6 novembre 2007
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"Ma "maladroiture"
était touchante
Ma "maladroiture" était touchante. Ma sauvagerie aussi.
Lorsqu'un samedi soir, je me décidai, avec un camarade d'enfance, à aller boîte de nuit, je fis montre du plus paralysant des complexes. Sur la piste de danse, je tâtai du bout des orteils, à
la manière de ces baigneurs qui se renseignent sur la température de l'eau. Une musique disco était distillée par d'énormes bafles ; des danseuses et des danseurs se déhanchaient. Je me
hasardai parmi eux et entamai une gesticulation anarchique à effet immédiat : le ridicule ne me tua pas mais il m'étreignit si fort que j'intimai aussitôt à mes pieds de regagner le plancher
des vaches. Je passai le reste de la soirée et une bonne partie de la nuit cloué sur un fauteuil à regarder vivre les autres.
Je ne voulus pas rester sur cet échec. Le week-end suivant, je retournai, avec le même camarade, dans une autre discothèque. Il y eut un petit mieux. Je me glissai sur la piste de danse et, au
jugé, en observant autour de moi, je tentai de suivre la cadence donnée par la sono et les tubes de l'époque.
Les danses en solo étaient jouables.
Restaient à domestiquer les slows torrides et langoureux.
Ce fut une autre paire de manches, de veste bien entendu, de celles qui se taillent habituellement en ces endroits.
Les filles me restaient si lointaines ; leurs peaux, leurs parfums, leurs lèvres étaient si distantes, tout comme leurs corps, leurs visages, leurs beautés, leurs grâces que j'admirais mais ne
savais pas honorer : où mettre les mains ? Que faire de ses pieds ? Que dire ? Que ne pas dire ?
J'ai vécu, dans mon adolescence, l'absence de danse comme une amputation.
J'ai vécu l'absence de danse
comme une amputation"
Raoul Jefe
5 novembre 2007
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J'ai accompli
36 métiers 36 misères
Au nom d'une mauvaise santé, d'une difficile adaptation, et aussi de compétences
restreintes, j'ai accompli 36 métiers 36 misères : empaqueteur dans une fabrique de boîtes de conserves (3 jours), manutentionnaire dans une coopérative laitière (15 jours), ouvrier saisonnier
dans des vergers, laveur de vitres, colleur d'affiches. Et le reste du temps, je retournai, les yeux à terre, le dos courbé, presque en me cachant des miens, pointer au chômage.
Le dos courbé : pourquoi l'était-il à ce point ? Le poids des échecs faisait-il un travail de sape sournois ? Je demandai à consulter la COTOREP. Cet organisme se charge de réinsérer les tordus
et les canards boiteux après les avoir reconnus travailleurs handicapés. Ma voûte dorsale dût faire impression, mon genu valgum sut se faire remarquer ; les tests d'efforts se firent éloquents
; quand à ma tête...
Je fus reconnus travailleur handicapé.
Des portes allaient s'ouvrir. Les portes des écoles, des centres de "recyclage", mais aussi celles de la "Fonction Publique"
On m'assura que je pouvais devenir un honnête employé de bureau.
On me demanda d'attendre.
Attendre. Avoir à marcher seul, à parler seul, à attendre seul. A rouler dans ma vieille 4L, en jetant de temps à autre un regard furtif sur le siège passager, désespérant de vacance,
de béance. A regarder les livres d'images, toujours aussi brouillées.
Mon image de garde, qui s'était, on l'a lu, peu à peu éclaircie, était maintenant d'une parfaite netteté.
C'était une belle femme, debout, toute de cuir bardée, inévitablement chaussée de fascinantes bottes-cuissardes, la badine toujours à la main, et qui me disait : "A genoux, à mes pieds
!".
Cupidon n'arrivait pas. Cendrillon et le Chat Botté s'approchèrent un peu plus.
C'était une belle femme
inévitablement chaussée
de fascinantes bottes-cuissardes...
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Brèves :
Workperfect pour sexworker
Libé offre aujourd'hui deux pleines pages et une accroche en une à quelqu'un qui, je le crois, les vaut bien.
Jacky Durand pour le texte et Bruno Fert pour les images ont réussi une bonne synthèse et sont allés à l'essentiel sur un sujet pas vraiment facile.
