15 avril 2011 5 15 /04 /avril /2011 21:19
LES TIMBRES DE L'ORTHOGRAPHE
 MAL AFFRANCHIS  
Université Toulouse 1. Finale régionale des "Timbrés de l'orthographe"A la manière de "Où est passé Charlie ?" , saurez-vous repérer Fauré ? Photo "La Dépêche du Midi" - Thierry Gausserand
Il faut se rendre à l'évidence : il y avait un vide sidéral frisant le flou juridique depuis feue la fameuse dictée de Pivot, greffon transgénérationnel de celle de Mérimée.
Rendons donc grâce à un conglomérat d'acteurs majeurs dont on lira le pédigrée sous le renvoi de cet astérisque * d'avoir émis un joli bruit, dans le tumulte du monde, celui-là même auquel Maître Capelo venait juste d'avoir la mauvaise idée de s'abstraire.
Sur l'appellation, on ne tiquera pas : "Les timbrés de l'orthographe" sont aussi kitsch que "Les dicos d'or".
Si l'initiative est à saluer sur le fond, c'est pour cette prise de défense de "la langue de chez nous" qui tend à se paupériser à vue d'oeil et perte de plumes.
Il en va autrement de la forme. Assez fiérot - pourquoi le taire ? - d'être de ceux-là un peu triés et invités à concourir pour les finales régionales des susdits "timbrés", il m'a été donné de subir "in vivo" l'épreuve proche de l'accouchement sans péridurale.
Université Toulouse 1 Capitole. Amphithéâtre Michel Despax. Place 277. Malgré mes oeillades à la jolie brune deux degrés plus bas, je me concentre sur ma copie logotisée, vierge pour l'instant.
C'est à 14 heures 30 précises que le drame a éclaté. Loin l'Afrique. Loin le Japon. Les affres étaient là, dans un film impersonnel projeté sur un écran crevé, où le dernier brasseur en activité, Philippe Delerm, débitait sa dictée. Quand soudain des travées les cancres de la ville "Prose" se sont révoltés : "Ca va trop vite !" ; "On n'entend rien !"
Ici, on est au pays de la castagne. Il a fallu appuyer sur le bouton "pause" et ne pas en accorder à la brave "gentille organisatrice", à la torture de lire le texte de la dictée, sous le feu des pas toujours fondées récriminations de la classe. Il fallut même "changer de monture" et faire appel à une autre "GO" couleur plus locale et assent d'en desssous de la Loire.
Certes, cette première laissait à désirer (et un rapide "balayage" sur Internet confirmera la chose) mais au moins, le mot accomodé a exhumé toutes ses saveurs dans un texte qu'on aurait cru écrit pour "la semaine du goût". Et chacun sait bien qu'ils sont tous dans la nature.
JF

 

* La Poste, France Bleu, Le Figaro Littéraire, Le Ministère de l'Education Nationale et Le Syndicat de la Presse Quotodienne Régionale.

 

 Le texte de la dictée de Philippe Delerm

C'est une idée amère, mais il faut bien le constater : le goût de l'amertume vient avec les années. Cela relève peut-être purement de la physiologie. Peut-être. Il y a des exceptions, comme en orthographe, mais c'est ainsi : on a rarement vu des écoliers faire la fine bouche devant les bonbons de la boulangère, que leur préférence aille aux rouleaux de réglisse incrustés d'une pastille rose, aux crocodiles d'un vert ou d'un jaune presque phosphorescents, ou bien à ces petites langues parfumées au fruit de la passion, saupoudrées de neige acide. Tout cela est d'autant plus tentant que les parents se veulent très dissuasifs à l'égard de ces merveilles censées promettre un avenir redoutable. Mais les enfants vivent au présent, ou bien au futur proche. Préadolescents, ils gagnent en liberté. Dans les fast-foods, le pain américain et le ketchup ne sont jamais trop sucrés. Et puis le temps file. Dans les festivals de rock, on leur servira seulement de la bière, et que s'est-il passé ? Quelques années auparavant, ils pinçaient les lèvres de dégoût devant la boisson fermentée qui tout à coup les désaltère.

