23 décembre 2007
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"L'envahissement paperassier
Tentez de faire vous-même le point sur
l'envahissement paperassier que génère notre société de "surconsommation". Dans votre boîte aux lettres, st sur votre voiture, quand on ne profite pas de votre arrêt au feu rouge pour vous
refourguer un prospectus.
La Poste a gravement nourri mon attachement stupide aux vélins. Combien de feuilles volantes non identifiées se sont accumulées ? En voulant trop les protéger, je les ai perdues.
En tous lieux, prenez de la hauteur : quittez le relief et ne considérez que les à-plats, le visible : c'est la dernière touche du quotidien : le journal du jour, une assiette sale, un lit
défait...
Pourquoi faut-il me barder de grammages de tous formats ? Pour me sésuriser ? Me cultiver ? M'enrichir ? Ou mieux m'enliser dans une lave informe ? De toute manière, ce que je recherche le plus
ardemment, le plus compulsivement, c'est ce que je vais avoir le plus de mal à retrouver. Perdu tout au fond d'une pile, étouffé par les strates du quotidien. J'en tiens une couche !
Il faudra que j'apprenne à aller à l'essentiel, à épurer. Maintenant, quand je ne retrouve pas ce que je cherche, je dresse illico un "constat d'égarement momentanné". Ca rassure...
J'ouvre des dossiers.
Une question : que faites-vous des lettres que vous recevez ? Vous les enrubannez par cinq ? Moi, j'ai tout gardé. Ca fait, à ce jour, plus de quarante ans que ça dure ! Et ça prend de la place
! Et je ne peux rien jeter ! Si je jette la lettre de Machin, il va lui arriver un gros malheur ! Ca en fait des boîtes à chaussures pleines !
Le compositeur Erik Satie avait trouvé une parade. Il n'ouvrait jamais son courrier. A sa mort, on en a retrouvé en grand nombre dans son piano !
Que faites-vous
des lettres
que vous recevez ?"
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LUBIE
LETTRES OUVERTES
"César, une lettre de Marius.
Elle est lourde."
Marcel Pagnol (Fanny)
"Ecrivez des lettres. Envoyez-les.
Recevez-en.
Laissez-les mûrir dans l'ombre.
Relisez-les."
Jean Cocteau (Les nouvelles épîtres)
J'ai un projet qui me trotte dans la tête depuis longtemps.
L'accumulateur-fétichiste que je suis s'adresse aux voyeurs que nous sommes tous peu ou prou.
Depuis 40 ans, j'ai conservé toutes les lettres que j'ai reçues.
Elles se trouvent dans des boîtes à chaussures (Rien que du
très normal.)
Je souhaite ouvrir ces boîtes à qui le souhaite...
Prenez une lettre au hasard, dépliez-là, lisez...
La petite histoire rejoint la grande...
Qu'en pensez-vous ?
JF
Dernière minute : A l'heure de mettre en ligne, "France Inter" m'apprend la disparition de Julien Gracq. Je ne l'ai pas très bien connu, mais ce nom sonne aux amis des
lettres.
Incapable d'écrire quoi que ce soit sur lui, j'attends que les TOC me laissent le loisir de lire quelques unes de ses lignes. (Il faudra que je m'informe sur son refus à ne pas voir ses
livres publiés en "poche").
Raoul Jefe
22 décembre 2007
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"Conservation,
collection
ou accumulation ?
Où est la frontière entre la conservation, la
collection et l'accumulation ?
On sait qu'un certain nombre de documents personnels doivent être consciencieusement gardé sur le coeur (les papiers d'identité), sous le coude (les bulletins de salaire) ou sur le dos (les
factures). Certains quelques mois, voire quelques années avant prescription, d'autres à vie. Les revues imagées de vulgarisation qui traînent dans les salles d'attentes en dressent
régulièrement les listes. A chacune, à chacun d'aménager son espace et générer le volume produit par la horde paperassière. Il ne faut pas tout détruire, nous sommes bien d'accord. Il ne faut
pas réduire sa fiche de paie en confettis. Oui, mais... il ne faut pas tout garder. Il faut savoir jeter, détruire, déblayer.
Je nous ramène quelques années en arrière, à l'époque où ma jeune vie n'avait généré qu'un livret de santé. Et quelle santé !
