18 septembre 2010 6 18 /09 /septembre /2010 19:23

A vous, Suzanne.

Et merci, Madame.

En rouge, à droite, c'est vous qui avez écrit.

 

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Cahier de récitations, année scolaire 1972 - 1973. Archives Joël Fauré. L'illustration a été refusée au Louvre. 

 

L'année où la semaine des quatre jeudis

est devenue obsolète

 

Que s'est-il passé en France, il y a 38 ans, le mercredi 20 septembre 1972, alors que j'étais sagement assis sur les bancs de l'école primaire de Buzet-sur-Tarn et que je ne demandais rien ?  

Sur la route qui conduit à Lavaur (cité par Georges Perec dans "La vie mode d'emploi"), le panneau indicateur rédigé en occitan "Prat de dijaous", autrement dit "Pré du Jeudi" - prometteur de bien des joies - a perdu toute sa crédibilité. C'est en effet ce jour-là que le mercredi a rempacé le jeudi pour le repos des chères têtes polychromes..

 

"Sans être passéiste, c'était mieux avant" me souffle mon grand ami Jacques Prévert tandis qu'Anatole France me fait écrire ceci :

 

« Je vais vous dire ce que me rappellent, tous les ans, le ciel agité de l’automne, les premiers dîners à la lampe, et les feuilles qui jaunissent dans les arbres qui frissonnent. Je vais vous dire ce que je vois quand je traverse le Luxembourg, dans les premiers jours d’octobre, alors qu’il est un peu triste et plus beau que jamais…

Ce que je vois alors dans ce jardin, c’est un petit bonhomme qui, les mains dans les poches et sa gibecière au dos, s’en va au collège en sautillant comme un moineau.

Il y a vingt-cinq ans, à pareille époque, il traversait avant huit heures ce beau jardin pour aller en classe. Il avait le cœur un peu serré : c’était la rentrée…

Pourtant, il trottait, ses livres sur son dos et sa toupie dans sa poche. L’idée de revoir ses camarades lui remettait de la joie au cœur. »

 

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13 septembre 2010 1 13 /09 /septembre /2010 08:07

Géopolitique

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WATERLOO, FRANCO ET DUMBO

Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants

 

Mathias Enard a réussi un tour de force : mixer la rubrique "Est-Ouest" et "Beaux-Arts" en un livre aux effluves de vin épais et de cannelle.

Miquel-Ange, fort du succès de son "David", n’est plus en odeur de sainteté avec le pape Jules II, qui lui a passé commande de son tombeau. Au nom de ce différend qui les oppose, il accepte l’alléchant pont d’or que lui offre le Sultan de Constantinople : en concevoir un, à la hauteur de son génie, dont le tablier enjambera le Bosphore et renchérira le lustre de la Corne d’Or. Léonard de Vinci ayant rendu le sien (de tablier). Rien de plus.

L’Orient fantasmé prend sous la plume de l’auteur de "Zone" (Prix Livre Inter 2009) la chatoyance des couleurs et la saveur épicée vues par l’artiste florentin en repérage, faisant du lecteur le témoin de ce morceau de vie (Elle dura 88 ans) éclairée par ses fulgurances mais aussi ses failles. Rien de plus.

On savait Miquel-Ange tout au moins tourmenté, tout au plus autiste, sans aucun doute habité par des désirs "invertis". Rien de plus.

On aura ici tout le loisir de partager son quotidien stambouliote, et la galerie de personnages qui gravitent autour de lui : Manuel, son drogman, Arslan, et surtout Mesihi, son poète chaperon alter ego, son amoureux transi, sans oublier la troublante présence androgyne d’une danseuse : "Il aime pourtant cette peau contre son épaule, le frisson lisse des cheveux étrangers dans son cou, leur parfum d’épices ; la magie n’opère plus. Le plaisir le laisse de marbre" ; danseuse d’un coup de cimeterre devenue poupée sanglante au nom d’une rivalité, (le calife souhaitant la place du calife), ni la noria d’experts et de janissaires mise à sa disposition.

Il y a, dans "Parle leur..." des pages resplendissantes. On en fera ce qu’on voudra, une fable ou une parabole sur l’acte de créer, des passerelles possibles entre les cultures, le rapprochement entre l’Orient et l’Occident, et pourquoi pas, la question de savoir si oui ou non la Turquie a sa place dans les états unis d’Europe... Rien de plus.

