Photo Michel Lataste
Le personnage tout rouge (Roger Borlant) et Le décrocheur de blasons (Laurent Cornic) mis en scène par Didier Albert, au Théâtre de Poche de Toulouse.
Photo Michel Lataste
Le personnage tout rouge (Roger Borlant) et Le décrocheur de blasons (Laurent Cornic) mis en scène par Didier Albert, au Théâtre de Poche de Toulouse.
Le décrocheur de blasons : Le personnage tout rouge sait avoir la main verte. Et un homme qui a la main verte -aussi rouge tout ailleurs fut-il- ne peut pas être entièrement mauvais. Je n'ai plus rien à faire ici. Madame, messieurs, permettez que je me retire. Je reste à votre entière disposition pour toutes études et devis. Je vais me faire emblasonner ailleurs.
(Il prend congé.
Silence.
Le personnage tout rouge s'asseoit, la tête dans les genoux, les mains sur les cheveux, comme abasourdi.)
La responsable des fêtes terminées : Qu'est-ce que vous faites ?
Le personnage tout rouge : Vous n'entendez pas ?
La responsable des fêtes terminées : Quoi ?
Le personnage tout rouge : Vous n'entendez rien ?
La responsable des fêtes terminées : Non.
Le personnage tout rouge : Vous ne les entendez pas grincer des dents, les autres ? Et ce grincement me perce les tympans. Ne me dites pas que vous n'entendez pas. Ce grincement
doublé de ce bruit de blason qui dérouille...
La responsable des fêtes terminées : Allons, tout va bien. (Le personnage tout rouge relève la tête.) Il ne suffit pas d'avoir une cible ; il faut savoir viser
juste.
Le personnage tout rouge : Vous croyez ?
La responsable des fêtes terminées : Je ne crois pas. J'en suis sûre. Je vais vous confier un secret. Reprenez votre convocation. (Le personnage tout rouge s'exécute.)
Vous l'avez décryptée avec succès. Bravo ! Très bien ! Voici à présent une nouvelle grille de décodage. (Elle lui tend un rectangle de papier ajouré.) Placez-le en regard du texte
imprimé. (Le personnage tout rouge s'exécute.) Que lisez-vous à présent ?
Le personnage tout rouge : (Il lit.) Le doute pourra être admis à son bénéfice.
(A suivre.)
Le personnage tout rouge : Vous les avez peut-être un peu brusquées, non ? Ce n'étaient pas de gros légumes et je me demande de quelle manière elles vont les accommoder. Ce qui reste vrai, c'est qu'elles me rappellent quelqu'un. Oui, ces vieilles peaux de pie me rappellent quelqu'un : il adorait les honneurs des grands et dédaignait les signes des petits.
La responsable des fêtes terminées : (S'adressant au chef du bureau des fêtes terminées.) Qu'en pensez-vous ?
Le chef du bureau des fêtes terminées : Rien.
La responsable des fêtes terminées : Et vous, monsieur... (Elle s'adresse au décrocheur de blasons.) de quel côté vous rangez-vous ?
Le décrocheur de blasons : Quand quelqu'un, même petit, me fait des signes, moi, j'y réponds. La première fois que j'ai vu monsieur, personnage toujours tout rouge quelquefois hieraujourd'huiste, je l'ai trouvé plutôt sympathique. Il m'a même fait débuter dans mon métier. Par la suite, je ne l'ai pas revu souvent, mais, à chaque occasion, je l'ai imaginé plus souvent en train de caresser des herbes folles et contempler des peupliers que tenir une arme à la main.
La responsable des fêtes terminées : Vous imaginez bien. Dites-nous encore, monsieur... (Elle s'adresse au personnage tout rouge.) pour la forme, quel a été votre programme hier soir, au moment concomitant où une fête se donnait, où je perdais mon baise-en-ville, où mon chef le retrouvait, où certaines de nos connaissances commençaient à décrocher, où d'autres manquaient cruellement de jus de carotte dont les vertus n'opèrent pas si on n'en boit pas.