Je n'eus pas de chambre bien à moi, et seule celle de ma grand-mère me fut allouée à sa mort. Elle allait devenir le "réceptacle" de ce que nous allons observer et voir se remplir au fil des
années ; nous allons en inventorier le contenu.
On n'y trouvera pas une collection de moteurs d'Alpine ou de bidons d'huile, de crânes de Magdaléniens ou de plumes de coquecigrues.
Non, moi, c'est le papier qui a pris le dessus. Qui n'a jamais conservé le couvercle d'une boîte de chocolat, (reproduction d'un tableau de maître ou chaumière sous la neige) me jette la
première pierre.
Très tôt, les boîtes présentèrent un intérêt certain.
Pourquoi les boîtes ?
La toute première boîte en fer blanc, joliment décorée, à laquelle j'ai attaché de l'importance, je l'ai perdue à l'école. Je devais avoir huit - dix ans. Ce souvenir remonte à la surface. La
deuxième fut celle où on plaça ma grand-mère, à sa mort. Son cercueil. Oui, je me souviens avoir dit et écrit : "Mémé, on l'a mise dans une jolie boîte."
Mes boîtes et mes cartons se remplirent donc au gré du temps et du hasard d'un inimaginable magma de papier. Les tiroirs, tablettes et autres étagères de même. Un capharnaüm et un maelström
réunis. Livres, disques, photos (tout à fait naturel) ; revues, journaux, quotidiens (acceptable) ; tickets de bus, métro, Sncf, prospectus (contestable).
Les postes "jet" et "tri" de papier ont été singulièrement affectés.
Je bataille, combats contre des moulins de papier. Je flatte et encense l'unicité de l'exemplaire (Ah ! Les manuscrits perdus !)
Vos papiers ! Je ne peux plus m'en séparer.
M'en séparer, c'est se déchirer, perdre une trace, mourir un peu.
Jet et tri de papiers"
Raoul Jefe
21 décembre 2007
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"Les TOC
annihilent une vie.
Les TOC annihilent des vies. J'ai voulu écrire sur eux, contre
eux.
Ecrire, c'est fixer.
Je me suis attelé à affiner la perception que j'avais d'eux.
J'ai voulu écrire un texte de synthèse, avec des mots-clefs : peut-être des pistes, des matériaux pour tenter de comprendre.
Le phénomène TOC : "Un petit air dans la tête"
Refaire. Revoir. Redire. Relire. Réécrire. Repasser. Relever. Retoucher. Repenser. Et finalement re-douter. Le trouble obsessionnel compulsif est une souffrance psychique caractérisée par des
pensées récurrentes, non souhaitées et déplaisantes et des comportements répétitifs souvent absurdes que la personne très anxieuse ressent le besoin irrépressible d'accomplir.
Voilà une bien étrange et cruelle maladie. Elle est très invalidante. Elle fait gaspiller beaucoup d'énergie et génère l'épuisement et l'apathie. Toutes les actions, tous les gestes, y compris
les plus anodins sont parasités car tout a une symbolique.
Pour les personnes atteintes, qui doivent livrer un combat contre le doute permanent et l'angoisse chronique, quelle conduite tenir face aux familles "effrayées", aux amis, déroutés ?
Ce mal isole, déstructure, défigure.
A la base, le champ d'action de la pensée est assiégé par la crainte infondée de catastrophes à venir.
Le sujet peut paraître futile à qui n'en est pas atteint.
Le chemin du soulagement s'établit sur deux axes : les médicaments et la thérapie comportementale et cognitive.
Mais il faut en amont accomplir un travail personnel d'analyse : identifier les obsessions et répertorier les compulsions.
La thérapie tient en deux verbes : Dépasser et survivre. Dépasser les compulsions et survivre à l'angoisse.
Dépasser et survivre"
Raoul Jefe
20 décembre 2007
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"Agence
Quelques collègues du bureau, informés par je ne sais quel vent
que je taquinais la muse ont lu ma première création "Agence". Ils veulent la monter, ici-même...
"Agence, c'est trois personnages attendant devant une agence fermée que chacun prend comme remède à son mal propre. Agence pour l'emploi, agence matrimoniale ou agence bancaire ? Le
travail, l'amour ou l'argent ? Qu'importe, celle-ci n'aidera finalement personne, mais ce sont les trois personnages qui en laissant de côté leurs nombrils, en unissant leurs qualités,
trouveront la solution à leurs différents problèmes et à leur semblable solitude."