Un homme, 47 ans, a fait le tour d'une question essentielle, et assume aujourd'hui ce qu'il est : un érotomane raisonné. Il a compris qu'il existait des histoires de coeur, des histoires
de corps et des histoires de cul. Notre homme est "un tiers militant, un tiers sexothérapeute, un tiers sex worker".
Il n'a pas compris pourquoi, lorsque Chirac a été élu avec ses plus de 80 % de suffrages, avec une priorité : combattre l'insécurité, la première priorité a été de punir le racolage !
(Désolé, mais sans le racolage, je serais encore puceau et en plus mauvais état que je ne suis.)
Tout le reste est à lire dans Libé.
Moi, le fétichiste revendiqué, je retiens dans mon musée personnel deux photos assez magnifiques pour qu'elles aient sucité cette brève : une cuissarde rouge en gros plan, posée sur la
couverture, et deux mains qui finissent de l'enfiler ; et la même cuissarde rouge (mais noire et blanche), semelle sur un coussin, le haut de la tige qui s'évase et un personnage masqué
qui y dépose un baiser...
*
Comme un tableau fauve
Lorsque Flaubert a achevé sa "Madame Bovary", il aurait dit : "Ca y est, j'en ai fini avec ma Bovary. Qy'est-ce qu'elle m'a fait suer !"
Bien plus modestement -quoique- je viens de mettre un point final à une biographie sur une dame qui a beaucoup compté pour moi. Elle s'appelait Jeannette Mac
Donald, c'était une dompteuse de lions célèbre dans les années 50. Son cirque a brûlé ; elle s'est retrouvée ruinée et
a terminé sa vie dans la misère, dans une forêt, sans electricité, sans eau courante, sans téléphone (et même sans internet !) à deux pas de chez moi.
Il paraît qu'un biographé tue son biographe. Non seulement je ne suis pas mort, mais je vais défendre ce texte.
JF
Raoul Jefe
4 novembre 2007
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Cliché P.C.
"J'ai successivement été fils de pêcheur en Espagne, photographe hollandais, (...)
clown, dompteur-poète et monsieur Loyal en grandes bottes..."
Joël Fauré (Carnets)
Raoul Jefe
4 novembre 2007
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Des micros ont fleuri
à chaque coin de rue.
Des studios et des micros ont fleuri à chaque coin de rue. Mon chef-lieu de canton n'avait
pas échappé à la mode : "Radio Musique" émettait depuis un tout petit local, sur une place, entre l'église et le bistrot. Je rendis visite. C'était une première : je pénétrai dans "la
salle des machines", dans les coulisses d'une radio. En fait, il s'agissait d'un minuscule espace régie et d'un studio, avec un équipement des plus élémentaires : une table de mixage, deux
tourne-disques et trois micros amarrés à une table, derrière un aquarium de rigueur.
Presque instinctivement, je proposai mes services, bénévoles bien sûr. Sans rien me demander d'autre que mon prénom, on me donna les clefs et on me laissa carte blanche. Le soir même, avec un
copain qui avait quelques connaissances en technique son, je fis mes premiers pas sur les ondes. J'avais réussi à persuader l'historien local, bien plus familier des grimoires poussièreux que
des appareils électro-accoustiques à venir distiller son savoir et essuyer les plâtres.
Notre entretien radiodiffusé en appela d'autres.
J'eus ainsi la chance, dans les radios où l'on voulut bien faire appel à moi, sans autre rétribution que la gloire acquise dans ma famille et chez deux ou trois inconditionnels, d'employer mes
cordes vocales et les quelques mots qui les faisaient vibrer.
Dans le même temps et le même esprit, je pris contact avec une troupe de théâtre amateur. "Faire l'artiste", "Changer de peau", se glisser, le temps d'un maquillage dans la
vie de quelqu'un d'autre, quitter ses pantalons côtelés et ses guêtres traînant sur une vie trop plate pour se ceindre d'assurance et de ceintures dorées : voilà le vrai programme de ces
compagnies où l'on trouve pêle-mêle toutes celles et tous ceux qui veulent brûler les planches autrement que dans la cheminée du salon.
Je devins "José Carrar", fils d'une humbe famille de pêcheurs, fils rebelle, désireux de rejoindre son frère, déjà au front durant la guerre d'Espagne, et ce malgré la volonté de sa
mère, hostile aux armes. Un rôle de composition pour cette pièce d'un auteur consacré : "Les fusils de la mère Carrar", de Bertolt Brecht.
