15 janvier 2008
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Le chef du bureau des fêtes terminées : Vous vous appelez "Le Personnage tout rouge". Pourquoi ?
Le personnage tout rouge : C'est le rouge de la honte. Le rouge de la confusion. Le rouge de la blessure. Le rouge de la tuile.
Première femme à la carotte à poignée : Moi, je crois savoir pourquoi il s'est mis tout en rouge. C'est pour pas qu'on voit le sang de ses
victimes.
Le personnage tout rouge : Mais, madame, je suis toujours en rouge.
Première femme à la carotte à poignée : Alors, vous n'avez pas arrêté de faire des victimes ?
Le chef du bureau des fêtes terminées : Dans quelles circonstances l'avez-vous connue ?
Le personnage tout rouge : Qui donc ?
Le chef du bureau des fêtes terminées : Votre dernière victime, dans quelles circonstances l'avez-vous connue ?
Le personnage tout rouge : C'est pour moi une inconnue.
Le chef du bureau des fêtes terminées : Mis à part le fait que vous êtes un albatros, qui êtes-vous, monsieur ?
Le personnage tout rouge : Comment voulez-vous que je vous dise qui je suis puisque je ne le sais pas moi-même. Par contre, je suis intarissable sur ceux qui m'ont mis au monde.
Pour les commodités de la conversation, je dois vous dire que je pourrai dire "maman" et "papa" sans que mes lèvres en soient écorchées. Je n'en suis pas fier ; j'en ai même un peu honte, mais
c'est malgré moi. Disons que je dirai, si vous n'y voyez pas d'objection "Firmament" et "Barbe-à-papa". En parlant vite, on ne saisira pas la différence.
Le chef du bureau des fêtes terminées : Vous leur en voulez à ce point ?
Le personnage tout rouge : A-t-on le droit de leur en vouloir ?
Le chef du bureau des fêtes terminées : Vous allez devoir beaucoup parler d'eux pour nous parler de vous ?
Le personnage tout rouge : Vous pensez que ça pourrait expliquer certaines choses ?
Le chef du bureau des fêtes terminées : C'est un scénario classique. Vous allez l'exploiter ? Vous allez faire de la délégation de culpabilité ?
Le personnage tout rouge : Quand on souffre, a-t-on le droit de tout dire ?
La responsable des fêtes terminées : Vous allez vous questionner longtemps comme ça ?
Le chef du bureau des fêtes terminées : Vous y voyez un inconvénient ?
(A suivre.)
Raoul Jefe
14 janvier 2008
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Deuxième acte
Le même pan de mur orbe.
Une table, sans rien autour.
Des chaises disséminées.
Au bord de la scène, trône un lutrin ;
un document y est déposé dessus : une sorte de plan.
Le personnage tout rouge, tout seul.
Le personnage tout rouge inspecte les lieux, consulte le plan sur le lutrin, puis regarde le public ; consulte de nouveau le lutrin, puis regarde de nouveau le public.)
Le personnage tout rouge : A partir d'aujourd'hui, ce sera comme d'habitude. A partir de désormais, ce sera comme dorénavant. (Arrivent et s'assoient les deux femmes
aux carottes à poignée.) L'essentiel, c'est toujours le principal. La vie est ainsi faite : aujourd'hui jujube et demain cacahuète. (Arrive et s'assoit le décrocheur de blasons.)
"Jean son porc tua, sel n'y mit ; vers s'y mirent." "Mur gâté, trou s'y fait, rat s'y met." "Homme debout lit, femme assise coud, enfants assis jouent." "Aïe aïe aïe, s'écria la grenouille
en voyant le crapaud se gratter la peu des... (Il feint de tousser.
Arrive le chef du bureau des fêtes terminées suivi de la responsable du même nom. Cette dernière va s'asseoir.
Le chef du bureau des fêtes terminées s'approche du lutrin, le consulte, puis regarde le public ; consulte de nouveau le lutrin, puis regarde de nouveau le public.)
Le chef du bureau des fêtes terminées : Tout le monde est là ?