Un soir, en rentrant du cinéma, j'ai vu une enseigne qui clignotait : "Agence". Oui, mais une agence de quoi ? J'ai griffonné quelques notes et c'est ainsi que tout a
commencé.
En écrivant cette pièce, j'ignorais que c'était du théâtre. Je n'étais pas du sérail. Ce fut dans une complète spontanéité.
J'avais "seulement" été bouleversé par "En attendant Godot" de Beckett...
Avec ma carcasse d'animal malade, avec mes bons et mes mauvais jours, avec mes silences gênés et maladroits, je me voyais mal regrouper les énergies et diriger la mise en scène. Les
personnalités des uns et des autres créa une alchimie.
Nous donnâmes "Agence"
J'ai vu une
enseigne
qui clignotait..."
Raoul Jefe
18 décembre 2007
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"Je fractionne.
Je dose.
Je fractionne. Je dose. La chanson "Il est
libre, Max" est une belle chanson.
J'ai la faiblesse de croire que j'ai lu des livres importants. Il suffit d'avoir un peu de mémoire pour remarquer, retenir et replacer quelques combinaisons.
Ces présents carnets me permettent de m'inscrire dans l'espace. Plus fictives, les intrigues théâtrales laissent transparaître les choses plus "subtiles"...
J'ai inventé un univers où gravitent des personnages meurtris.
Meurtris mais fiers.
Meurtris
mais fiers."
Raoul Jefe
16 décembre 2007
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Photo JF
"Vitrine" - Hiver 2007
Raoul Jefe
16 décembre 2007
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"Des odeurs de cuirs mouillés
et de bielles tièdes
Qu'il me serait doux de revenir au temps où les
autos étaient pour moi de drôles d'oiseaux rares : la Traction avant de mon oncle, qui nous conduisait à Vêpres ou à confesse ; la Deux Chevaux de mes frères, relique des
états sacerdortaux de mon abbé d'oncle, où leur Renault huit, douze qui nous emmenait en expédition dans le tout premier supermarché de la région ; qu'il me serait doux de retrouver
leurs odeurs de cuirs mouillés et de bielles tièdes.
Tout commence tout petit : on ne voulut pas me confier le volant du tracteur familial, privilège réservé aux aînés ; on poursuit en ne sachant pas monter les gadgets de "Pif" ; on
termine avec un TOC sévère qui vous empêche de regarder la jauge d'huile... Mais, malgré tout, on arrive à passer (et obtenir) son permis de conduire.
La voiture devient un instrument échappatoire, et seulement un instrument échappatoire, qui relie un point A à un point B.
J'ai toujours eu des guimbardes claudicantes, nécessitant autant d'huile que d'essence. Je n'ai jamais frimé grâce à mes chromes.
Fumantes, piaffantes, usées jusqu'à la corde, mes automobiles m'ont protégé de la taxation sur les grosses cylindrées mais m'ont souvent conduit à la porte du garage.
Je savais que les TOC verraient dans une voiture de quoi faire amplement leur lit. Pour un névrosé obsessionnel, outre le fait qu'elle soit un gouffre financer, la voiture surmultiplie les
sources de désagréments.
Ma mère disait que "j'avais toujours le cul sur la voiture". Il est vrai que cet habitacle me paraissait hospitalier ; j'étais enfin chez moi, libre, détendu.
Pour tromper l'ennui, j'avais mis au point deux sortes d'itinéraires. Le premier était rural, le second urbain.
Pour le premier, je disais : "Je vais faire un tournant" ou "un tourniquet". Et je roulais à l'aventure dans la campagne, en chantonnant le plus souvent et en m'inventant des
autos-interviews.
Le second me conduisait en ville, le soir venu.
Pour tenter d'apaiser mes angoisses abyssales, j'ai vécu ces déambulations nocturnes comme autant de chemins de croix.
De quoi était-il question ?
D'une quête douloureuse d'affection et d'âme soeur.
Sur l'usure des gommes et l'explication d'un kilométrage, questionnez-moi.
Mes pneus n'ont pas fait crisser le gravier des parkings de boîtes de nuit. Ils me ramenaient toujours vers les lieux de rencontres faciles et inopinées. Le coeur battant, la peur chevillée au
ventre, j'entrai dans ce que je savais être une spirale ; j'allai au-devant d'un sexe qui me tournait le dos.