Sur scène, j'ai un peu laissé ma timidité au vestiaire. Un ami, fondateur d'une petite troupe de cirque, m'a aussi demandé de présenter ses spectacles. J'ai été successivement fils de pêcheur
en Espagne, photographe hollandais -avec perruque blonde-, présentateur de variétés (Bruno Brel, le neveu de Jacques), clown, dompteur-poète et Monsieur Loyal en grandes bottes, mais mon
meilleur rôle a toujours été l'un des "deux nigauds" de la Comtesse de Ségur.
Mon meilleur rôle
a toujours été
l'un des "deux nigauds"
de la Comtesse de Ségur
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Brèves :
Publicité mensongère
Une revue sur papier glacé odoriférant, paraissant le samedi, jointe avec un quotidien qui commence par F et se termine par O, a attiré mon attention. J'y
apprends qu'une campagne lancée par l'Institut Curie le 20 octobre prédit :
"Un lecteur de ce magazine [et donc de ce blog] sur deux sera atteint d'un cancer au cours de sa vie."
Dans le métro, elle change ses mots : "un passager sur deux" ;
A la radio, un auditeur sur deux...
Bref, tout pour que personne ne s'échappe...
Plus loin je journaliste, après s'être un peu inquiété, demande : "Le message aborde-t-il le thème de la guérison ?" "Bien sûr, répond l'interviewé. Un malade sur deux
guérit de son cancer."
Ouf, c'est que ça change la donne tout ça... On est déjà à un sur quatre...
Je crois que je me sens des calculs là où il ne faut pas...
*
"Au théâtre ce soir" hier soir.
J'ai été l'espace d'un soir, hier, réconcilié avec la télévision. France 2 a eu l'audace de diffuser en direct du théâtre Edouard VII une pièce de
théâtre.
Pas un couac, pas un trou mais plutôt une belle stimulation chez la belle brochette de comédiens, remarquables : Michèle Larroque, Pierre Arditi, François Berléand
et Yves Lemoine mis en scène par Bernard Murat.
Il faut dire que leur jeu était mis au service d'un grand classique du boulevard et d'un esprit alerte : rien moins que Sacha Guitry dans "Faisons un rêve"... Le triangle
classique : le mari, sa femme, l'amant dans le petit rectangle...
Attendons les chiffres de l'audience...
JF
Raoul Jefe
2 novembre 2007
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Dessin original Alain Barbe
"La bande FM est libérée. (...) de nombreux bafouilleurs s'improvisent grands animateurs".
Joël Fauré (Carnets)
Raoul Jefe
2 novembre 2007
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Ce morceau de vie est dédié
à Régis.
Avec l'arrivée des socialistes au pouvoir, la "bande FM" est libérée. Liberté de ton, liberté
d'expression, de nombreuses radios locales privées, autorisées ou pirates sortent de la plate-bande comme des champignons : vénéneux ou comestibles. Avec plus ou moins de bonheur, de nombreux
regroupements se baptisent "radio" et n'ont de "radio" que le nom. Mais tant pis, c'est l'euphorie : des soudeurs de Mécano se parachutent techniciens et des bafouilleurs s'improvisent
grands animateurs.
J'avais toujours été fasciné par la radio, supérieure en tant que vehicule du verbe, à la télevision.
Lorsque j'allais au collège, mon premier réflexe, au réveil, était "d'ouvrir" Europe 1. Les voix de Maryse et de Philippe Gildas me parlaient puis s'arrêtaient ; un
disque partait ; les voix revenaient, chaleureuses, graves et sensuelles, amie. En une belle parade suivaient les prévisions de Madame Soleil, Pierre Bonte et "Vive la vie",
la météo d'Albert Simon et son timbre de voix infalsifiable, "Faites vos prix" et ses auditeurs au téléphone tandis qu'une réclame annonçait : "Tout doit disparaître
aux galeries Barbès !" C'était sans bavure, sans éclaboussure ; c'était propre. Je m'interrogeais secrètement sur la recette pour donner une cohérence à tous ces ingrédients.