Le personnage tout rouge : Oui, mais tout le monde n'est pas là où il devrait être. (Tout en faisant des rapprochements, il désigne tantôt le lutrin, tantôt le public.)
Je verrais bien monsieur ici, là... Et madame, là, plus loin... Vous avez vu, madame nous fait l'honneur de sa présence.
Le chef du bureau des fêtes terminées : Vous avez votre convocation ?
Le personnage tout rouge : Oui. Vous y avez mis les formes. (Il sort un rectanngle de papier de l'une de ses poches intérieures.) Joli, ce dépliant ajouré à deux
rabats. Astucieuses ces petites fenêtres qui viennent se coller sur un texte en regard pour en éclairer le sens : "Qui a tué qui ?" Réponse demain, neuve heure. Soyez-là." C'est une peu touffu et
kafkaïen au départ, mais ensuite, on s'y fait quand on a compris que c'est la grille de décodage du mode d'emploi. En fait, dans ce dépliant, il faut savoir lire entre les plis. Vous leur en avez
envoyé à eux aussi ? (Il désigne le public.)
Le chef du bureau des fêtes terminées : L'imprimeur n'en a imprimé qu'un. Il a déclaré forfait. Il a dit qu'il ne comprenait pas ce qu'il faisait. C'est un exemplaire
unique et rare. Un jour, vous pourrez le monnayer. Prenez donc une chaise et mettez-vous à table.
Le personnage tout rouge : Une chaise ? Vous n'avez pas su qu'Ionesco est mort ?
(Le personnage tout rouge ne prend pas de chaise mais va s'asseoir directement à même la table.)
(A suivre.)
Raoul Jefe
13 janvier 2008
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(Le décrocheur de blasons revient, porteur d'un nouveau blason.)
Le décrocheur de blasons : Je suis heureux de vous revoir. Vous m'avez beaucoup manqué. A ce que je peux voir, vous goûtez vos
derniers instants de liberté. On vient de me dire, un peu plus loin, que les choses se précisaient. Personne ne s'était aperçu que quelqu'un manquait parce qu'il avait été sauvagement assassiné,
mais maintenant qu'on l'a dit, le manque est cruel. Qu'est-ce que vous avez fait là ? Mais qu'est-ce que vous avez fait là ? Il est joli, le nouveau blason, vous ne trouvez pas ? Regardez-moi ça
: de la belle facture. Et quelle facture !
(Il veut accrocher le blason ; éprouve quelques difficultés à le faire. Le personnage tout rouge le supplée ; ce dernier regarde le blason.)
Le personnage tout rouge : De gueules, un escalier à flanc senestre arbore une volée de six marches. Une sandalette légère foule d'un talon plat la plus
haute desdites marches. Sur le palier, quatre graines d'hellébore disposées en losange. Hors du champ mais fortement pressentie et sur ce même palier, la porte d'une agence que l'on devine
toujours aussi mystérieusement close. Au canton dextre du chef, un albatros sur fond azur, toutes ailes déployées aux nues.
(Il fait imprimer au blason les mouvements d'une aile.)
Le personnage tout rouge : Je suis un albatros.
La responsable des fêtes terminées : Je suis une mouette.
Le personnage tout rouge : Je suis un albatros.
La responsable des fêtes terminées : Je suis une mouette.
(A suivre.)
Raoul Jefe
12 janvier 2008
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L'homme : Vous avez oublié votre baise-en-ville au bureau.
(Le personnage tout rouge et la responsable des fêtes terminées se remettent précipitamment debout, s'époussettent et se postent dans une sorte de garde-à-vous.)
La responsable des fêtes terminées : (Faisant les présentations. Désignant d'abord le dernier venu.) Monsieur est le chef du bureau des fêtes
terminées. (Désignant le personnage tout rouge.) Monsieur est...
Le personnage tout rouge : ...Assassin de service. Pour vous servir.
L'homme (Le chef du bureau des fêtes terminées) : A la bonne heure ! Vous avez enfin pu mettre la main dessus. La main et beaucoup plus à ce qu'on peut voir. On ne vous en demandait pas
tant.
La responsable des fêtes terminées : Non, il voulait simplement me faire voir la face cachée de son destin.