Sur un plan-guide de la ville, j'ai mis en évidence, avec un marqueur moderne, le circuit jalonné par les "Pharmaciennes" et les "Chevaliers d'Eon", de la rue de la
Verge d'Or au cours de l'Orbite : un quartier cerné, transformé en souricière où les obsessions-compulsions avaient pris le volant. J'étais contraint de faire la navette
devant des murs, des trottoirs et des bottes...
Voiture folle. Douleur au compteur.
J'ai roulé, roulé, roulé dans la ville... J'ai tourné, tourné, tourné... Un TOC grandeur nature...
De la rue de la verge
d'or
au cours de l'orbite"
Raoul Jefe
15 décembre 2007
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"Manger :
un plaisir ou une nécessité ?
Manger est une nécessité. Mais c'est aussi un
plaisir. A 14 ans, le petit garçon de la campagne que j'étais, rustaud et costaud, mangeait-il plus que de raison ? Compensait-il déjà ? Ce que je sais, c'est que ma mère disait : "Il vaut
mieux faire envie que pitié". Ce que je sais, c'est que la piquette-maison, un petit vin pas plus de 10° toujours coupé avec de l'eau mettait un peu de coton dans ma tête. Y-a-t-il
eu surconsommation d'alcool ?
Manger, c'est "se mettre à table", échanger des propos, des ragots. C'est la situation d'échange et de convivialité par excellence. Rompre la mie ensemble.
Des daubes silencieuses aux soupes à la grimace, que s'est-il passé ? Que reste-t-il de ces rassemblements familiaux redoutés, où le gras ourlait et les assiettes et les plaisanteries : les
reproches et les longues attentes, fragilement colmatées par la moelle des os du pot-au-feu ; les musellements des bestiaux et le clouage de bec des albatros ?
Pourquoi se mettre à table pour la partager n'est pas allé sans poser d'énormes difficultés : étreint par la peur, il m'était devenu impossible de saisir un verre et l'amener à mes lèvres (d'où
peut-être l'expression "Il y a loin de la coupe aux lèvres") sans être agité de tremblements ?
La peur encore : pourquoi devenir rouge comme une écrevisse et se fermer comme une huître ; les gestes incoordonnés, le faciès animé de vilains rictus, le regard affolé ne sachant où se poser ;
la pleine conscience de la terrible image renvoyée ?... Face décomposée par l'effroi. Mange ! Ca va être effroi...
La peur toujours : celle de paraître comme un benêt, sans esprit de répartie, muet comme la carpe qu'il a du mal à dépecer ; perclus de frayeur à l'évocation d'un mot ou d'un thème, d'un fruit
de mer à décortiquer ou d'une escalope rétive...
La peur, la peur : celle d'être tombé, à cause d'un TOC majuscule, dans la boulimie....
Manger, c'est aussi laisser s'échapper toute sa condition.
Amusez-vous un jour à repérer, au cours d'un repas les "charnières inter-conversations", les associations d'idées, habilement amenées ou déplacées. Qui tient le crachoir ? Qui se tait ?
(Nathalie Sarraute a écrit quelque chose d'important là-dessus : "Le silence".
Qui tient le crachoir ?
Qui se tait ?"
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Après-coup
BREL A LA TELEVISION
"Ils se poussent du coeur
pour être le plus triste
Ils se poussent du bras
pour être le premier
Z'ont amené des vieilles
Qui ne me connaissaient plus
Z'ont amené des enfants
Qui ne me connaissaient pas."
Jacques Brel (Le tango funèbre)
Allez, ne boudons pas notre plaisir. "L'imprime intime" de ce soir à la télévision n'était pas si mauvais. Je m'attendais à pire. Ma perplexité d'hier soir à
laissé place au bonheur pur de revoir Jacques Brel chanter et parler. Sur Florent Pagny, avouons qu'il a su, voulu ou accepté de doser ses apparitions, si bien qu'on ne peut lui en vouloir
d'avoir devancé l'appel (Voir mon billet d'hier).
Je n'ai pas retenu grand chose de son interprétation personnelle et peut-être faut-il que je m'en excuse ? Mais c'est pareil avec les autres : Isabelle, Juliette, Nina, Serge, Pierre,
Claude, Franck... Sauf Maurane peut-être ferait exception...
Reste à retenir un Brel patrimoine commun, où chacun peut se reconnaître., tant cet être unique a transcendé des thèmes universels.
Pour peu que l'on sache déceler le goût de Brel, peu importe l'accomodement.