Les effluves du houblon soudain appréciés, c'est bien le début d'une tout autre histoire. Les foudres engrangés dans les caves des abbayes wallonnes ne seront bientôt plus seuls en cause. Le goût adulte fait son miel des bizarreries les moins ragoûtantes : champignons kaki pour la couleur, spongieux quant à la texture, et pour l'odeur… Quand la pourriture se fait noble, c'est l'apogée triomphal du mycologue, de l'œnologue, du fromager, de tous ces gastronomes qui ont quitté leur culotte courte pour parler gravement des plaisirs haut de gamme, de la psalliote et du clitocybe, de l'appenzell ou du géromé. Quelque rares qu'ils puissent paraître, les noms que j'ai choisi d'inviter ici font l'ordinaire jubilatoire des spécialistes.

L'âge venant, le «C'est un peu sucré !» prend des allures de reproche, voire de constat rédhibitoire. Les huîtres et les œufs d'esturgeon tiennent le haut du pavé, et le vrai foie gras, celui dont la fausse douceur exhume un goût de fiel. Même les charmes anciens du chocolat sont dévoyés avec des taux ébouriffants de cacao.

L'amer apaise les adultes. À raffiner avec lui, ils se consolent du bonheur qu'ils n'auront pas trouvé. Mais le parcours n'est pas bouclé. À ceux qui connaîtront le très grand âge un goût d'enfance reviendra. Et ils pourront enfin sucrer les fraises en toute impunité.

 

 

Juste avant l'épreuve, un truculent polycandidat des jeux de lettres, révise son "Bled"

Photo JF 

 

 

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22 mars 2011 2 22 /03 /mars /2011 14:29

Bon qu'à ça

et bon de commande

img680.jpg  "La femme de ma vie", fraîchement sorti des presses de l'Imprimerie Les Arts Graphiques  (Photo J.- P. F)

 

Beckett disait qu'il écrivait car "il n'était bon qu'à ça". Pessoa écrivait que "la littérature est la preuve que la vie ne suffit pas". "Un livre est un suicide différé" pensait Cioran.

Dans la même minute, à la librairie toulousaine "Ombres Blanches", Aliénor Mauvignier a pris en main celui de son mari et le mien.

Je parle de livres. "Ce que j'appelle oubli" de Laurent Mauvignier (Prix du Livre Inter pour "Apprendre à finir") et "La femme de ma vie" de votre serviteur.

Si vous souhaitez me lire, amis, dans ce 3e ouvrage où l'on trouve autant de madeleines de Proust que d'huile de foie de morue - en sachant que "De foie de morue" n'est pas un auteur du XIXe - voici ce qu'il faut faire.

Le bon de commande ci-dessous est à imprimer, à découper et à envoyer à l'auteur-diffuseur.

C'est aussi ça, être au bord de la scène littéraire....

 

"Joël Fauré trouve son lieu, multiple, éclaté, drôle, poignant, qui "tient" le lecteur, ne le lâche pas une seconde, avec une familiarité courtoise, une désinvolture fraternelle. Au départ d'éléments simples, mais choisis, il crée un puzzle animé.

Les ruptures de ton, de rythme, loin de casser l'émotion, la renforcent. Il touche à du fort, du précieux, puis il fonce ailleurs, vers une recette de cuisine, une lettre au Père Noël. Le courage qu'il faut pour parler du phimosis et des Toc. L'audace qu'il faut aussi pour interroger l'enfance. Pour n'être ni mièvre ni revanchard quand on "porte le fer dans la plaie" et la plume dans le coeur. Il y va avec audace et pudeur, sans insister, et c'est violent et simple."

 

Caroline Lamarche

 

------

Oui, je commande ..... exemplaire(s) de "La femme de ma vie"

Je joins un chèque de 18 euros (15 € + 3 € de frais de port et d'emballage) à :

Joël Fauré - 9, rue JOUTX-AÏGUES - 31000 TOULOUSE

 

Nom , prénom  

Rue :

 

Code Postal : 

Ville :

 

 

Adresse électronique : .......................@..............................

 

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17 février 2011 4 17 /02 /février /2011 21:48

"Un livre est un suicide différé"

Cioran (De l'inconvénient d'être né)

 

Une femme, une vie

 Parfois, dans une vie, on va de là...

img073.jpg

 Photo DR

 

 

"Ce qui est important, c'est le bras droit de ma mère, tendu vers l'arrière. Il semble me tracter, tant je suis en retrait. Nous sommes main dans la main.

Je crois que c'est la faute de ce satané photographe qui nous a empêchés de nous dessouder."