Le personnage tout rouge : Suis allé voir barboter des canards dans un ru que j'aime bien au milieu de cognassiers et de peupliers qui ondulent sous le vent. Ai gagné la prairie. Suis allé caresser la chevelure des herbes folles. Ai vu monsieur l'automne qui, avec mélancolie met l'ancolie aux pentes des fossés. Gentil, l'automne. A l'orée des forêts, ai vu les crocs sévères des brabants mordre la terre à pleines dents. A six reprises, les aiguilles se sont superposées : six occasions d'en vouloir au monde entier. Ai entendu les flonflons et les froufrous d'une fête cachée. A trop fixer des yeux les cuivres luisants de l'orchestre que je ne voyais pas, me suis brûlé les yeux. Suis rentré éreinté dans ma mansarde. Ai pensé à elle.
Le chef du bureau des fêtes terminées : Et ensuite ?
Le personnage tout rouge : J'ai pensé à elle à m'en fendre l'âme. Fendue, fêlée, mon âme. Réformée pour le purgatoire ? Il ne me restait plus que mes yeux pour ma peupleraie : c'est joli, un peuplier, cet arbre chevelu dès le départ, souple et soyeux comme une crinière. J'ai de nouveau regardé ma montre et j'ai vraiment eu très peur. Je me suis souvenu de ma mère et de mon père. Je me suis souvenu des jeudis de mon enfance, du fourgon du boucher, de l'odeur de l'os à moelle fraîchement scié qui laissait présager de succulents pots-au-feu. Je me suis souvenu des figuiers au printemps et des salles de classe du collège, de mes camarades qui se moquaient de moi et me volaient mes trousses. Je me suis souvenu que j'avais mal perdu mon innocence, qu'à trop m'élever en mouton de Panurge, on m'avait transformé en chien sauvage ; que je n'avais pas demandé à être là, à être comme ça. Je me suis souvenu des champs de luzerne et des décoctions d'oeillets d'Inde...
(Il s'approche de la table ;
ouvre le tiroir tout en grand,
y plonge ses deux mains
et en fait jaillir des gerbes de pétales de roses et d'herbes séchées.)
Le personnage tout rouge : Pardonnez-moi, j'ai encore tiré un dernier coup. Vous voyez, c'est une fleur qui est au bout du fusil.
(A suivre.)
Le personnage tout rouge : Les mots de mon silence seront-ils... assez... forts... pour...
(Il se tait.
Silence.
Au bout de quelques instants, tous ceux qui avaient
quitté la scène reviennent.)
Le chef du bureau des fêtes terminées : (Il désigne le public.) Rien de cassé ? Qu'est-ce que vous leur avez dit ?
Le personnage tout rouge : Je leur ai dit que certains soirs, ça passait de justesse. On se demande comment se débrouille le lendemain pour arriver. Je leur ai dit que quand ils
avaient froid, moi, j'avais très froid ; quand ils avaient peur, moi, j'avais très peur. Je leur ai dit que ça me ferait beaucoup de peine de savoir que j'ai pu faire du mal à quelqu'un, mais que
ça m'en faisait encore plus de savoir qu'on puisse penser que j'en ai fait. Je pense que j'ai été de bonne foi. J'ai joué à quitte ou doux. Je leur ai dit plein d'autres choses mais je ne sais
pas s'ils ont entendu. Et vous, qu'est-ce que vous avez fait ?
Le chef du bureau des fêtes terminées : Nous sommes allés un peu plus loin, sur l'aire tant ventée qu'elle en est mensongère. Rien de notable n'est à rapporter si ce n'est une
idée singulière qui nous a traversés à tous au même instant. Alors que nous avions le vent en pourpre, nous nous sommes dit qu'un jour ou l'autre, tout le monde pouvait devenir un peu rouge.
Le personnage tout rouge : Il ne faut pas que ça s'étende, voilà tout. Vous m'avez dit à quoi vous avez fait penser le vent : merci. Mais voulez-vous maintenant me dire si, en le
humant, il vous a apporté une odeur de tombe fraîche ?
Le chef du bureau des fêtes terminées : Qu'est-ce que vous entendez par-là ? Ah, oui... bien sûr, une odeur de tombe fraîche... C'est une idée que nous aurions dû creuser. Non...