Le chef du bureau des fêtes terminées : Vous avez pu faire le nécessaire sans votre nécessaire ? (Il désigne le baise-en-ville.) Il sait tout ?
La responsable des fêtes terminées : Il sait tout de ce qu'on va lui faire mais il ne sait rien de ce qu'il a fait. La victime a-t-elle été identifiée ?
Le chef du bureau des fêtes terminées : Toujours pas. Mais avouez que ça bouscule un peu la routine, hein ? Retrouver l'assassin avant le corps, c'est pas anodin. De toute façon,
vous n'avez pas pu tout lui dire puisque la date de sa convocation se trouve dans votre baise-en-ville.
Le personnage tout rouge : Ma convocation est déjà prête ?
Le chef du bureau des fêtes terminées : Elle l'est.
(Il s'en va.)
(A suivre.)
Raoul Jefe
11 janvier 2008
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Le personnage tout rouge : Vous vous rendez compte de la situation dans laquelle nous sommes impliqués ? C'est inextricable. Si un
passant influent venait à nous questionner sur notre présence ici, voici la conclusion qu'il pourrait tirer : "Monsieur est accusé de trop s'intéresser à l'héraldique ; Madame a perdu son
baise-en-ville alors qu'un présumé assassin court toujours à la recherche d'une victime qui n'existe pas. Et la vie est ainsi faite, aujourd'hui jujube et demain cacahuète." C'est pas sérieux.
Oui, si un passant exigeant se mettait en tête autre chose que passer, voici ce qu'il faudrait lui dire : "Je suis le personnage tout rouge et c'est non sans peine que j'ai vu partir le blason de
ce quartier. C'est une anecdote à côté de l'horrible chose qui vient de se produire." Et vous : "Je suis responsable des fêtes terminées. Une fête n'est vraiment terminée que lorsqu'une autre
recommence. J'avais dans un baise-en-ville les moyens pour y procéder ; j'ai perdu tous mes moyens." Bon, alors, qu'est-ce qu'on fait ? On joue aux dés ?
La responsable des fêtes terminées : L'idée est réjouissante. Oui, je veux bien. Vous avez ce qu'il faut ?
Le personnage tout rouge : J'en ai toujours sur moi. Je suis fasciné par les dés. Avez-vous remarqué que lorsqu'ils sont posés, ils ont toujours une face cachée ? Ils ne sont vraiment
eux-mêmes que lorsqu'ils lévitent. Ce qu'on peut tout savoir d'eux est toujours très bref.
(De l'une de ses poches intérieures, il sort deux dés minuscules, les agite dans sa main en coquille et les lance très haut en l'air. Simultanément, il baisse la tête en regardant la chute et
invite la responsable des fêtes terminées à faire de même.)
Regardez ! Là... Vous ne pouvez pas dire que vous ne voyez rien ?
(Les dés tombent à terre, en parfaite anarchie.
Panique.
Pour les récupérer, le personnage tout rouge et la responsable des fêtes terminées s'accroupissent et cherchent...
Ils s'agenouillent, s'aplatissent, rampent en tous sens pour finalement se retrouver dans une situation qui ne supporte aucune équivoque : Madame est sur Monsieur !
C'est à ce moment-là qu'entre en scène un autre homme.
Il porte un baise-en-ville.
Il se racle la gorge.)
(A suivre.)
Raoul Jefe
10 janvier 2008
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Le personnage tout rouge : Bon, allez, on avance ? On fait bouger les choses ? Vous avez l'air préoccupée...
La responsable des fêtes terminées : Je vais vous faire un aveu : je suis préoccupée. Je suis chargée de vous arrêter, c'est vrai, mais
auparavant, j'aimerais bien retrouver mon petit baise-en-ville. Un petit baise-en-ville en cuir de Cordoue. J'y tenais beaucoup mais pas assez puisqu'il m'a échappé. Je vais vous faire participer
à ce souci. Vous pouvez bien attendre ? Nous n'avons pas encore clairement établi que vous étiez coupable. Il serait vain de le nier. Alors, la priorité, c'est ça : retrouver mon sac avant d'y
mettre votre affaire dedans. Vous n'y voyez pas d'inconvénient ?