 

Joël Fauré

 

"Parle leur de batailles, de rois et d’éléphants".  Mathias Enard. Actes Sud.

 

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20 juillet 2010 2 20 /07 /juillet /2010 16:30

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"Le guide du Routard Pyrénées, Gascogne + Pays Toulousain". (Hachette) Edition 2010. Page 126 

   

 DANS LES ARBRES

 

 ou L’EFFET MAC DONALD

 

Depuis trois ans que tous les étés, nous parlons aux arbres presque clandestinement, il fallait bien que ça nous arrive. Nous avons été débusqués. Et pas par n’importe qui. Le Guide du Routard. En terre et en bitume !

"Dans les arbres" ceux de la forêt de Buzet-sur-Tarn, entre icelui et Garonne, est une initiative nouvellement née. A l’origine, nous avions investi le petit coin de bas-bois où la dompteuse Jeannette Mac Donald avait terminé son voyage. Le lieu, s’il s’était rendu à la nature, n’avait pas rendu son âme.

 

Avec la patine du temps, la dame effacée s’était nimbée d’un halo de légende et de contours imprécis... D’aucuns souriaient aux esprits imaginatifs ou mythomanes que nous étions lorsque nous évoquions un être bien réel, qui avait existé là avec son bestiaire à la Métro Goldwyn Meyer.

Le livre "Comme un tableau fauve" qui rencontre un accueil chaleureux vient remettre tout le monde d’accord. Jeannette Mac Donald n’est pas la dame blanche du bord des routes qui fait du stop et qui serait le fantôme d’un lointain accident... Quoique... A bien y réfléchir, pourquoi ne pas y voir une mythologie, créer un pôle d’attraction, échafauder des rêves, fabriquer de l’imaginaire ?...

La dame aux lions, la dame du cirque, la dame du zoo avait - a - le magnétisme, le charme qui donne aux rencontres auxquelles nous vous convions les couleurs de contre-univers. Nous en avons tellement besoin...

Grâce à l’ACTA (Association Culturelle Touristique et Artistique) de Buzet-sur-Tarn, et le Conseil Général de la Haute-Garonne, adoubé par "Le Guide du Routard", sous les frondaisons des chênes, "Dans les arbres" lance le défi tout simple de venir écouter, lire, écrire, parler. Le défi car les temps modernes ont tendance à écarter l’essentiel.

Rendez-vous le dimanche 1er août, dans la forêt de Buzet. En cherchant bien, vous trouverez. Surtout si vous aimez la nature. Si vous aimez les mots. Si vous aimez la nature des mots et les mots de la nature...

L’effet Mac Donald. Les faits Mac Donald. Les fées Mac Donald.

Il fallait bien que ça arrive...

 

Joël Fauré

 

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15 juin 2010 2 15 /06 /juin /2010 17:25

"Vous pouvez descendre, monsieur Dalemberg, les lions sont partis."

 

Réplique du film "Roselyne et les lions" de Jean-Jacques Beineix  

 

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Jean-Philippe Frespuech, un homme qui ne manque pas de "caractères", recherché par la "police", directeur de l'imprimerie "Les Arts Graphiques", et artisan... du succès de "Comme un tableau fauve" (Photo JF)

www.artsgraphiques.fr

 

  Vient de paraître

 

Comme Louis Amade, Préfet de Police de Paris était poète et parolier de nombreuses chansons de Bécaud, je suis, en beaucoup plus modeste, Adjoint Administratif au Tribunal de Grande Instance de Toulouse et dramaturge et écrivain...

L’un n’est pas incompatible avec l’autre et ne se nuit pas...

La preuve par l’exemple...

"Comme un tableau fauve", la vie extraordinaire de Jeannette Mac Donald et un peu de la mienne, est désormais disponible pour tous.

Ce livre nous assène une lucide et magistrale leçon de vie. Il est autorisé de ne pas être d'accord moyennant argumentaire.