 

... à là :

img095.jpg

 Photo Nicole Minon "La Dépêche du Midi"

 

 "Une image vaut mille mots.

A ce point du texte, où en est la jauge ? Cent quatre vingt dix-neuf ? Deux cents ?

J'ai encore de la place pour être juste, complet."

 

 

LA FEMME DE MA VIE

de Joël Fauré

Préface de Caroline Lamarche

Actuellement en cours de préparation

dans les ateliers de l'imprimerie

"Les Arts Graphiques"

 

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24 janvier 2011 1 24 /01 /janvier /2011 16:25

Le théâtre de Fauré

à l'épreuve du gueuloir

 "Je passe mes après-midi avec les volets fermés, les rideaux tirés, et sans chemise, en costume de charpentier, JE GUEULE ! Je sue ! C'est superbe ! Il y a des moments où décidément, c'est plus que du délire."

 

Gustave Flaubert

 

Dans le  cadre du fameux "Gueuloir de Poche", mon dernier jus de crâne, "La mort doit passer me prendre à 15 heures" - un dialogue court où la mort n'est pas triste - sera proposé en lecture publique (entrée libre) le samedi 12 février 2011 à 14 heures 30 au Théâtre de Poche de Toulouse, sis 10, rue d'El Alamein, dans le quartier Bonnefoy après le Pont Raynal.

A demande à B de le rejoindre pour passer ses derniers instants avec lui. La mort lui a téléphoné et lui a dit qu'elle passera le prendre à 15 heures. Va s'ensuivre un dialogue fort de mots et de sens, mais aussi drôle et dérisoire malgré les circonstances, jusqu'à un dénouement inattendu.

J'aurai le grand bonheur d'interpréter l'impétrant à l'au-delà, tandis que je savourerai l'extrême plaisir de donner la réplique à l'immense comédien qu'est Roger Borlant, qui fut, excusez du peu, un compagnon de route de Charles Dulin, Jean Vilar et Georges Wilson.

Qu'on se le dise !

 

JF

 

En savoir plus : www.leproscenium.com

 

 

 

Roger Borlant dans Le Timide au Palais de Tirso de Molina, en 1961.

 

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16 janvier 2011 7 16 /01 /janvier /2011 20:17

Jeannette Mac Donald,

poste restante

 

img369.jpgPhoto Gilles Favier 

 

"Aujourd'hui est un fauve

Demain verra son bond."

 

René Char

 

2010 a incontestablement été marquée, ramenée à la dimension de ce journal extime, par la publication de Comme un tableau fauve, la biographie d'une femme échappée des cadres. On lira, ou on a lu sur ce même écran son parcours.

Jeannette Mac Donald, un nom qui claque contre vents et marées comme une enseigne universelle.

Je savais en publiant ce livre, que j'allais faire un mouvement, mais j'ignorais qu'il prendrait une telle ampleur.

Je touchais à deux thèmes majeurs : la cause animale et la place des femmes (ou inversement pour ne heurter personne).

 

Bien mieux que les nombreux témoignages reçus, captés, collectés et unanimes : "Jeannette Mac Donald était vraiment quelqu'un de bien".

Bien mieux que la photo retrouvée sur le Dieu "Net" (Jeannette Mac Donald reçoit la médaille d'Encouragement au Bien) : elle ne m'en avait jamais parlé. Est-ce assez éloquent ?

Bien mieux que ce livre paru en Allemagne (1) dans lequel j'ai découvert des documents inédits sur notre "icône".

Bien mieux que le cercle italien des amis du cirque qui a traduit et relayé (2) notre hommage à la dame.

Bien mieux que la télévision (Pierre Nicolas à France 3) qui a dégoté à l'INA et diffusé des images saisissantes (jamais revues depuis 30 ans !)

Bien mieux que la municipalité de Buzet-sur-Tarn qui a vu sous un autre visage son enfant sauvage.

Bien mieux que tout, il y a cette lettre, reproduite ci-dessous, sans appel, édifiante :

 

J'ai toujours dit qu'on pouvait trouver des trésors sur Internet pour peu qu'on veuille bien se donner la peine de chercher. Et voilà, moi qui ne gagne jamais au loto, ce coup-ci j'ai décroché le gros lot. Ou la queue de Mickey si vous préférez. Restons dans le cirque.