Allez, vous reprendrez bien encore un bonbon, c'est la saison, et remettons nous-en à "la pendule d'argent"...
JF
Raoul Jefe
14 décembre 2007
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DEUX COLONNES DE CUIR
Deux mains à plat sur le plancher, la tête basse,
Front au sol, corps plié comme une lettre recommandée,
En papier vergé, à expédier toutes affaires cessantes,
Au guichet des envois en souffrance
Je voyais briller
Deux colonnes de cuir.
Je sentais sous la pulpe de mes doigts
Deux colonnes de cuir,
Maîtresse de céans, maîtresse de séance,
Maçonne du plaisir, artiste du construire
le "A' dessiné de ses cuisses laissait luire
Deux colonnes de cuir...
Deux colonnes de cuir...
Dans la maison des éléphantasmes,
Le dédale des couloirs, l'enfilade des boudoirs,
Le bois crissant des chambres palatines,
Les fouets brillants de la cire d'abeille
Sont chauds de mains,
Et l'on entend, au bout d'un corridor,
Un alangui qui gémit.
La muraille des jambes rend impossible de fuir.
Deux colonnes de cuir...
Deux colonnes de cuir...
Dans un trou du plancher,
Quelques écus dorment-ils ?
Et le buffet-dressoir, fier de ses ustensiles
Arbore de fières matières de buffet d'hier,
Le pourpre et l'écarlate ; le cramoisi et le rubicond,
Le coquelicot et la cardinalice.
Mon dos-chevalet accueille les zébrures,
Maîtresse de céans, maîtresse de séance,
Peintre de mon académie, en des formes cubiques.
Lorsque minuit sonne sur un talon-aiguille,
Et qu'il égrenne les secondes, les minutes et les heures,
Et qu'il est, hélas temps de quitter la demeure,
J'emporte dans ma tête, au moment du sortir
Deux colonnes de cuir...
Deux colonnes de cuir...
Au paradis, vert latin,
J'y entendrai encore bruire
Deux colonnes de cuir...
Deux colonnes de cuir...
Joël Fauré
PS : Il n'est pas interdit d'avoir en tête, à la lecture de ces mots la mélodie de mon grand ami Claude Nougaro, que j'ai très bien connu "Quatre boules de cuir"...
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BILLET D'HUMEUR
BREL
POURQUOI FLORENT PAGNY DEVANCE-T-IL L'APPEL ?
Je l'ai appris comme vous, Florent Pagny, (bonne voix ma foi ; belle gueule ; pas en échec) est un admirateur de la première heure
de mon grand ami Jacques Brel, que j'ai très bien connu.
Bon.
Ne voilà-t-il pas que notre homme plante des chrysanthèmes avant même que le vieux Brel ait pu connaître ses trente ans de tombeau. Jacques Brel est mort à l'âge de 49 ans
le 9 octobre 1978, à quatre heures trente du matin, chambre 305, à l'hôpital franco-musulman de Bobigny.
Il est sans aucun doute légitime de s'y référer.
Pourquoi donc cette hâte à vouloir célébrer le disparu ?
Suis-je jaloux ? Ai-je ourdi quelque commémoration opportune dans mon petit coin ? Suis-je grillé sur l'autel des grands messes auxquelles nous allons assister, dès le prochain automne ?
Que non ! Je pense à Brel tous les jours.
Mais je suis en droit de m'interroger.
Et la digestion de ce que j'ai lu ici ou là me laisse perplexe.
Que Florent Pagny, homme public, chanteur, fasse son métier ne me gêne pas. Ce qui me dérange plus, c'est le retentissement que j'en ai eu.
Je veux bien fermer les yeux, me boucher les oreilles, et me faire ma propre opinion.
Florent Pagny sort un disque avec 11 titres de Grand Jacques.
France 2 lui -leur ?- consacre une soirée demain.
"Ah ! je les vois déjà
Me couvrant de baisers
Et s'arrachant mes mains
Et demandant tout bas
Est-ce que la mort s'en vient
Est-ce que la mort s'en va ?
Est-ce qu'il est encore chaud
Est-ce qu'il est déjà froid ?"
Jacques Brel (Le tango funèbre)
JF
Raoul Jefe
13 décembre 2007
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20:07
Une image vaut mille mots.
Croquis de table pour "La cage" (Joël Fauré)
Raoul Jefe