :
Clinique Castelviel. H. Arrêt de bus. Car.
Eléments du décor : Nationale 88. (Îlot zébra arrêt-car).
H. Bottes. Chambre.
Rêve de la nuit du 20 au 21 décembre 1995 :
Mon frère X. a changé de maison. Des documents lui appartenant (tenus cachés ou qu'il refusait de voir.) :
- cul
- secte
- couteaux.
Puis à Casino (épicerie) X et X et mes parents faisant leurs courses ensemble.
Rêve de la nuit du 30 au 31 décembre 1995 :
***
Restitution tension pénible travail. Vie familiale (parents). Très mal. Oublié de me raser (Terrible.) Cachet anxiolytique.
Eléments du décor : Hameau des "Luquets". Nouvelle formule "Dépêche" "Tout en couleurs" Travail sur une rochelle.
(A suivre.)
Dans une boîte, des rubans, des bobines et des bandes...
C'est tout ce qui me reste de la période "radio"...
J'ai retrouvé, entre autres, ce qui suit.
Et repensé à "La dernière bande" de mon grand ami Samuel Beckett :
"Krapp : Ah ! (...) Boîte... trrois... bobine... cinq. (Il lève la tête et regarde fixement devant lui. Avec délectation.) Bobine ! (Pause) Bobiiine !"
La dernière bande. (Samuel
Beckett) Editions de Minuit.
JEAN-PIERRE CHABROL :
"MON CAPITAL INTELLECTUEL, C'EST MES RENCONTRES"
Joël Fauré : Jean-Pierre Chabrol, je n'ai pas préparé de première question. Alors, est-ce que vous pouvez à la limite vous la poser et y répondre vous-même ?
Jean-Pierre Chabrol : Houlala... Oui, mais moi, quand je me pose des questions, c'est grave. Je vais me coucher après.
JF : Bon. Vous m'en voudrez beaucoup si je vous dis que vous êtes éperdûment amoureux du verbe ?
JPC : Ah oui... Non... Je crois que la langue, c'est ma vie. Je crois qu'on peut dire beaucoup de choses, vous savez. Depuis séduire les filles jusqu'à séduire son banquier en
passant par décontenancer un politicien, tout ça, c'est des exploits pour lesquels il faut très bien connaître la langue française, la langue en général. La langue, c'est le charme. Vous savez
que les Dieux gaulois étaient représentés avec une énorme langue d'où partaient des chaînes, avec des hommes qui étaient au bout enchaînés, qui étaient heureux d'être enchaînés ; on disait que
les Dieux avaient la langue qui vous emprisonnait dans du bonheur.
JF : C'est joli. C'est peut-être de là qu'est venue l'expression "avoir la langue bien pendue" ?
JPC : Peut-être bien, oui...
JF : Jean-Pierre Chabrol, que venez-vous faire ici [à Ramonville] ? Jouer ?
JPC : Je joue, oui. Je fais ce qu'on appelle un "one man show" C'est-à-dire que je suis pendant deux heures sur scène et que je joue un certain nombre de personnages,
d'histoires...
JF : Je me souviens de Jean-Pierre Chabrol qui "radiotait", et je me souviens que toutes vos chroniques, croustillantes, se terminaient par un leitmotiv : "A la prochaine et
que Dieu vous ménage"...
JPC : Oui, ça se dit chez moi. Ou alors si on est plus grossier, on dit : "Que Dieu te bénisse et te fasse le nez comme j'ai la cuisse et le menton comme j'ai le
croupion." Mais ça, c'est moins délicat.
JF : Alors, vous êtes colporteur d'idées, colporteur de rêves...
JPC : Plutôt colporteur de rêves que d'idées. Et surtout colporteur d'images et de personnages. Moi, j'aime camper les gens qui m'ont plu, qui m'ont surpris... C'est ça, mon
folklore à moi. Mon capital intellectuel, c'est mes rencontres.
JF : Vous traînez... Je crois que traîner n'est peut-être pas le mot... Il y a, sous-jacent derrière vous vos origines, parce que vous en êtes fier, tout simplement. Vous
annoncez la couleur. C'est un peu votre carte de visite. Elle vous suit partout...