Ne pas avoir la moindre petite histoire, pas le plus petit ragot sur notre Jeannette pendant près de quarante ans - mais c'est ma faute aussi, à toujours marcher le nez en l'air sans rien voir autour de moi - et tomber sur votre blog où vous la racontez en long en large et en tendresse, je vais re-croire au Père Noël si tant est que j'ai cessé un jour. Et en plus vous écrivez tellement bien que j'ai lu l'histoire d'un trait. Je ne me suis arrêtée que pour distribuer les croquettes aux chats, sinon ça aurait mal fini.

Tout ça pour vous dire que je suis très heureuse de savoir comment ça s'est passé pour elle, de savoir qu'elle a eu des amis qui l'ont aidée, et que sa fin a été douce. De savoir aussi pour les animaux, parce que c'est fou le cinéma qu'on peut se faire quand on ne sait pas et qu'on essaie de deviner. Cinéma noir, tant qu'à faire.

Mais quand même je suis aussi très triste devant ce destin tragique. Merveilleux et tragique. Comme le cirque...

Au fait, je bavarde, je bavarde, mais je vous écris surtout pour vous commander deux exemplaires de "Comme un tableau fauve", un pour moi, un pour l'autre Françoise qu'on appelle Franny là-bas chez les coupeurs de tête... Je prêterai le mien à mon copain Guy qui n'a pas eu la chance de rencontrer Jeannette mais qui aurait adoré gratouiller le menton d'Angelina. Encore un autre fou des animaux en tous genres. Pire que moi...

Vous avez mon adresse, le chèque... je n'ai rien oublié ? Ah si ! Quand on fait des recherches sur Wikipédia, le Dico du Web, on tombe à tous les coups sur la Jeanette Mac Donald du cinéma et jamais sur la nôtre. Ne croyez vous pas qu'il serait grand temps de remédier à ce scandale en créant une page pour "notre" Jeannette ? Il y a suffisamment de références dans votre livre pour faire quelque chose de superbe. Vous me direz ce que vous en pensez.

Sur ce je vous laisse faire le colis. Et je vous prie d'agréer l'expression de ma sincère reconnaissance (on n'est pas fonctionnaire pour rien).

 

Françoise.

 

(1) Raubtiere und ihre Dompteure unter der Circuskuppel (Hans-Jürgen und Rosemarie Tiede), Haag + Herchen

www.haagundcherchen.de

 

(2) Joël Fauré racconta l'increddibile destino di Jeannette Mac Donald

www.amicidelcirco.net

 

 

"Elle avait une incroyable capacité d'accueil autant pour les humains que pour les animaux."

  

Françoise a donc retrouvé la "piste" de Jeannette grâce à cet outil que vous avez présentement sous les yeux, qu'il suffit de savoir utiliser à bon escient. C'est dit en passant.

Mais laissons Françoise poursuivre la narration de ses émouvantes "retrouvailles" avec Jeannette :

 

En effet, j'ai du rêver il y a 38 ou 39 ans, quand la petite étudiante en lettres que j'étais a cru partager le repas de Jeannette Mac Donald dans sa caravane, quelque part du côté de Bordeaux. Il y avait des chiens plein le divan, une petite lionne qui jouait avec la martingale de mon manteau. J'ai toujours cru qu'elle s'appelait Princesse, mais je ne l'ai pas trouvée dans la liste. Elle était juste un peu plus jeune qu'Angelina. Je l'ai connue effectivement le temps d'un rêve, avec ma copine Franny...et malgré le temps, l'ignorance de son sort, je ne l'ai jamais oubliée. Aujourd'hui, je ne sais pas pourquoi, j'ai tapé son nom dans le moteur de recherche de Google, et je vous ai trouvé. Merci. Infiniment. Je sais maintenant pourquoi instinctivement j'ai aimé cette grande dame, pourquoi j'ai créé une association de protection des chats sans maître, pourquoi ma copine Franny fait la même chose là bas en Malaisie... J'aimerais savoir si le livre est sorti. Je souhaite l'acheter. Je reviendrai, pour relire certains passages et je mets votre blog dans mes favoris.
Merci encore.

 

Remerciant Françoise à mon tour, très ému de ce témoignage inattendu, je lui ai demandé si elle avait bien rencontré Jeannette Mac Donald après l'incendie de son cirque et son rapatriement en France, à Bordeaux, à la fin des années 60.

 

 

Oui, c'est ça, ça devait être en 1969 ou 1970. Avec ma copine Françoise, qui vit maintenant en Malaisie avec une trentaine de chats et un mari indien, nous sommes allées 3 ou 4 fois voir Jeannette Mac Donald. C'est peu. Peut-être qu'elle est partie, ou c'est nous, je ne me souviens plus. C'est peu, mais ça nous a marquées pour la vie. Je viens d'envoyer un message à Franny. Elle non plus n'a pas oublié.

[...]
J'aurais aimé revoir Jeannette. C'est curieux que je n'ai jamais vu aucun article de presse. Je me souviens de sa voix rauque. On était bien chez elle. Elle avait une incroyable capacité d'accueil, autant pour les humains que pour les animaux.
Je vous remercie encore pour ce magnifique hommage et j'attends de vos nouvelles.
Amicalement,
Françoise
PS : vous avez eu beaucoup de chance de partager toutes ces années avec elle. Et elle a eu beaucoup de chance de vous avoir.

 

Françoise est une authentique amie des bêtes, et sutout "non intégriste". Je vous invite à vous rendre sur son blog www.apcl40.net

 

  img651

Les chats de Jeannette à Buzet - "Gigi-Anémone-Grisette et Déesse". (Photo Gilles Favier)

 

 

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3 janvier 2011 1 03 /01 /janvier /2011 11:00

"On voit souvent des souveraines
A la place des rois qui règnent
Rien qu'en posant leurs yeux dessus
Il faut se méfier du paraître
De nous deux qui était le maître
Nous ne l'avons jamais bien su"

Jean Ferrat, "Oural Ouralou"

img669.jpg

Photo DR

B.... A....

 

A vous, inconnus du hasard, cet objet futile et virtuel qu'est présentement cet écran - la demande de mutation humaine est disponible - a envie de souhaiter une année animale.

Instrumentalisés par le tonnerre mécanique, aurions-nous oublié qu'il y a des peaux et des paroles, des sourires et des caresses ?

Pour 2011, je vous souhaite donc du TACTILE, du VEGETAL, du MINERAL, de l'ANIMAL, de l'EPANOUISSEMENT...

Qui, mieux que cette image, pouvait illustrer notre propos ?

Alors : Terre ! et Contact !

 

Joël Fauré

 

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20 décembre 2010 1 20 /12 /décembre /2010 18:48

 

« LIAISON DANGEREUSE » :

 LA LIGNE DE CRETE DU DESIR

 

  

LiaisonDangereuse-022.jpg

Le jeu social est un jeu érotique.

Dans leurs fauteuils crapaud, la marquise de Merteuil et le vicomte de Valmont sont repus. Ils ont alterné l'ennui et la jouissance. Triste animal post coïtem.

Au sol, gisent de longues cravaches la mèche à peine attiédie ; sur une crédence, crâne un crâne, sans aucun doute celui de Sade dont le mordant se reflète dans un élégant jeu de miroirs.

La belle trouvaille de Benoît Bourbon, d’Alter & Co, est d'avoir mixé en subtiles saillies les textes de Choderlos de

Laclos et de Müller avec une pointe de liant personnel, le tout apprêté avec des relents sadiens.

 

De l'aristocratie du siècle des lumières à  nos jours, rien n'a vraiment changé en anatomie : aussi embrasser ce texte culte du libertinage et de l'appel des sens n'a posé aucune difficulté, pas plus que de l'habiller d'un dress code contemporain.

Et sur le plateau, ces accordailles fonctionnent habilement.

Alors, les aristos jouent aux réacs et aux anars. Ce qui casse le protocole consensuel des petits marquis passéistes et conservateurs de la prudi-pudibonderie.

Les étreintes, les vigoureuses secousses, les pulsions et les élans réfrénés qui agitent l'espace – un donjon médiéval ou un bunker, mais aussi un sous-toit à Libreville tant la thématique est universelle – ne desservent pas un texte soutenu, riche et musclé. Et évocateur. « La douleur est comme la honte : brève. » « L'enfer a trois portes. Qui en néglige une ne respecte pas la Sainte Trinité ».

L’habit ne fait pas le moine, mais il aide entrer au couvent. Les costumes de ces "liaisons" disent donc, en marqueurs sociaux, mieux que les mains qui sont aussi "les putes de l’âme", avec signe ostentatoire à faire s’arracher la perruque aux parlementaires, disent donc le schisme avec l’hypocrisie ambiante.

Les jeux de rôles, le théâtre dans le théâtre, le simulacre sont mis en abyme dans ce désir voluptueusement charnel. Merteuil et Valmont brouillent les genres, faussent les pistes, se cherchent des proies. Ces deux cinglés, dans le sens de l’incarnation, ne nous renvoient-ils pas notre image et notre désir de possession, de transgression ?

Divine tragi-comédie que ces liaisons où lutine Janus, le gardien à deux têtes qui surveille les entrées et les sorties de l’Enfer, sous la supervision hiérarchique d’Eros et de Thanatos.

Un dernier mot sur le jeu des acteurs. Benoît Bourbon est la réplique même du grand Pierre Molinier (1), dont on ne cesse de (re)découvrir l’oeuvre.

Quant à Sylvie Enaud, elle éclate littéralement, et s’impose comme une comédienne instinctive, très douée et promise à de grands rôles.

 

 

Joël Fauré

 

 

Ce blog "A propos de bottes" ne serait plus "A propos de bottes" s’il taisait le réveil fétichiste qu’imprime les superbes hautes bottes que Sylvie Enaud a su enfiler, tactiles et sensuelles, sans susciter de commentaires graveleux du genre : "Tu retournes dans les égouts ?"ou"C’est de quel côté, Pigalle ?". Au reste, les fidèles lecteurs qui auront lu sur ce même écran "A propos de bottes ou l’histoire d’un fétichiste" ne seront pas surpris si nous disons qu’il n’est pas interdit de pressentir Sylvie Enaud dans le rôle idoine.

 

 (1) "Mes jambes si vous saviez, quelle fumée" Mise en scène de Bruno Geslin. Théâtre de la Bastille, Paris.

 

Revoir la pièce :

Courant 2011, au Théâtre de Poche de Toulouse

10, rue El Alamein 

 

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11 novembre 2010 4 11 /11 /novembre /2010 21:50

 

LES TOCs NE SONT PAS UNE MALADIE DIPLOMATIQUE 

 

"Docteur j'ai peur.

De quoi ? Voilà.

Guéris-moi d'mes maux

En deux coups de cuillère à pot.

De la mort, de c'qui mord,

De c'qui grince, de c'qui pince

Des coups d'froid, des fins d'mois

Des maux d'rein, des coups d'frein

(...)

D'avoir la vue qui baisse

De m'faire des taches de graisse..."

 

Jacques Debronckart (Docteur j'ai peur)

 

Texte et photos

Joël Fauré

 

Toulouse, 6 novembre 2010. C’est la deuxième fois que la ville rose proposait une journée de sensibilisation aux troubles obsessionnels compulsifs, depuis la création de l’association et de l’antenne régionale.

Forte d’un plateau de qualité, cette action s'inscrivait dans l'objectif d’être utile et d’apporter au grand public l’information de base sur une pathologie qui, on le sait maintenant, sort de l’ombre et du silence un peu honteux où elle était tapie.

Destigmatiser la maladie, mieux en parler pour mieux la repérer, la comprendre et la traiter, tels sont les axes directeurs de cette démarche.

Se sont succédé, sur la tribune de la salle Barcelone devant un auditoire beaucoup plus clairsemé que lors de la première journée de 2002 (signe des temps ? Internet apporte de l’info "fraîche" à foison, mais pas toujours fiable), des spécialistes du TOC, thérapeutes et souffrants - le vécu étant pour ces derniers un savoir.

img636.jpg

C’est le docteur Guy Parmentier, psychiatre à Albi (Tarn) qui a ouvert les travaux, avec un habile recours au célèbre aliéniste toulousain Etienne Esquirol, celui-là même qui séria les vésanies et offrit une alternative aux douches froides et aux électrochocs. Son "cas de Mademoiselle F.", une "intéressante malade" présentant un authentique dossier de "monomanie raisonnante" en 1838 permet aujourd’hui encore de se pencher sur les multiples visages des obsessions et compulsions."Ce que je pense se réalise" : le Dr Parmentier a, pour étayer ses dires, également "convoqué", depuis l’autre côté des Alpes, le psychologue suisse Jean Piaget (1896 - 1980) qui a décrit le "stade de la pensée magique", un ingrédient hélas toujours pas périmé.