Non... Vous avez senti quelque chose, vous autres ?
(Les autres secouent la tête, en signe de négation.)
Le personnage tout rouge : Quelle catastrophe ! Quelle catastrophe d'ignorer s'il y en a eu une et s'il va y en avoir d'autres... Firmament et Barbe-à-papa m'en ont
tellement fait miroiter que j'en vois partout. Firmament et Barbe-à-papa avaient aussi coutume de me dire : "Tu ne feras jamais rien de bon dans ta vie", avec une variante : "Toi, si tu fais
quelque chose de bon dans ta vie, j'irais le dire loin." Ils n'ont pas eu à se déplacer ! Ils disaient aussi : "Tu vas mal finir", mais ils oubliaient de dire que l'on m'avait très mal tout fait
commencer. Firmament et Barbe-à-papa m'ont tant dit : "Ne fais pas ceci, ne fais pas cela" qu'aujourd'hui, je suis incapable de faire quoi que ce soit. Ils ont eu les mots qui tuent. Ai-je pu
tuer pour des mots ?
Le chef du bureau des fêtes terminées : Et vos barbe-à-parents sont morts ?
Le personnage tout rouge : De mort naturelle, oui.
(Un doute semble l'assaillir.
Il se tait, baisse la tête et se retourne de trois-quarts.)
(A suivre.)
Le chef du bureau des fêtes terminées : Reprenons en mains ce que nous avions sur les bras. Pourquoi avez-vous tiré ? Pourquoi avez-vous tué ?
Le personnage tout rouge : Je ne sais pas si j'ai tué. J'ai peut-être tué sans m'en rendre compte ? Ca arrive, parfois.
Première femme à la carotte à poignée : Cet homme est capable de tout. Nous venons même de la voir tirer à bout portant à plusieurs reprises sans sommation.
Le personnage tout rouge : Ce n'était qu'un tiroir.
Deuxième femme à la carotte à poignée : Qui tire un tiroir peut tirer sur un peignoir...
Le chef du bureau des fêtes terminées : Tout ce qui va être dit à partir de maintenant va être très dense. Nous aurons une satisfaction si nous comprennons tout.
Le personnage tout rouge : Vous permettez que je m'isole ?
(Il se place un peu en retrait, côté cour et, bien campé au sol, de façon délibérée, il pousse un cri strident, un brame, un hurlement, souligné par son pied droit, comme une ruade.
Semblant avoir évacué son trop-plein de douleur, il revient vers le chef du bureau des fêtes terminées.)
Je ne pourrai parler que lorsque les gens qui 'ont cassé se seront cassés.
Le chef du bureau des fêtes terminées : Y-a-t-il dans cette assemblée des gens qui vous ont cassé ? Monsieur ? (Il désigne le décrocheur de blasons.)
Le personnage tout rouge : Non, lui, il casse rien.
Le chef du bureau des fêtes terminées : Mesdames ? (Il désigne les femmes aux carottes à poignée.)
Le personnage tout rouge : Elles n'ont jamais cassé trois pattes à un albatros.
Le chef du bureau des fêtes terminées : Madame ? (Il désigne la responsable des fêtes terminées.)
Le personnage tout rouge : Non. Elle a la délicatesse de savoir ce qui est fragile.
(Le chef du bureau des fêtes terminées invite le personnage tout rouge à s'approcher du lutrin et désigne le plan.)
Le chef du bureau des fêtes terminées : Et parmi tous ceux-là, y-en-a-t-il qui vous ont cassé ?
(Le personnage tout rouge regarde le lutrin, puis le public, et réfléchit.)
Le chef du bureau des fêtes terminées : Voulez-vous que nous vous laissions seul, en tête-à-têtes ?
Le personnage tout rouge : ...
Le chef du bureau des fêtes terminées : Mesdames, monsieur, je vous invite à vous éclipser quelques instants. Et je vais faire de même.
(Tous s'en vont, en silence.
Le personnage tout rouge regarde sa montre et va s'asseoir sur l'une des chaises laissée vacante.)
(A suivre.)
La responsable des fêtes terminées : Vous vous donnez le temps de laisser refroidir un corps, joli si possible, un corps en or victime de ne pas l'avoir été. Un corps qui est peut-être encore si tiède qu'il est bien vivant.
Le chef du bureau des fêtes terminées : Chère collègue, je ne vous permets pas d'orienter les débats. Il faut qu'il y ait eu un crime. Il faut qu'il y ait une mort : c'est notre raison de vivre. Monsieur est presque d'accord. Il vient de nous dire qu'il y avait été préparé par ceux qui l'ont précédé. Monsieur, que faisiez-vous hier soir, sur la plage de qui va de dix-huit heures trente cinq à minuit via le crépuscule et la tombée des ténèbres ?
Le personnage tout rouge : Suis allé voir barboter des canards dans un ru que j'aime bien au milieu de cognassiers et de peupliers qui ondulent sous le vent. Ai gagné la prairie. Suis allé caresser la chevelure des herbes folles. Ai vu monsieur l'automne qui, avec mélancolie met l'ancolie aux pentes des fossés. Gentil, l'automne. A l'orée des forêts, ai vu les crocs sévères des brabants mordre la terre à pleines dents. A six reprises, les aiguilles se sont superposées : six occasions d'en vouloir au monde entier. Ai entendu les flonflons et les froufrous d'une fête cachée. A trop fixer des yeux les cuivres luisants de l'orchestre que je ne voyais pas, me suis brûlé les yeux. Suis rentré éreinté dans ma mansarde. Ai pensé à elle.
Le chef du bureau des fêtes terminées : A elle ?
Le personnage tout rouge : Firmament m'avait défendu d'y penser. (Il baisse la tête. Il se lève, s'approche du lutrin, consulte le plan, puis regarde le public, scrutateur.
Sa main en auvent au dessus de ses yeux, il semble chercher quelqu'un...)
Le chef du bureau des fêtes terminées : Vous pensez qu'elle est encore là ?
Le personnage tout rouge : Il semble qu'elle n'y soit pas. (Il revient vers la table, s'aperçoit qu'elle possède un tiroir. Il l'ouvre, le referme ; l'ouvre de nouveau, le referme. Même jeu compulsif, par essence exécuté plusieurs fois.
Le chef du bureau des fêtes terminées : Il n'y a rien à tirer de ce tiroir, à première vue.
Le personnage tout rouge : A la deuxième non plus.
Le chef du bureau des fêtes terminées : Vous cherchez quoi, au juste ?
(A suivre.)
Le chef du bureau des fêtes terminées : Vous vous appelez "Le Personnage tout rouge". Pourquoi ?
Le personnage tout rouge : C'est le rouge de la honte. Le rouge de la confusion. Le rouge de la blessure. Le rouge de la tuile.
Première femme à la carotte à poignée : Moi, je crois savoir pourquoi il s'est mis tout en rouge. C'est pour pas qu'on voit le sang de ses
victimes.
Le personnage tout rouge : Mais, madame, je suis toujours en rouge.
Première femme à la carotte à poignée : Alors, vous n'avez pas arrêté de faire des victimes ?
Le chef du bureau des fêtes terminées : Dans quelles circonstances l'avez-vous connue ?
Le personnage tout rouge : Qui donc ?
Le chef du bureau des fêtes terminées : Votre dernière victime, dans quelles circonstances l'avez-vous connue ?
Le personnage tout rouge : C'est pour moi une inconnue.
Le chef du bureau des fêtes terminées : Mis à part le fait que vous êtes un albatros, qui êtes-vous, monsieur ?
Le personnage tout rouge : Comment voulez-vous que je vous dise qui je suis puisque je ne le sais pas moi-même. Par contre, je suis intarissable sur ceux qui m'ont mis au monde.
Pour les commodités de la conversation, je dois vous dire que je pourrai dire "maman" et "papa" sans que mes lèvres en soient écorchées. Je n'en suis pas fier ; j'en ai même un peu honte, mais
c'est malgré moi. Disons que je dirai, si vous n'y voyez pas d'objection "Firmament" et "Barbe-à-papa". En parlant vite, on ne saisira pas la différence.
