4 octobre 2007
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"... le mode d'emploi du sexe."
Mes origines sont paysannes. Ma mère est la cadette d'une famille de dix enfants, issue de cette rude terre de l'Aveyron que
l'on travaille et qui nourrit. Une famille humble, laborieuse, conservatrice, très croyante.
Mon père est fils unique. Ca rétablir l'équilibre dans les rassemblements familiaux. Il perdra son propre père très tôt, et devra en quelque sorte se substituer à lui pour "mener" l'exploitation familiale, enracinée à Buzet : quelques arpents de terre et un attelage de lourdes vaches de labour. Pour seconder aussi sa mère , qu'il vouvoie et n'a guère le temps de plaisanter. Pour ce qui est de l'éducation, quelques jours d'école, l'espace d'une jachère, suffiront à inculquer de rudimentaires connaissances.
Grandi sans exultation, sans exaltation, et peut-être sans beaucoup de tendresse, on comprend qu'il n'ait pas su lui-même en dispenser, plus tard, autour de lui.
Mes parents se marièrent un jour de pluie ("mariage pluvieux, mariage heureux" ?) le 1er octobre 1949 à Lestrade-Thouels, département de l'Aveyron. Après la cérémonie, ils revinrent s'installer à Buzet-sur-Tarn, dans la ferme des "Rouquiès". De leur union naîtront deux fils jumeaux en 1950.
Douze ans plus tard -un accident, une bêtise- le 5 octobre 1962, à 19 heures, à l'hôpital toulousain "Lagrave" (L'hôpital "Lagrave" !) votre serviteur poussa son premier cri.
J'imagine les quelques visages qui se sont penchés sur le berceau du petit retardataire : mes parents bien sûr, mes frères, une myriade d'oncles et de tantes, et de cousins déjà, la fée Mélusine, la fée Carabosse, une seule grand-mère (paternelle) et une seule arrière-grand-mère, paternelle aussi.
Mes parents travaillèrent la terre, firent pondre quelques poules, élevèrent des cochons, des canards, des dindons et leurs trois enfants, avant de quitter les travaux des champs. Mon père partit travailler en usine, "Chez Baudou", une manufacture de caoutchouc, et ma mère devint aide-ménagère.
Ils confièrent leurs parcelles de terre à un fermier et firent construire une maison, à deux pas de leur ancienne demeure.
On ne m'a jamais donné le mode d'emploi du sexe. Ecarté des instructions des troupes, je ne pus que grossir les rangs des obèses de l'ignorance en matière sexuelle, puis ceux des frustrés de service.
A 14 ans, gros garçon joufflu et ventru, je fus une cible facile pour les railleries et les brimades qui modèlent en les cabossant les personnalités.
Des phrases assassines fusèrent, du genre : "Tu as vu comment il est gaulé, Fauré ?" ou plus allusives : "Tu t'es pas encore tiré une gonzesse ?" A mon corps non défendant, si encombrant, on remarque des saillies, des bizarreries : mon plastron s'orne de deux amas de graisse, tétines ou tétons, poitrine où pendouillent deux seins aberrants. Alors, bien sûr, entre autres flèches empoisonnées : "Tu veux un soutien-gorge ?"
Mon père est fils unique. Ca rétablir l'équilibre dans les rassemblements familiaux. Il perdra son propre père très tôt, et devra en quelque sorte se substituer à lui pour "mener" l'exploitation familiale, enracinée à Buzet : quelques arpents de terre et un attelage de lourdes vaches de labour. Pour seconder aussi sa mère , qu'il vouvoie et n'a guère le temps de plaisanter. Pour ce qui est de l'éducation, quelques jours d'école, l'espace d'une jachère, suffiront à inculquer de rudimentaires connaissances.
Grandi sans exultation, sans exaltation, et peut-être sans beaucoup de tendresse, on comprend qu'il n'ait pas su lui-même en dispenser, plus tard, autour de lui.
Mes parents se marièrent un jour de pluie ("mariage pluvieux, mariage heureux" ?) le 1er octobre 1949 à Lestrade-Thouels, département de l'Aveyron. Après la cérémonie, ils revinrent s'installer à Buzet-sur-Tarn, dans la ferme des "Rouquiès". De leur union naîtront deux fils jumeaux en 1950.
Douze ans plus tard -un accident, une bêtise- le 5 octobre 1962, à 19 heures, à l'hôpital toulousain "Lagrave" (L'hôpital "Lagrave" !) votre serviteur poussa son premier cri.
J'imagine les quelques visages qui se sont penchés sur le berceau du petit retardataire : mes parents bien sûr, mes frères, une myriade d'oncles et de tantes, et de cousins déjà, la fée Mélusine, la fée Carabosse, une seule grand-mère (paternelle) et une seule arrière-grand-mère, paternelle aussi.
Mes parents travaillèrent la terre, firent pondre quelques poules, élevèrent des cochons, des canards, des dindons et leurs trois enfants, avant de quitter les travaux des champs. Mon père partit travailler en usine, "Chez Baudou", une manufacture de caoutchouc, et ma mère devint aide-ménagère.
Ils confièrent leurs parcelles de terre à un fermier et firent construire une maison, à deux pas de leur ancienne demeure.
On ne m'a jamais donné le mode d'emploi du sexe. Ecarté des instructions des troupes, je ne pus que grossir les rangs des obèses de l'ignorance en matière sexuelle, puis ceux des frustrés de service.
A 14 ans, gros garçon joufflu et ventru, je fus une cible facile pour les railleries et les brimades qui modèlent en les cabossant les personnalités.
Des phrases assassines fusèrent, du genre : "Tu as vu comment il est gaulé, Fauré ?" ou plus allusives : "Tu t'es pas encore tiré une gonzesse ?" A mon corps non défendant, si encombrant, on remarque des saillies, des bizarreries : mon plastron s'orne de deux amas de graisse, tétines ou tétons, poitrine où pendouillent deux seins aberrants. Alors, bien sûr, entre autres flèches empoisonnées : "Tu veux un soutien-gorge ?"
"... où pendouillent
deux seins aberrants."
deux seins aberrants."