 

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Margot Morgiève, psychologue à l’hôpital de La Pitié Salpêtrière à Paris, a ensuite présenté le résultat d’un abondant travail de recherche auprès des patients et des proches, dont certaines paroles en disent long sur la méconnaissance, voire la sous-estimation du TOC : "Je m’étais aperçu de scènes et de rituels, je me disais "quel Glandu !". Je ne m’étais pas imaginé que c’était un problème". Double pénalisation de la souffrance et de son déni. Les études et les recherches de cette jeune doctorante sont prometteurs d’une génération de thérapeutes décomplexés face aux archaïques tabous de la maladie mentale.

 

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Christophe Giocanti-Belmonte, psychologue comportementaliste à Toulouse, a quant lui, détaillé une thérapie comportementale et cognitive, basée sur un socle désormais bien établi aux preuves évidentes : l’exposition avec prévention de la réponse. Son expérience "Ne pensez pas un ours blanc" (1), vérifiée "in vivo" dans le public, donne le diapason de la forte implication du siège de la pensée.

 

 

 

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Enfin Vincent Trybou, psychologue clinicien au Centre des Troubles Anxieux et de l’humeur à Paris, auteur de l’indispensable ouvrage co-écrit avec le Dr Elie Hantouche "TOC, vivre avec et s’en libérer" (Editions Josette Lyon) a apporté un éclairage pertinent sur le dépistage et les nouvelles théories explicatives des TOC résistants.

Maîtrisées, éprouvées, les techniques de prise en charge des patients sont là encore porteuses d’espoir et le discours est "rassurant" pour reprendre le mot d’une souffrante présente dans l’assemblée.

Dans l’assemblée encore, bien assis sur les chaises municipales de la salle Barcelone et sur ses toc enfin terrassés, l’un des tous premiers patients ayant bénéficié de la stimulation cérébrale profonde a apporté son témoignage, celui d’un homme bien amélioré par cette technique opératoire.

On le voit, la littérature autour du TOC gagne en étoffe et se répercute "sur le terrain".

 

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L’AFTOC, depuis sa création, a accompli un énorme travail de pionnier, et son président actuel Christophe Demonfaucon, a su établir des passerelles entre les différents acteurs de santé.

Il a rappelé le rôle essentiel des groupes de paroles en régions, des entraides et des liens indispensables qui doivent se créer, se perpétuer.

Du dialogue instauré entre le public et les intervenants, entre questions sur les thèmes récurrents (la sérotonine, les comorbidités) et les témoignages ("Je me sens robotisée" ; "J’ai des addictions"), il ressort que ces actions d’informations sont primordiales et se doivent d’ être relayées par les médias.

 

img644.jpg

Elles l’ont été à Toulouse, grâce au quotidien "La Dépêche du Midi"et à sa télé locale par la présence efficace et précieuse de Sophie Voinis, journaliste sur cette chaîne, très impliquée dans ce travail. Elle a animé les débats avec un professionalisme qui n’a d’égal que son humanité.

Il reste enfin à remercier Monique Durrieu, qui représentait Pierre Cohen, maire de Toulouse et la Communauté Municipale de Santé (en particulier Cathy Crémadeills et Emmanuelle Keyser) sans qui cette manifestation n’aurait pu se dérouler.

 

 

Joël Fauré

 

On peut retrouver sur le site de "Télé Toulouse" www.teletoulouse.com l’émission consacrée aux TOC. Cliquez sur la rubrique "Le Mag santé, puis "Voir les vidéos", sélectionnez émission du 9 octobre 2010 (2e partie)

 

(1) Cf "Les ennemis intérieurs" Jean Cottraux. Editions Odile Jacob.

 

 

"Docteur j'ai peur

De quoi ? Voilà.

Guéris-moi d'ça vite

En deux coups de fourchette à huître

De parler, de baiser

De rester en rideau

De vieillir, de souffrir

Qu'on m'aime pas, qu'on m'aime trop

D'être seul, d'être deux, d'être trois à l'étroit

D'être en couple, d'être en groupe

D'être en troupe, d'être en tas..."