C'était sans bavure,
sans éclaboussure
Raoul Jefe
1 novembre 2007
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A Fripounette
Les échecs répétés
m'obsèdent
Les échecs répétés m'obsèdent. Ma Renault 4 avinée me ramène en ville une douce nuit
d'avril. Je m'engage dans la noria des véhicules, dans le vaste manège qui tourne, tourne jusqu'à donner l'ivresse, dans ce quartier d'affaires où l'amour est tarifé. Après quelques tours de
carrousel, je me gare, et le coeur battant, haletant, je me dirige vers une grande dame de "petite vertu". J'avais répété la scène dix, vingt fois dans ma tête et je m'étais promis de jouer les
"machos", les marins "qui ont une femme dans chaque port". Après les traditionnels pourparlers pour aimer, je suis reçu dans une grande chambre aux couleurs assez gaies, avec un grand lit. Un
électrophone trône dans un coin, avec des disques d'Edith Piaf, dont on célèbre cette année-là le vingtième anniversaire de sa disparition.
"La fille de joie est belle / Au coin de la rue là-bas / Elle a une clientèle / Qui lui remplit son bas..."
Sur les indications de mon hôtesse, personnage de chanson de Piaf, Brassens, Reggiani et Brel, j'ai surmonté et mon trac et son corps, ce long corps de femme
échancré en son milieu et j'y ai fait jouer de mes hanches le hochet que l'on avait pris soin de plastifier.
Enfin, je faisais l'amour.
Ce ne fut pas décevant ; ce ne fut pas exaltant : ce fut simplement un acte naturel et orinaire de la vie, accompli en me cachant des miens, dans l'artifice d'une étreinte où l'on ne se dit pas
: "Je t'aime".
J'ai surmonté
et mon trac et son corps
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Brèves:
CE NE SONT QUE QUELQUES MOTS
Ce ne sont que quelques mots. De simples mots mis bout à bout. Tous les mots sont dans le dictionnaire. Les mots sont à
tout le monde. La valeur de ce qu'il représentent, non. Tout dépend de qui les dit et qui les reçoit.
"- Joël ?
- Oui ?
- C'est Victor. Vous pouvez publier. Léopoldine me charge de vous saluer."
Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
Victor Hugo
(Les contemplations)
Raoul Jefe
31 octobre 2007
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Illustration de Henry Gerbault.
Carte publicitaire offerte par RICQLES
Qu'il me soit permis de rendre ici hommage aux lecteurs et trices qui "se passent de commentaires", mais me parlent de mon blog "dans la vie en vrai".
C'est une expérience étonnante, un peu comme si vous aviez l'impression de sauter sans parachute alors que vous avez un parachute...
Pour vous remercier et faire "passer" mes carnets -mes tripes et mon cerveau sur l'écran- voici pour vous une image plus "légère".
La légende dit :
"Le petit Poucet chaussa les bottes de 7 lieues et reconnaissant des services que lui avait rendus le Ricqlès il parcourut le monde entier pour faire connaître dans tous les
pays les bienfaits de cet excellent produit."
Raoul Jefe
31 octobre 2007
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Cette page de carnet
est dédiée à Laurence,
de la maison Jean Gaborit.
Je maintiens que cette entreprise fabrique des bottes et des cuissardes belles à tomber, à en pleurer.
Je persiste et je signe.
"Les filles
qui ne posent pas de question"
Je ne vais toujours pas danser le samedi soir : le complexe en profite pour
prendre de l'ampleur. Je n'use les semelles que sur le linoléum de ma chambre, ma "boite d'ennui".
Est-ce lui, l'ennui, qui va conduire mes pas chez les filles qui ne posent pas de questions ?
De maigres économies me permettent de faire un voyage rapide à Paris, en chemin de fer, pour assister au spectacle du Cirque de Pékin, au Palais des Congrès. Et aussi pour m'échapper de
"l'accablante ruralité".
Je ne sais pourquoi Paris m'a toujours fait des signes amicaux. Je "montai" donc dans la capitale pour voir le cirque de Pékin, superbe, avec ses gymnastes, ses artistes d'agileté et ses
animaux symbolisés.
Mais les attractions n'étaient pas toutes au cirque.
Une promenade de piéton de Paris réussit à m'en convaincre, s'il en était encore besoin.
La rue Saint-Denis, dont la réputation n'est plus à faire, offre un étourdissant aperçu de ce que le sexe peut engendrer : des commerçantes pour consommateurs pressés ou mal informés. J'en
étais.
Je négociai les charmes de celle qui avait fait l'objet de mon choix : il fut mauvais.