Il a reçu un accueil chaleureux dans l'une des plus - n'ayons pas peur des mots - belles librairies de France, "Ombres Blanches", 50, rue Gambetta à Toulouse. Il est en bonne place au rayon "Théâtre / Cirque". Composez le 05.34.45.53.33 et demandez Aliénor. Elle se fera un plaisir de ne pas tarir d'éloges sur cet ouvrage fraîchement massicoté.

Il est aussi en vente chez mon grand ami marchand de journaux Philippe Caron, 19, place du Salin à Toulouse. (05.61.53.95.95.)

 

Vendredi après-midi, l'encre à peine sèche, la besace en bandoulière garnie de mes ouvrages, j'ai gagné les terres où j'ai grandi et où Jeannette Mac Donald a terminé son voyage. Comme mon clocher m'a paru petit ! Ou bien est-ce moi qui ai trop grandi ? J'ai reposé le pied sur le théâtre du passé : et alors décors et dialogues me sont revenus...

L'épicier de Buzet-sur-Tarn a accepté de prendre en dépôt quelques exemplaires du "Tableau". Hier, il m'a appelé pour me dire qu'il avait déjà tout vendu !

Comment t'y es-tu donc pris, mon cher Vincent, pour n'en vendre aucun (de tableau) de ton vivant ?

  

Au Chef-Lieu de canton, Montastruc-la-Conseillère, la bibliothèque m'ouvrira ses portes le vendredi 25 juin à 20 h 30 pour une rencontre-dédicace. Je crois que ce sera passionnant. Quand je vous aurais dit qu'à mes côtés, il y aura le docteur Jean-Louis Agard, le vétérinaire qui a soigné les bêtes de Jeannette... Je n'en dis pas plus... C'est un peu le Docteur Gachet de Vincent...

 

Enfin, lors de la fête de la musique, lundi 21 juin, je me ferai un plaisir de vous rencontrer et de signer la vie mise en pages de la grande dame aux fauves, dans la salle des pas perdus du Palais de Justice de Toulouse, exceptionnellement ouvert ce soir là et à découvrir sous un autre angle, dans les bonnes notes des chorales et des harmonies.

 

Voici les dernières nouvelles du front, mes amis.

 

Joël Fauré

 

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7 juin 2010 1 07 /06 /juin /2010 16:12

"La littérature est la preuve

que la vie ne suffit pas."

 

Fernando Pessoa

 

img598.jpgL'exemplaire "bon à tirer" de "Comme un tableau fauve" sorti des presses de l'imprimerie "Les Arts Graphiques". (Photo JF)

Comme un tableau fauve

 

Mon pronostic, hier soir, n'était pas bon. C'est Cloé Korman l'heureuse impétrante du Prix du Livre Inter 2010, avec un premier livre "Les hommes couleurs", paru aux éditions du "Seuil", alors que j'avais reniflé "Choir" d'Eric Chevillard. Laissons tomber...

Les écrivains ne se jugent pas ; ils s'épient.

Discourons d'autre affaire... tout en restant sur le même palier.

 

Et comme l'on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même, qu'il me soit permis, une bonne fois pour toutes le scrupule de narcissisme déblayé, de verser dans l'auto-promotion... Eh oui, je vais me servir la soupe !

J'ai 48 ans et il y a 48 ans que j'écris. Je ne sais pas faire grand chose d'autre. Depuis un peu plus de 3 ans, les 75 pages de ce blog en ont répercuté l'écho.

J'ai abandonné le luxe d'envoyer aux éditeurs patentés mes manuscrits. Il tient du miracle, pour un illustre inconnu, si "l'on ne connaît personne" de voir sa prose couchée sur le vélin des maisons germanopratines.

 

Qu'à cela ne tienne... L'an dernier, à pareille époque, j'ai publié à compte d'auteur, un petit livre "J'ai très bien connu Jacques Brel". 200 exemplaires, qui se sont écoulés honorablement, avec des retours encourageants. Sans trop en faire sur le plan de la diffusion et de la communication.

Aujourd'hui, je renouvelle l'expérience, mais je l'appréhende d'une tout autre manière.

 

J'ai la prétention de croire que le nouveau livre que je propose est bon. C'est dit.