JPC : Oui. C'est un peu injustifié quand même parce que, vous savez, les racines, on ne les choisit pas. On naît à un endroit mais on n'a rien fait pour. Donc, il n'y a pas
d'orgueil à... Je trouve que les gens qui sont fiers d'être de quelque part, c'est un peu bêta. Simplement, ce qui est moins bêta, c'est de se mettre à aimer son pays et les gens qui l'habitent,
voyez... Mais moi je recrée mon pays partout où je vais, c'est-à-dire quand je vais quelque part, il y a des gens qui viennent me voir, qui deviennent mes amis. Je me mets à aimer des paysages.
Moi, j'aime autant la pluie que le soleil, et j'aime autant le vent que la sécheresse. J'essaye de profiter de ce qui est là et de ce qui m'entoure.
JF : Tous les jours, il y a, je suppose, un émerveillement. Il y a quelque chose qui vous fait frémir. Il y a quelque chose qui vous fait grelotter... Il y a quelque chose qui
vous interpelle... Là, depuis ce matin, depuis que vous avez mis le pied à terre, est-ce que quelque chose vous a interpellé, est-ce que vous avez eu un petit "flash" comme on dit aujourd'hui,
dans la journée, là, pour quelqu'un ou quelque chose, pour un objet, pour un sentiment... Vous avez eu ça, aujourd'hui ?
JPC : Oui, c'est vrai. Là, je viens de rencontrer un écologiste, tout à fait par hasard. Je l'ai croisé, il m'a reconnu, on a parlé, et il m'a dit que demain à Toulouse, ou alors
cette nuit, ils vont construire une centrale, une énorme maquette de centrale atomique. Ils vont faire une manifestation et la détruire après. Je trouve que ça, ça m'étonne. Je trouve que c'est
des idées formidables, parce que c'est des gens qui voient juste quand même, vous comprenez ? Qui voient qu'on est en train de scier la branche sur laquelle on est assis, d'abîmer cette planète.
Et cette planète, c'est quand même notre pied-à-terre en attendant d'aller au ciel, si le ciel existe. Alors, voilà, aujourd'hui, c'est ce qui m'a étonné. Et puis ce qui m'étonne, c'est de voir
aussi (soupir) la façon dont on s'habitue à tout. Je me souviens, il y a des années, quelqu'un qui me disait : "Tu sais qu'il y a des pays où pour franchir un pont, on te
fait payer ?" J'ai dit : "Oh, tu déconnes, c'est le Moyen-Âge, ça. Au Moyen-Âge, on payait pour traverser des ponts, mais maintenant, tu vois pas qu'on te fasse payer pour marcher sur
une route... pour rouler sur une route ? Pourquoi pas te faire payer pour mettre ta voiture le long d'un trottoir ? Pourquoi pas aussi te demander cent francs... un franc pour aller pisser ? Un
jour, ils mettront de l'eau en bouteille et ils te la vendront, ces cons. C'est pas possible, ça marchera jamais." Vous voyez ce que je veux dire ?
JF : Jean-Pierre Chabrol, tout-à-l'heure, je vous ai demandé de vous poser la première question parce que... Vous aimez les interviews ? Pas tellement, si ? Oui ? Oui et non, ça
dépend ?
JPC : Ca dépend. Moi, j'aime bien... Si. Vous savez qu'il y a énormément de choses que je raconte qui sont nées après des interviews. C'est-à-dire que les journalistes me posent
une question qui tout d'un coup me fait penser à un truc auquel j'aurai jamais pensé tout seul. Alors ça me rend service. Et après énormément d'interviews, j'ai demandé le texte ou la cassette,
et j'ai piqué des trucs qui me sont venus comme ça, dans une radio ou chez un journaliste qui m'interviewait. Et j'ai dit : "Mais il a raison, il me pose une question..." Finalement,
j'aime bien qu'on me pose des questions parce que je ne m'en pose pas assez moi-même.
JF : Et peut-être aussi parce que vous êtes un instinctif ?
JPC : Voilà, c'est sûr...
JF : C'est fort possible...
JPC : C'est sûr, je suis un instinctif. Dès que je calcule, je me goure, moi. Il vaut mieux que je fonce, tête baissée.
JF : Jean-Pierre Chabrol, tout-à-l'heure, je vous ai demandé de vous poser la première question ; là on arrive à la conclusion, parce que je vais vous laisser travailler, je sais
que vous êtes en train de répéter, alors vous allez vous poser la dernière question et vous allez aussi vous y répondre.
JPC : Me poser la dernière question ?
JF : Oui.
JPC : Ah la la... Je sais pas... Ma question, ce serait : "Est-ce que tu continueras à avoir de la veine comme ça ?" Et j'en doute, vous savez pourquoi ?