 

Jacques Debronckart (Docteur j'ai peur) 

 

 

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3 novembre 2010 3 03 /11 /novembre /2010 18:20

 

                                           "Vénus Noire" d'Abdellatif Kechiche. Photo DR

  

                              PHENOMENE DE NOIRE  

 

Tout commence, dans ce film sans générique - parce que sans origine ? - avec un cours d’anatomie appliquée. Mais en lieu et place de la grenouille disséquée, c’est une vulve de femme qui est présentée dans son bocal de formol et dans l’enceinte de la vénérable académie de médecine de Paris, par le célèbre naturaliste Georges Cuvier. Il n’arbore rien moins, avec le sérieux requis, que la matrice pour amateur d’une femme qui, par ses attributs, a interrogé l’humanité. Elle s’appelait Sarah.

Darwin et Barnum sont convoqués ensemble pour la portraiturer ; les oisifs et les oiseux de passage se chargeant de la propulser dans l’histoire. Pourquoi est parvenu jusqu’à nous ce parcours de femme au point qu’il fasse argument ? Parce que l’animal pensant et riant qui est en nous se repaît des différences. Entre le nain polonais et le géant irlandais, entre David Lynch et Tod Browning, il restait de la place pour Abdellatif Kechiche et sa Vénus Hottentote.

Il est suffisant de penser que notre drôle de dame est dotée d’un fessier et de parties génitales disproportionnés, qu’elle est noire, que nous sommes en 1815 pour reconstituer une histoire qui repose sur des faits bien réels, malgré une biographie lacunaire. On sait tout et rien sur Sarah Bartman.

Ce long-métrage (2 h 40) d’un réalisateur qui a déjà fait ses preuves, va autant intéresser les amateurs de cirque, les adeptes de sadomasochisme, les férus d’histoire, les anticolonialistes, les abolitionnistes de l’esclavage et de toutes les formes de servage.

Une question parcourt le temps et les lieux où  elle survécut : était-elle consentante, elle qui, née tout en bas de l’Afrique, capturée comme un orang-outang à qui on la compare, jouant, dansant, obéissant au fouet de ses souteneurs ? Passées les images saccadées des cénacles où elle remue du popotin pour amuser Londres, où elle joue du tambourin et surjoue la bête féroce qu’elle n’est pas, on la retrouve, en coulisse, cigare et alcool donnés à ses lèvres en quantité, commentée et commentant en un improbable langage, son ambigu numéro de duettiste.

Consentante ? Résignée ? Femme publique ? Artiste ? Esclave ?

Du Cap à Londres puis à Paris où elle est vendue à un montreur d’ours, Sarah (magistralement interprétée par la cubaine Yahima Torres), n’est-elle pas le miroir grossissant de la femme-objet, instrument à hanche double, hérault d’une catégorie de femmes que l’on croise aujourd’hui encore tous les jours dans la rue, bafouée, avilie, trop "touchée", trop salie ? C’est à Paris que se condensera le destin de - dixit Libé - , "la Freak du sud". Rien ne sera épargné de sa déchéance, dans l’alcool et le stupre, de sa récupération au nom de la science, non sans avoir insisté sur des scènes sexuelles sans équivoque (avec petit clin d’oeil anachronique au fétichisme des bottes cuissardes).

Après sa mort, son corps sera moulé, puis disséqué. Au nom de la science. Au nom de la repentence, il sera "rendu"  à sa terre natale, au Cap, en 2002 seulement.

 

Joël Fauré

 

 A lire :

Venus et Hottentote. Sarah Bartman (Carole Sandrel, préface de Jean-Denis Bredin) Editions Perrin.

 

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28 septembre 2010 2 28 /09 /septembre /2010 20:37

      "Lapsuce" révélateur ?

 

 

Deux spermatozoïdes dotés de la parole devisent.

" - C'est encore loin l'utérus ?" demande l'un.

" - Assez, on vient juste de passer les amygdales" répond le second.

 

On glose beaucoup ici et là sur le lapsus, à juste titre linguae de Rachida Dati. Dans son petit corbillon, que met-on ? Fellation au lieu d'inflation, tout ça finalement n'est qu'une banale histoire d'augmentation.

Je ne sais ce que titrera "Le Canard enchaîné" tout à l'heure ; pour le moins il est  plaisant de s'attendre à des formules aussi chaudes et profondes que certaines gorges.

La langue (de bois ?) de Sainte-Rach(ida), ermite du Ve siècle ressortie de sa glotte... pardon de sa grotte, ayant fourché, nous voici sous les fourches caudines d'une actualité qui avait bien besoin de cet amuse-gueule.

On ne fera pas les fines bouches.

Tout est devenu si dur à avaler...

 

JF

 

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