Le personnage tout rouge : Aucunement. J'ai un ami qui travaille aux objets trouvés. Il pourra nous être utile. Enfin, j'avais un ami qui
travaille aux objets trouvés. Enfin, j'avais un ami qui travaillait aux objets trouvés.
La responsable des fêtes terminées : Détrompez-vous, je ne l'ai pas perdu. On me l'a volé. Quelqu'un me l'a volé.
(Silence lourd.
Le personnage tout rouge baisse la tête et se retourne de trois quarts.)
Bon, ça va... Je l'ai perdu. Je m'en souviens maintenant, je l'ai perdu. Je m'y perds. Volé, perdu, finalement, peu m'importe. Mais détruit, ça non ! Pour
rien au monde je ne voudrais qu'il fût détruit.
Le personnage tout rouge : Votre jeu de clefs semble rescapé. Qu'y-avait-il encore à bord ?
La responsable des fêtes terminées : Ce que l'on peut habituellement trouver dans un baise-en-ville qui se respecte : le nécessaire d'après
les fêtes terminées pour s'assurer qu'elles le soient bien avant qu'une autre recommence.
(A suivre.)
Raoul Jefe
9 janvier 2008
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La responsable des fêtes terminées : Vous ne risquez rien. Vous n'avez rien à craindre si vous avez bonne conscience.
Le personnage tout rouge : C'est que, voici, vu d'ici, des deuils à venir et des angoisses annoncées. (Il regarde sa montre.) Des
heures pénibles en perspective cavalière. Placez-vous ici... Vous les verrez mieux. Vous les voyez ? (Il lui fait regarder le public.)
La responsable des fêtes terminées : Je vois... Je vois...
Le personnage tout rouge : Vous les voyez ou vous les voyez pas ? Vous dites : "Je vois... Je vois..." comme vous diriez : "Je comprends...
Je comprends..."
La responsable des fêtes terminées : Je comprends... Je comprends...
Le personnage tout rouge : Et oui, bien sûr, vous ne pouvez pas comprendre. Et si nous parlions d'autre chose ?
La responsable des fêtes terminées : Rien n'est simple et tout se complique. En quelque sorte. Comme qui dirait. Pour ainsi dire. Pourquoi
avez-vous fait ça ? Pourquoi vous entêtez-vous à penser que rien n'a été fait ? Vous n'avez pas quelque chose de beau à me dire ?
Le personnage tout rouge : Si. Un jour, je suis entré dans un endroit sévère et, de mémoire, j'ai déclamé ces quelques vers de Garcia Lorca
: "Ses cuisses s'enfuyaient sous moi / Comme des truites effrayées / Une moitié tout embrasée / L'autre moitié pleine de froid". En face de moi, j'ai vu un type qui s'est mis à pleurer en
entendant ça.
La responsable des fêtes terminées : C'est triste. C'est vrai ?
Le personnage tout rouge : Non, c'est pas vrai. Mais c'est beau. (Silence).
(A suivre.)
Raoul Jefe
8 janvier 2008
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Le personnage tout rouge : Je suis mal à l'aise en situation d'échange et de convivialité. Permettez que je m'isole.
(Il se place à la place des deux femmes.
Bien campé au sol.
De façon délibérée, il pousse un cri strident, un brame, un hurlement, souligné par son pied droit, comme une ruade.
Semblant avoir évacué son trop-plein de douleur, il revient au devant de la scène.
Il ramasse le blason et le remet au décrocheur.)
Le personnage tout rouge : Monsieur, voici votre blason qui a mordu la poussière. Pensez à nous le ramener une fois qu'il aura été "repensé". Le prochain sera le vrai
premier. Un jour, décrocher deviendra routinier. Ce qui, pour certains, est une habitude, voire une contrainte, pour d'autres est une frustration, pensez-y aussi. Vous nous direz encore, si nous
sommes encore là, comment se sont passés les accrochages à venir. Et maintenant, laissez-nous seuls. Madame va arrêter si elle doit m'arrêter. (Le décrocheur de blasons salue et s'en
va.) Sale fin d'été. Sale fin d'été pour nous, coupables de tous les faits-divers de la planète. Dans un pays voisin, le démantèlement d'un réseau d'ogres qui aiment trop les enfants fait
les choux gras des feuilles de choux. J'en suis. A l'autre bout de cette ville, une fillette a été enlevée. C'est moi. Ici, on viole ; là, on tue ; plus loin, on torture : c'est toujours moi.