Expéditive et peu amène, la fille, devant l'absence de participation de mon sexe, me renvoya avec mes gros sabots dans ma campagne.
Ce nouvel échec m'éprouva beaucoup.
Dans un square de la capitale, sur un banc public, là où d'autres se bécotent, je ruminai mon chagrin d'amour sans amour.
Jamais, non, jamais, je n'arriverai à le faire.
Pourquoi donc ne m'en avait-on pas parlé ?
"Je ruminai
mon chagrin d'amour
sans amour"
J'AIME LES COUPS...
... de fil sympas.
Avec l'ordinateur "Marthe Fauré", j'avais presque oublié qu'il existait des téléphones.
Coup de fil sympa de Didier Albert, directeur du Théâtre de Poche : il va fêter les 10 ans de son théâtre. Il veut organiser des lectures-spectacles. Il me demande s'il
peut donner un de mes textes.
Coup de fil sympa de Yoann Hervein, de France 2 (ex Pink TV, (Yoann, pas France 2 !) : Il prépare un sujet sur le fétichisme pour la
nouvelle émission "Tabous", diffusée deux fois par mois en deuxième partie de soirée et il recherche un fétichiste.
C'est Jean Streff et Catherine Robbe-Grillet qui lui ont soufflé mon nom. Mon égo s'hypertrophie. Nous sommes en "repérages". Je ne sais pas si l'émission se fera.
Coup de fil sympa à Catherine Robbe-Grillet (Jeanne de Berg) : C'est toujours un honneur et un bonheur de converser avec elle. Elle me parle d'Aurora.
Coup de fil sympa à Sylvie Roux, de "La Dépêche du Midi". Elle prépare un papier sur le fétichisme. Il est "listé" dans les sujets à traiter de la rédaction. Je lui
demande si elle n'a pas peur du prude "Courrier des Lecteurs". C'est difficile de faire un papier sur le fétichisme, en province... On doit se voir...
Coup de fil sympa à Jean Streff : J'aime toujours sa liberté de ton. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages-culte : "Le masochisme au cinéma" et "Le traité du
fétichisme à l'usage des jeunes générations". Je suis heureux qu'il fasse partie du jury du Prix Sade.
JF
Raoul Jefe
30 octobre 2007
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Cette tranche de vie
est dédiée à Beverly C.
"L'approche du sexe opposé
est bien laborieuse"
L'approche du sexe opposé est décidement bien laborieuse. A ces difficultés vont venir se
greffer de nouveaux accidents de santé. Je me savais hyper-anxieux, hyper-émotif, apeuré au moindre bruissement, au moindre changement de position ; je savais que mes nerfs avaient été,
jusqu'ici, mis à rude épreuve mais j'ignorais que cet état puisse prendre un étendard pour mieux s'imposer.
Et c'est alors que le psoriasis a fait sa grande apparition sur ma géographie.
Le psoriasis est une affection - une affection ! - cutanée qui s'illustre par des plaques rouges recouvertes de squames blanchâtres. Ma peau accueillit de bonne grâce cet intrus qui dut s'y
sentir bien et s'y installa en pays conquis. Il amena avec lui une de ses semblables, la séborrhée, qui choisit comme lieu de prédilection le cuir chevelu.
Pour un mariage de raison, la séborrhée et le psoriasis s'unirent en un sébo-psoriaris du meilleur effet. Ils choisirent pour siège social mon visage pour que tout se sache et se voie. L'effet
de la cause et la cause de l'effet.
Le psoriasis exhiba ses plaques rouges dans mon dos, sur le torse, le pubis, dessina la carte du monde sur mon cou, avec des colonies sur les ailes du nez et sur le front.
Tous les soirs, je me couchai en évitant de regarder mon corps, après m'être beurré de crème à la cortisone. Dans le cuir chevelu, les glandes sébacées hypersécrétèrent leur sébum : les cheveux
devinrent aussi gras que des frites. Il me fallut utiliser un shampooing au goudron : après usage, je dégageai une odeur semblable à celle d'une route nationale en plein soleil, à deux heures
de l'après-midi, en plein mois d'août. L'idéal pour "tomber les nanas" et "se dégoter une gonzesse" dixit la sagesse populaire.
"Tomber les nanas et
se dégoter une gonzesse"
Raoul Jefe