L'autre jour, je suis passé au théâtre municipal d'une ville qui s'appelle La Mure. La Mure, ça se trouve sur la route du Tour de France, vous savez, dans les cols alpins ; une route
merveilleuse, et puis on arrive dans une ville qui est une ville minière. Et comme ça, avant que j'entre sur scène, dans la coulisse, derrière les pendrillons, les rideaux, un journaliste est
venu m'interviewer. Et je ne sais plus quelle question il m'a posée ; j'ai répondu je ne sais plus quoi. Toujours est-il qu'il m'a dit : "Vous avez de la veine." J'ai dit : "Oui, et
je touche du bois." Et sans regarder derrière moi, j'ai lancé ma main pour toucher du bois. J'ai effectivement touché du bois, et quand je me suis retourné, vous savez ce que c'était ? La
guillotine ! Et oui. Il y avait eu la semaine précédente un spectacle de commémoration de la Révolution Française, et ils avaient construit une guillotine. Alors voilà, la question que je me
pose, c'est : "Est-ce un bon ou un mauvais présage ?"
Entretien réalisé en 1989 et diffusé sur Europe 2 Toulouse.
"Le mystère de la chambre orange."
Il faut que je vous décrive la chambre orange. Celle qui me fut allouée à la mort de mon arrière grand-mère. Il faut que je vous la
décrive à la date de fin août 2003, date à laquelle il m'a fallu de nouveau la rendre.
La chambre orange : elle tient cette teinte dominante du papier peint, au motif de trop grosses fleurs multipliées, occultant un feuillage soumis. Multipliées à l'envi jusqu'à l'arrêt des arêtes,
les corolles en colère ont livré force batailles. Les lés étaient beaux neufs. Aujourd'hui défraîchis, ils s'avachissent dans les plinthes et les embrasures. Elle la tient encore de la pâle
lumière diffusée par un globe orangé, comme un agrume amer. Les fleurs ont fané, le papier tombe en lambeaux lamentables que l'humidité moisit. Au dessus de la fenêtre, je punaise les lés
récalcitrants qui sont devenus incollables sur le malheur d'exister.
Vint fin août 2003. Après une canicule historique. Il demeure dans cette pièce S.A.L.E (Studio-Atelier-Laboratoire-Entrepôt) un fourbi inexploitable sans tri et rangement préalable. Ma mère y a
entreposé de nombreuses hardes, avec défense absolue d'y toucher sous peine de pendaison haut et court. Ces chiffons voisinnent avec mon patrimoine de papier en vrac, les disques, les livres, les
photos, les boîtes-archives ; le si petit bureau d'écolier que je tiens des années 70 et une batterie de bibliothèques dépareillées. Rescapée de l'arène du temps, une armoire bancale est là ; le
lit-cage n'y est plus, le lit en bois de mon arrière grand-mère est au garage, en pièces détachées. Et des cartons, des cartons, bourrés de lettres, de flyers, de tickets, de cassettes-audio,
sagement alignés. La pièce est glaciale l'hiver, bouillante l'été. C'est tout de même mon royaume où les trésors, les sceptres et les couronnes sont ensevelis sous le négligent amas des
communs.
Fin août 2003. "La Reine mère" du "Roi se meurt" voit ses jambes se dérober. Ma mère a plus en plus de mal à marcher et de plus en plus de mal à le supporter. Elle retombe dans
son fauteuil, résignée. Elle fait plusieurs chutes. Et puis un jour, ses jambes refusent de la porter. Le diagnostic tombe : maladie de Parkinson. Le pharmacien livre un fauteuil roulant.
La chambre orange doit être rapidement dégagée pour laisser place à un impressionnant arsenal : nous est livré un lit médicalisé équipé de vérins, de ridelles et d'une potence, ainsi qu'un
soulève-malade, ressemblant à une grue de chantier.
Quel cirque ! Où sont les trapézistes ?
La chambre orange n'en finit pas de livrer ses mystères ; là, la chambre orange devient une chambre de torture. Mes choses, mes vieux et jeunes papiers, mes caisses s'exilent au garage, où ils
sont empilés à la hâte, dans l'urgence, comme on sauve des objets lors d'une inondation ou d'un incendie.