Je n'ai pas démarché d'éditeurs. Mais il sort. Il sort pourtant. Il sort et je vais le défendre "crocs et griffes" car j'y suis viscéralement attaché. Il conte une histoire vraie, un parcours exceptionnel de femme exceptionnelle, injustement oubliée : l'artiste Jeannette Mac Donald, qui fut la première femme dompteuse à entrer dans la cage aux fauves (et pas toujours ceux qu'on croit)... à connaître la gloire, la beauté, la reconnaissance du public, puis par un malheureux renversement du destin, une fin tragique... "Pathos, pleurs de Margot et larmes de crocodiles" penserez-vous... Il n'en est rien. Cette femme que j'ai eu la chance inouïe de côtoyer, plus de 20 ans durant, nous assène une extraordinaire leçon de vie.

 

C'est ce fabuleux destin que j'ai voulu retracer avec mes armes : stylo, papier, clavier...

Certaines, certains, sur ce blog, ont pu lire in extenso ce parcours...

Mais c'est le livre que je visais...

Et ce livre, le voici. Il a demandé de la passion, de la patience, beaucoup de temps, beaucoup de travail, et aussi... pas mal d'argent.

Ne roulant pas sur l'or, j'ai emprunté 10 000 euros pour mener à bien sa parution.  J'ai mis mon banquier  - de la banque verte - au parfum : il sait que cet argent couvrira les frais d'impression de "Comme un tableau fauve". Les 200 exemplaires qui sortiront vendredi des presses de l'imprimerie "Les Arts Graphiques" ont un prix :  un peu plus de 5 000 euros. Si je veux "rentrer dans mes fonds", je suis dans l'obligation de vendre chaque exemplaire  30 euros, le prix coûtant. Mon ambition n'est pas de gagner de l'argent, mais mon devoir est de ne pas en perdre.

 

Si l'ouvrage est bon, je l'ai aussi voulu beau. 

 Cet ouvrage de 190 pages est imprimé sur papier bouffant 90 g, police de caractère Garamond, corps 14 pour un grand confort de lecture. Format : 16 X 24. Poids : 370 g.

Il est agrémenté de deux cahiers papier satiné 115 g, illustrés de 70 documents (photos, lettres...) étonnants, émouvants, drôles et rares.

La couverture est cartonnée et pelliculée avec double rainage d’aisance et illustration en quadrichromie.

 

Je sais que ce livre est attendu. Par celles et ceux qui ont été les acteurs et les témoins privilégiés de la vie de Jeannette Mac Donald tout d'abord. Période lumière (il en reste peu mais ils sont précieux) et période sombre (ils sont légion). Ils sont légion, qui vont découvrir des aspects méconnus de cette "figure" hors du commun, qui est devenue, lâchons le mot, iconesque.

 

Je vais m'employer à faire revisiter cette vie pleine, dense, cohérente, à l'heure où le monde dans lequel nous vivons s'émonde et se gratte, se cherche un sens, où les repères se brouillent, où la vitesse grise et masque l'avenir.

 

Dèja, des médias m'ont assuré de leur soutien.  "Radio Présence" et Pierre Bruel, qui m'a déjà placé sous "Les Feux de la Rampe", "L'InterForain" et Michel Pierre, "Le Club du Cirque" et Christian Hamel,  Le journal local "La Dépêche du Midi" et Henri Beulay ; "Télé Toulouse" et Greg Lamazères qui m'ouvrira son "Comptoir de l'info" (très probablement le 23 juin) ; "France 3 Sud" et Pierre Nicolas, (qui possèdent en archives des documents sur Jeannette Mac Donald) ; les bibliothèques qui m'acceuilleront pour des rencontres-dédicaces (le vendredi 25 juin, à 20 h 30, à la bibliothèque de Montastruc-la-Conseillère)...

Et puis vous, vous qui me lisez... depuis longtemps ou depuis cinq minutes...

Je compte sur vous pour créer une dynamique autour de ce livre et de son héroïne, qui doit bien se marrer, de là où elle se trouve.

 

Joël Fauré

 

P.S. :  Deux choses, importantes :

1) Les mécènes sont les bienvenus.

2) Si je ne veux pas "finir sur la paille", il faudra que l'on comprenne que je  ne pourrai pas "offrir" le livre à bras raccourcis. 

 

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6 juin 2010 7 06 /06 /juin /2010 20:06

"ON BOUGE ?"

 

Il est tôt fait d'être mort. