Camille s'est informée sur le "méchant" Salazar qui a dirigé la péninsule pendant longtemps.
A Braga, même si elle a voulu atteindre le ciel, telle que je la connais, elle a dû s'arrêter à la troisième des 300 marches qui conduisent à "Bom Jésus do Monte" , un haut
lieu de pélerinage (Ma bonne maman, elle, montait à genoux, en égrenant son chapelet les 10 marches d'un calvaire sur le Chemin de Croix, à Lourdes -et après elle s'étonnait que je
sois attiré par le Sadomasochisme !-) ; je l'entends s'écrier : "Je préfère rôtir en enfer plutôt que de renoncer aux plaisirs terrestres !"
Heureusement, le funiculaire était là...
Tout en haut, elle a pris en photo une scène de la flagellation du Christ. Elle a dit : "C'est pour Joël..." Il a fallu qu'elle se perde en explications aux mécréants qui
l'accompagnaient...
Elle a vu un petit potier avec un chapeau de papier sur la tête. Et sur le chapeau, il y avait écrit : "Soulevez-moi !" Curieuse Camille a soulevé. Et sous le couvre-chef, savez ce
qu'il y avait ?
Un énorme phallus tenu dans une main.
Le petit potier s'est mis à rire de toutes ses trois dents. Et Camille aussi.
Au bord de l'eau -et c'est pas ce qui manque le plus-, Camille s'est approché d'un navigateur qui s'appelle "Alfonso". Mais ici, tous les naigateurs s'appellent
"Alfonso". Et comme il portait de hautes bottes, elle lui a demandé si elle pouvait le prendre en photo. Elle lui a dit : "C'est pour Joël..."
Mais il paraît que la photo
est floue.
Demain, Camille retournera en prendre une.
"Alfonso" aura toujours ses hautes bottes : il dort avec.
JF
A Marie-Madeleine,
une maman importante.
Dans l'Aveyron.
Marthe, Madeleine, Mathilde est née dans l'Aveyron. L'Aveyron est un département Français qui resssemble à une grosse motte de terre qui
sent bon après avoir été retournée. Dans l'Aveyron, un couteau n'est pas un couteau, c'est un "Laguiole". Un fromage n'est pas un fromage, c'est un "Roquefort". Quand une ville
est ville, elle est franche. Villefranche. Villefranche-de-Panat, Villefranche-de-Rouergue.
Je n'ai jamais compris pourquoi l'Aveyron n'avait pas "son" Pagnol. Si vous voulez, moi, je veux bien le faire. Dans l'Aveyron, il y a mieux que Rome, il y a
Saint-Rome. Il y a mieux que l'Afrique, il y a Saint-Affrique.
Saints et saintes du paradis semblent s'être donnés le mot et rencart ici, entre les tables, les étables et les rétables.
Le frère tout proche de ma mère, René, ne s'y est pas trompé. C'est ici qu'il a souhaité devenir prêtre.
N'étaient les illustres écrivains qui m'ont précédé, je parlerais bien volontiers du "Journal d'un curé de campagne."
Mon oncle.
Ma mère est la cadette d'une fratrie de dix enfants. Mon père est fils unique. Ca rétablit l'équilibre dans les rassemblements familiaux !
Ainsi donc, au début des années 40, un garçon se dégagea bientôt et se découvrit une vocation. Il entra au Petit, puis au Grand Séminaire et fut ordonné prêtre.
Avec le solide bon sens de la Terre Aveyronnaise, et le sang volontaire qui court dans ses veines, le frère de ma mère, mon oncle, l'abbé René Trémolières devint le prêtre écouté, respecté,
eu égard au sacerdoce qu'il avait embrassé.
A ma mère, il a affectueusement donné le prénom de "Marthou".
Dans les bruyères Rouergates, il aimait chercher des champignons, et surtout en trouver ; dans les clairs ruisseaux de montagne, il aimait pêcher la truite, et parfois -que Dieu le lui pardonne
!- la saisir à mains nues à même les cours d'eau, sous les panneaux "Pêche Interdite". A la chaire de vérité, le dimanche, pour expier ses peccadilles, il reconnaissait simplement qu'il
était "pecheur" sans trop mettre l'accent, et invitait ses ouailles Saintes-Romaines à prier avec lui.
A table, on servait des cèpes et du poisson.
Tout me porte à croire "qu'heureux est celui qui croira sans avoir vu", que "Dieu, c'est comme du sucre dans un café : il est là, mais on ne le voit pas, et plus on le cherche, moins
on le trouve." !
Il est vraiment grand le mystère de la foi.
Mon Dieu que les béatitudes sont belles ! J'ai presque envie de les récrire ici. Mais si Dieu existe, le Diable existe aussi alors ? Les flammes de l'Enfer éclaireraient-elles le Paradis ?
A quoi pensais-je justement, quand, enfant, sagement assis près de ma mère, je levais les yeux vers les voûtes de l'Eglise Saint-Martin, de Buzet-la-Forêt ?
Saint-Martin était un brave type : il donnait un morceau de son manteau à ceux qui avaient froid. Avec l'immensité du ciel pour unique univers et pour unique garde-robe le ruban bleu de
Notre-Dame-de-Lourdes, c'était l'époque de tous les "possible".
Ma sacro-sainte famille vouait aux Saintes-Régionales de l'étape (Sainte-Germaine à Pibrac ; Sainte-Bernadette à Lourdes) une fervente admiration. On pouvait
aller les voir avec le car. (Fatima, c'était plus loin !) On plaignait ces filles pauvres et souffreteuses (terribles écrouelles de Germaine). Parce qu'elles avaient souffert, elles
pouvaient comprendre celles et ceux qui souffraient aussi.