La chambre orange devient la chambre d'hôpital où un escadron d'aides-soignantes se relaie matin et soir. Ma mère a perdu toute son autonomie. Elle réclame une assistance permanente pour le
lever, le coucher, l'habillage, la toilette et les repas. Ses mains qui ont lavé, brossé, tricoté, cuisiné, planté, ne saisissent plus rien ou si mal. Nous lui donnons à manger. Vivement les
yaourts ! Ca descend bien !
Je deviens le papa de ma maman. Elle devient incontinente. Lorsque, pour la première fois, je suis allé au supermarché lui acheter des couches, ça m'a fait très drôle.
De là d'où je viens, de "l'origine du monde", jamais je n'aurais pensé tirer une philosophie. Vous ne pouvez pas savoir comment ça relativise un certain nombre de choses de voir le sexe
de sa mère, sans pudeur, mais avec tendresse... "Je vous ai fait un cadeau" dit ma mère à "l'infirmère". Mais je sais qu'au fond, elle est humiliée d'être ainsi torchée
comme un bébé. "Ca porte bonheur, je vais toucher de l'argent" répond "l'infirmère".
Ma mère rentre de plain-pied dans la chanson de Brel : "Du lit à la fenêtre, puis du lit au fauteuil, et puis du lit au lit." Sauf que la chambre orange pisseux ne sent ni "le propre
ni la lavande".
Le vrai mystère de la chambre orange au papier peint qui part en lambeaux, aux lés qui tiennent avec des punaises, c'est d'avoir été et de continuer à être
multi-fonctions. Mon arrière garnd-mère y est morte en douceur ; ma mère y geint, immobile, paralysée, en sueurs ; et entre les deux femmes, j'y fus de passage, pas plus gaillard qu'elles deux,
élevé dans la culture du malheur.
Il suffirait de peu pour que la chambre ne fut plus orange : décoller le papier peint.
On ne SORT PAS INDEMNE de 20 ans de TOC tous azimuts. Rappelons que je suis vérificateur, ruminateur, procrastinateur et accumulateur. Mais, aussi simpliste que cela puisse paraître,
VOULOIR changer sa vie gâchée par les TOC suppose un minimum d'investissement personnel. Les obsessions sont souvent ancrées profondément.
J'essaie de TRANSFORMER UN DESTIN NEGATIF EN DESTIN POSITIF.
Je referme ici les derniers carnets en date.
"Je ne sais pas trop
par où commencer."
Ca se passe comme ça : un matin, je me réveille serein. "Et puis un matin au réveil / C'est presque rien / Mais c'est là, ça vous
émerveille / Au creux des reins." (Barbara)
Une belle énergie est là. Il y a tant de choses à faire ! Je me lève léger. Il est six heures du matin, et alors ? Je veux être le premier à lire les journaux qui sortent des rotatives. Je
descends au kiosque. Dans une rue proche, un camion de meunier livre de la farine à une boulangerie. Ca sent bon les petits pains à venir... "Libé" n'est pas encore arrivé. Dans un quart
d'heure. "La Dépêche" est là. J'entre et je m'attable dans un café où j'en commande un. J'aime le goût et l'odeur du café sucré, surtout quand j'arrive à me concentrer sur une lecture,
sans être constamment freiné, sans relire en boucle une phrase où il se pourrait lire "Sida".
Tout-à-l'heure, j'arriverai plus tôt et plus frais au bureau. Je vais, je veux changer. Vous allez voir si je ne vais pas reprendre le dessus. Je veux faire ma "Révolution de velours".
Ni tout à fait le même ni tout à fait un autre. J'opère un basculement lent. Ca prendra du temps ? Oui.
"Chaque seconde est une peur qui croque le coeur entre ses dents." (Brel)
"Qu'on ne se regarde plus, qu'on regarde la lumière et ses nuages [vaincus]" (Brel)
Mes proches, mes entourages remarquent la volonté du transfuge. Je parviens à maîtriser les toutes premières compulsions auxquelles je m'attaque : LIRE et ECRIRE deviennent plus aisés. FERMER UNE
ENVELOPPE est l'un de mes GRANDS CHANTIERS. J'arriverai à les fermer, en serrant les dents, les orteils, en tremblant mais UNE SEULE FOIS, UNE SEULE, en imaginant le PIRE...
Je ne veux plus rester les doigts collés aux feuillets. Je veux retrouver une liberté d'action et de pensée. Je ne veux plus associer le mal aux dents, à la tête, au coeur, au foie, aux yeux à un
détail. Les points d'interrogation peuvent bien être trop crochus ? Et alors ? Les points d'exclamation trop tordus ? Et alors ? Je ne veux plus aucune rature, aucune surcharge. Je veux laisser
aller ma plume à main levée. Et m'arrêter si j'ai envie. Et passer à autre chose.
Le combat que j'ai engagé est solitaire. Les grandes (et bonnes) résolutions, les grands chantiers sont gigantesques.
"Je ne sais pas trop par où commencer " : c'est la première phrase des "âmes grises" de Philippe Claudel.
Je ne sais pas trop par où commencer.
"Plus personne ne va rire."
2002. Le premier janvier. Nous changeons de monnaie et passons à l'euro. Un euro égale 6,55957 francs. Sans commentaire. Je fonctionne
sur de vieux acquis et de vieux repères, et je suis psychorigide. Je me fâche définitivement avec les chiffres et avec l'argent.
2002. Ca se lit dans les deux sens. C'est un palindrome. Comme Bob. Esope reste ici et se repose.
A Toulouse, nous nous souvenons du 21 septembre 2001.
Georges Brassens chante : "Le 22 septembre, aujourd'hui, je m'en fous..." Il y a des lendemains qui déchantent...
Le 21 avril 2002, conformément à la Constitution, nous sommes invités à nous choisir un Président de la République. Au soir du dimanche 21, les pêcheurs à la ligne, les votants, les nuls et les
blancs, et les non-esprimés découvrent un traumatisant résultat. Le candidat de gauche Lionel Jospin est écarté ; Jean-Marie Le Pen, le leader du Front National talonne Jacques Chirac. Que veut
la France ? "Libé" détaille : décryptage d'un programme-cauchemar. La France que nous réserve Le Pen. Immigration : expulsables, papiers ou pas. Justice, sécurité, police : la
répression à mort. Défense : tous les citoyens au garde à vous. Enseignement, culture : pas d'école pour les mauvais en Français. Famille et moeurs : pas d'IVG, pas de PACS, trois enfants et
plus. Santé : soins aléatoires, tests obligatoires. Travail, logement, allocations : destruction des aides sociales. Agriculture : des paysans enterrés. (Libération du jeudi 25 avril 2002,
pages 4 à 9.)
Au deuxième tour, "entre la peste et le choléra" disent certains, le gaulliste Jacques Chirac est élu Président de la République avec 82 % des voix.
Février 2002. Sur mon répondeur, je trouve ce message :
"Oui, Joël. Je pense que vous êtes Joël Fauré. Je suis madame B. J'ai une très mauvaise nouvelle à vous annoncer, à savoir que Jean-X. avait mis fin à ses jours fin de cette semaine à
Strasbourg. Je sais qu'il avait beaucoup d'amitié et d'affection pour vous. J'ai pris le courage de vous le dire moi même. Pensez à lui. Je vous remercie et je vous embrasse de sa part. Au
revoir."
Pensez à lui ! J'ai connu Jean-X. à la clinique verte et blanche. Ce tout jeune homme de 25 ans avait eu un accident de voiture d'où il était ressorti avec un traumatisme
crânien. Parallèlement, ses troubles obsessionnels compulsifs sont de l'ordre de la vérification, et il en souffre horriblement. Il dit : "Avec les TOC, tout est une question de vie
ou de mort". Il est issu d'un milieu aisé, aime les jolies filles, s'intéresse à l'informatique. Courant 2001, il engage une thérapie comportementale et cognitive dans une clinique de
l'Yonne qui semble porter ses fruits. Il est heureux de m'apprendre qu'il a marqué des points : "Il ne faut pas faire l'économie de cette démarche. J'ai retrouvé 80 % de la qualité de la
vie".
Alors, pourquoi s'est-il supprimé ? Que s'est-il passé ? Il avait perdu son travail (pas à cause des TOC), sa petite amie l'avait quitté. Il était plus dépressif qu'obsessionnel.
"Il s'enfermait toute la journée dans sa chambre" me dira sa mère.
Il est allé en gare de Strasbourg ; sur les rails, il a sorti son téléphone portable et a appelé sa mère. Il lui a dit quelle était son intention, quel acte il préparait. Elle a tenté de le
raisonner. "Il semblait calme, serein". Jusqu'à ce que sa mère entende le choc du train qui le percutait. La mort de son fils en direct.
"Pourquoi, s'interroge-t-elle, a-t-il choisi cette mort si violente, lui qui était si doux ?"
Plus personne ne va rire.
"Pensez à lui" m'a-t-elle dit.