Le chef du bureau des fêtes terminées : Vous leur en voulez à ce point ?
Le personnage tout rouge : A-t-on le droit de leur en vouloir ?
Le chef du bureau des fêtes terminées : Vous allez devoir beaucoup parler d'eux pour nous parler de vous ?
Le personnage tout rouge : Vous pensez que ça pourrait expliquer certaines choses ?
Le chef du bureau des fêtes terminées : C'est un scénario classique. Vous allez l'exploiter ? Vous allez faire de la délégation de culpabilité ?
Le personnage tout rouge : Quand on souffre, a-t-on le droit de tout dire ?
La responsable des fêtes terminées : Vous allez vous questionner longtemps comme ça ?
Le chef du bureau des fêtes terminées : Vous y voyez un inconvénient ?
(A suivre.)
Deuxième acte
Le même pan de mur orbe.
Une table, sans rien autour.
Des chaises disséminées.
Au bord de la scène, trône un lutrin ;
un document y est déposé dessus : une sorte de plan.
Le personnage tout rouge, tout seul.
Le personnage tout rouge inspecte les lieux, consulte le plan sur le lutrin, puis regarde le public ; consulte de nouveau le lutrin, puis regarde de nouveau le public.)
Le personnage tout rouge : A partir d'aujourd'hui, ce sera comme d'habitude. A partir de désormais, ce sera comme dorénavant. (Arrivent et s'assoient les deux femmes
aux carottes à poignée.) L'essentiel, c'est toujours le principal. La vie est ainsi faite : aujourd'hui jujube et demain cacahuète. (Arrive et s'assoit le décrocheur de blasons.)
"Jean son porc tua, sel n'y mit ; vers s'y mirent." "Mur gâté, trou s'y fait, rat s'y met." "Homme debout lit, femme assise coud, enfants assis jouent." "Aïe aïe aïe, s'écria la grenouille
en voyant le crapaud se gratter la peu des... (Il feint de tousser.
Arrive le chef du bureau des fêtes terminées suivi de la responsable du même nom. Cette dernière va s'asseoir.
Le chef du bureau des fêtes terminées s'approche du lutrin, le consulte, puis regarde le public ; consulte de nouveau le lutrin, puis regarde de nouveau le public.)
Le chef du bureau des fêtes terminées : Tout le monde est là ?
Le personnage tout rouge : Oui, mais tout le monde n'est pas là où il devrait être. (Tout en faisant des rapprochements, il désigne tantôt le lutrin, tantôt le public.)
Je verrais bien monsieur ici, là... Et madame, là, plus loin... Vous avez vu, madame nous fait l'honneur de sa présence.
Le chef du bureau des fêtes terminées : Vous avez votre convocation ?
Le personnage tout rouge : Oui. Vous y avez mis les formes. (Il sort un rectanngle de papier de l'une de ses poches intérieures.) Joli, ce dépliant ajouré à deux
rabats. Astucieuses ces petites fenêtres qui viennent se coller sur un texte en regard pour en éclairer le sens : "Qui a tué qui ?" Réponse demain, neuve heure. Soyez-là." C'est une peu touffu et
kafkaïen au départ, mais ensuite, on s'y fait quand on a compris que c'est la grille de décodage du mode d'emploi. En fait, dans ce dépliant, il faut savoir lire entre les plis. Vous leur en avez
envoyé à eux aussi ? (Il désigne le public.)
Le chef du bureau des fêtes terminées : L'imprimeur n'en a imprimé qu'un. Il a déclaré forfait. Il a dit qu'il ne comprenait pas ce qu'il faisait. C'est un exemplaire
unique et rare. Un jour, vous pourrez le monnayer. Prenez donc une chaise et mettez-vous à table.
Le personnage tout rouge : Une chaise ? Vous n'avez pas su qu'Ionesco est mort ?
(Le personnage tout rouge ne prend pas de chaise mais va s'asseoir directement à même la table.)
(A suivre.)