On offrait des messes pour les "âmes du Purgatoire" et les défunts, venus et à venir. "Je ne vous promets pas d'être heureux dans ce monde, mais dans l'autre."
Ma mère ne m'a pas vu grandir.
Je n'ai pas vu vieillir ma mère.
Seuil critique.
Quelques phrases toutes faites à l'intention de celles et ceux qui n'aiment pas ce livre :
1) Fauré lance des pistes mais n'en exploite vraiment aucune. On reste sur sa faim.
2) Je n'aime pas ce livre : c'est décousu, déconstruit; déhanché...
3) Encore un livre nombriliste d'un loser de la vie...
4) Fauré passe du coq à l'âne, si vite qu'on ne sait plus qui fait le coq et qui est l'âne...
(A suivre.)
Joël Fauré
"[Des] cas [de fétichisme] peuvent faire sourire. Ils n'en illustrent pas moins un érotisme plus construit, élaboré et finalement civilisé que le
sexualité considérée comme "normale" et qui, par son incapacité à dissocier érotisme et procréation, est directement responsable de deux immenses charniers, celui des avortements et celui de la
famine dans le Tiers-Monde."
Michel Tournier (Le Fétichiste) - Gallimard.
C'est comme ça, je ne me referai pas.
Ce devait être il y a une bonne dizaine d'années. J'effectuais mes premiers séjours dans ce qui allait devenir ma "résidence secondaire", ma "maison de répit" : la clinique psychiatrique
"Castelviel", près de Toulouse. J'allais y apaiser le feu de mes dragons, poser un temps ma fatigue physique et psychique...
La vie, le temps, la pudeur m'ont dicté de ne pas dire qui j'y ai côtoyé...
Ainsi le père de cet homme de télévision, maniaco-dépressif, qui me laissa m'asseoir près de lui, et me parla de Dali, qui, en guise d'autographe, lui offrit un chèque de une péseta
;
Ainsi la fille, adolescente alors, de cet écrivain réputé dont ma mère a dévoré tous les livres ;
et surtout, ce prof de lettres, qui, par affinité élective, m'écrivit ceci :
"9.VIII
Nouvellement -mais néanmoins cher- ami,
Ce petit mot, pour vous laisser du temps.
Entre autres de vos pièces -et dans un but d'utilisation pédagogique- j'aimerais assez que vous puissiez tenir + ou - moins rapidement un exemplaire de votre pièce "L'Agence". D'après la lecture
de votre press-book, c'est l'oeuvre qui m'a semblé la mieux adaptée à celle d'un jeune public, et à son "backround" environnant, mais c'est déjà un pléonasme.
Prenez votre temps ; il y a bien sûr des contraintes matérielles. Mais veuillez-y tout de même.
Je pars demain -croisons les doigts- mais j'ai pu apprécier dans nos quelques rencontres, un homme affable et humaniste, mais surtout un de ces héros de Tournier qui savent transformer un destin
négatif en quelque chose de positif.
Ce fut une réelle joie de vous avoir connu, mais quelque chose me dit que nous n'en resterons pas là.
Votre.
D.B."
Je n'ai jamais revu D.B.
Il m'avait beaucoup parlé de Michel Tournier, dont il était ami. De Michel Tournier, j'avais bien entendu dévoré "Le Fétichiste".
J'ai écrit une lettre à Michel Tournier... que je ne lui ai jamais envoyée.
Et le temps a passé.
Et ce soir, je ne sais pourquoi, j'ai interrogé -comme je l'avais fait avec Jeanne de Berg- les pages blanches de l'annuaire téléphonique, sur Internet maintenant, et j'ai tapé "Michel
Tournier" dans l'endroit où je savais qu'il résidait, dans ce presbytère de la vallée de Chevreuse. (Il suffit de vous rendre sur l'excellente encyclopédie "Wikipédia" pour en
"savoir" plus.
Comme tous les grands timides, je suis capable de grandes audaces, et j'ai appelé Michel Tounier. Et je lui ai parlé, en direct !
Bien entendu, je n'aurais pas voulu apprendre de sa bouche que D.B. s'était suicidé. Je ne compte plus les rencontres de "Castelviel" qui l'ont fait...
Le but de mon appel était précis : je souhaitais avoir son accord pour écrire en façade de ce blog, "JOURNAL EXTIME", terme dont il est l'inventeur.
Non seulement je l'ai eu, cet accord -et j'ai senti son plaisir lorsqu'il a renchéri : "Je suis heureux de voir certains de mes mots inventés dans le dictionnaire- mais nous avons
taillé de bout de gras comme deux amis qui se connaissent depuis toujours !
Comme j'étais ému de lui parler, il me dit : "Vous savez, j'ai laissé mon nom dans l'annuaire... je suis public... le plus
ennuyeux, c'est quand on m'appelle parfois pour me vendre des chaussettes..."
Michel Tournier, 83 ans, membre de l'Académie Goncourt, auteur majeur du XXe siècle, a fait
une mauvaise chute il y a quelques temps, mais n'a pas perdu le sens de l'humour : "Je suis plein de métal."
Et comme je
lui rappelai ses "anecdotiques" rencontres avec François Mitterrand ("Il est venu 4 fois." -il se posait en hélicoptère devant chez lui-), il me dit tout simplement
: "Vous savez, j'ai fait de mon mieux pour le recevoir.
Peut-être que Satkozy va se décider ?"
Joël Fauré
PS : Un grand merci à vous, Monsieur Tournier. Vous m'avez dit que vous n'aviez pas d'ordinateur, mais vous avez beaucoup d'amis... Ce qui rétablit amplement "l'équilibre"...