(Photo DR)
COUP DE CHAPEAU
CARRIE HARVEY : LOYALE DANS SES BOTTES
Cliché Marie-France Albarède.
S'il est, au cirque, une silhouette sympathique, c'est bien celle de Monsieur Loyal. Les plus nostalgiques se souviennent de Roger Lanzac, qui donna à la
télévision balbutiante sa voix claire et posée dans "La Piste aux étoiles" du regretté Gilles Margaritis.
Chargé d'établir le lien entre les numéros, et de faire valoir les interventions des clowns, Monsieur Loyal, le ringmaster, le Maître de manège, le présentateur n'a laissé -comme le Père Noël-
aucune chance aux femmes d'user du privilège de sa panoplie : frac, gants, chapeau et bottes.
Or, voici qu'une petite révolution dans le Cercle Enchanté -plutôt en passe de réussir- nous met sous les yeux une ravissante "Madame Loyale". Mon camarade Pierre Bruel m'a soufflé une
petite contrepéterie que je ne peux passer sous silence : Toute en piste avec ces superbes bottes.
C'est au cirque Amar que l'on doit cette joie sans mélange de tomber à genoux devant les cuissardes de Carrie Harvey. Carrie Harvey, humble sujette de Sa Majesté Elisabeth II, ressortissante de
la Perfide Albion, à 38 ans, a déjà touché du spectacle sous ses formes les plus nobles : chanson, comédie musicale, théâtre. La langue de Molière après celle de Cervantès (Carrie a fait une
tournée en Espagne) et la maternelle de Shakespeare roulent dans sa bouche.
Jointe en tournée entre Gap et Briançon -le portable semble avoir été inventé pour "les gens du voyage"-, Carrie m'a fait part de son enthousiasme à travailler au cirque. Son bel accent, capté
près de son camion et sa caravane en attteste. En guise d'encouragement à rester dans le rond de la piste, fort joliment chaussée, une plume d' "A propos de bottes" s'est envolée pour
écrire à son intention et lui offrir cette entrée comique : "Les Bottes Magiques".
Qui a dit qu'on "n'écrivait" plus pour le cirque ? (1)
JF
(1) Les circophiles les plus avertis se devront de trouver "l'introuvable" ouvrage de Tristan Rémy
NOTES DE LECTURE
"Comment j'ai vidé la maison de mes parents."
Lydia Flem. (Editions du seuil)
Lydia Flem sait de quoi elle parle quand elle place ce titre en couverture de son livre, très à propos publié au "Seuil".
Ne dit-on pas d'un gardien de discothèque qu'il est "videur" dans une boîte ?
Les "vide-greniers" ne sont-ils pas à la mode ?
L'ampleur de la tâche est donnée. Elle est rude. Parce que "rien n'est neutre dans une maison."
A la mort de ses parents, Lydia Flem se retrouve face à un inventaire impressionnant.
Elle cite Pérec, et ses choses minuscules ; et Pierre Nora et ses "Lieux de mémoire".
Que faut-il garder ? Que faut-il jeter ? En tous cas, il faut "vider" comme on "vide un poulet". Très vite, nous apprenons que Lydia Flem est fille unique (ça a son importance),
donc sans conflit avec une fratrie, et que ses parents étaient manifestement des "accumulateurs". Dans la maison, elle retrouve des tickets de métro, des serviettes en papier annotées, et surtout
tous ses biberons qui l'alimentèrent bébé.
Les objets donnent ici matière à réflexion, à émotion, et à question. Devant cette "brocante de l'âme", l'héritière l'apprendra à ses dépens.
Sur le thème, on pense à "Une maison n'est rien" de Michel Besnier ; "La Maison Mélancolie" de François Nourrissier, et surtout à "La Cerisaie" de mon
camarade Tchékov.
Le travail de mémoire et de sélection que Lydia devra mener à bien est des plus ardus qui soient... Les "ça peut servir", "ça me rapelle", "Je jette pas, ça porterait
malheur" feront écho chez de nombreux obsessionnels et compulsifs.
Lydia Flem signe là un beau livre sans point final, utile et précieux, pour "l'aide à la décision" de celles et ceux qui sont dans l'évitement et la procrastination
Il faut savoir y mettre un point final.
"Comment j'ai vidé la maison de mes parents ?"
J'ai fait comme j'ai pu, pas comme j'ai voulu.
Joël Fauré
"Vous savez, une maison où on a passé quarante-cinq ans, c'est quelque chose, vous connaissez toutes les pierres, tous les grains de sable, toutes les bosses des champs. Ce n'est pas comme
ici où chaque geste demande réflexion et où, quand vous vous réveillez la nuit, vous restez à vous demander dans quel mauvais rêve vous êtes tant que vous ne vous reconnaissez pas, puis vous
comprenez que vous êtes réveillé, la mélancolie vous prend, la pire de toutes les maladies pour un vieux, et où vous enfuir ?"
Inès Cagnati "Mosé ou le lézard qui pleurait" - Denoël - 1979
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Brèves:
Quid Doc Gynéco
Je n'ai jamais compris qui était vraiment Doc Gynéco. Docteur ? Gynécologue ? (Un gynécologue, c'est quelqu'un qui travaille là où les autres
s'amusent.)
Son nom ne m'est pas étranger puisqu'il est parvenu jusqu'à moi. Dans les colonnes de "La Dépêche du Dimanche" d'hier, la journaliste
Françoise Cariès semble le connaître aussi. Et elle rapporte ses propos receuillis au milieu des "sarkozysés" du 14 juillet "nouvelle fourmule" : "Je préfère les femmes en uniforme
plutôt qu'en bas résille." Fétichiste avec ça ?
*
Dialogue
Echange.
J'ai croisé chez l'épicier une amie que je n'avais pas vue depuis longtemps.
Moi : "Alors,
qu'est-ce que tu deviens ? Tu travailles toujours là ?"
Elle : "Et oui ! Je suis toujours dans mon donjon !"
Moi :
"Dans ton donjon sadomasochiste ?"
Elle : "Oh non ! De princesse. Moi, je suis plutôt princesse."
JF
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PROCHAINEMENT SUR CET ECRAN
"LA FEMME DE MA VIE"
Une confession
bouleversante et drôle de Joël Fauré consacrée à la femme qui a le plus compté dans sa vie.
Quand "Le Monde des Livres" s'interesse aux pissotières...
(Voir les "brèves" du 14 juillet.)
Personnellement, si j'y ai si et trop souvent agité mon sexe, c'est bien parce que j'étais sous l'emprise d'un Trouble Obessionnel Compulsif, et que j'avais une peur bleue du Sida.
Joël Fauré.
(Cliché JF)