Mentir, voler, violer, c'est encore moi. Et jusqu'ici-même où l'on croit savoir de source sûre que quelqu'un ou quelqu'une a été trucidé. Je n'ose plus regarder les gens en face. A tout bout de
champ, on va me confondre et m'arrêter. Voilà, c'est presque fait. Allez-y, personne ne me soutiendra. J'ai perdu des amis, me suis brouillé avec ma famille. Rien ne ressemble moins à un homme
qui semble faire la tête et qui se tait qu'un homme habité par l'angoisse. Allez-y. Qu'est-ce que vous attendez ?
(A suivre.)
Raoul Jefe
7 janvier 2008
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Qui pourrait me donner des informations sur le film "LES CUISSARDES" tourné en 1978 par Michel Lemoine ?
Raoul Jefe
7 janvier 2008
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10:23
Le décrocheur de blasons : J'ai des nouvelles.
(Deux femmes arrivent côté jardin.
Elles s'installent en vis-à-vis, en retrait du mur, parfaitement immobiles, presque statufiées.
Elles tiennent à la main une carotte avec une poignée.)
Le décrocheur de blasons : Mais elles, elles doivent en savoir plus que moi. (Il désigne les deux femmes.) Si vous avez deux minutes à perdre, écoutez ce
qu'elles disent. Il vous incombe seulement d'en vérifier la teneur. Il y a matière à caution parfois, et même souvent. Mais bon... personne n'est parfait. Ce sont les femmes de la navette de
quinze heures quinze.
Le personnage tout rouge : Il aurait été préférable que la navette prit du retard. Je crains le pire. Les nouvelles vont être terribles. Bon, écoutons...
(Noir.
Eclairage douche sur les deux femmes.
Silence.
Le décrocheur de blasons vient donner une chiquenaude à l'une des deux femmes qui se met à parler.)
Première femme à la carotte à poignée : Y fait pas chaud, hein ?
Deuxième femme à la carotte à poignée : Y-z'ont dit qu'y aurait du soleil.
Première femme à la carotte à poignée : Les carottes à poignée ont augmenté.
Deuxième femme à la carotte à poignée : Vous avez vu, au marché, le boucher ?
Première femme à la carotte à poignée : Il a perdu des joues.
Deuxième femme à la carotte à poignée : Il a gagné du ventre.
Première femme à la carotte à poignée : Je dors pas bien en ce moment.
Deuxième femme à la carotte à poignée : Vous devriez prendre de la graisse de marmotte.
Première femme à la carotte à poignée : Mais où il est passé le type qui vendait des carottes sans poignée ?
Deuxième femme à la carotte à poignée : Eh ! Il a changé de marché.
Première femme à la carotte à poignée : Regardez-moi ça : une carotte avec poignée, c'est plus cher qu'une carotte sans poignée.
Deuxième femme à la carotte à poignée : De toute façon, c'est beaucoup plus pratique.
Première femme à la carotte à poignée : En tous cas, moi, je trouve que ça gêne une fois qu'on les a posées.
Deuxième femme à la carotte à poignée : Vous avez vu, quelqu'un a été tué hier au soir.
Première femme à la carotte à poignée : Ah bon, c'est sûr, maintenant ?
Deuxième femme à la carotte à poignée : Non, c'est pas sûr, mais c'est intéressant.
Première femme à la carotte à poignée : Moi, je crois que c'est ce type tout rouge qui a tué. Il ne me dit rien qui vaille. Il est bizarre.
Deuxième femme à la carotte à poignée : Oui, il était bizarre.
(Les femmes se taisent et s'en vont.)
(A suivre.)
Raoul Jefe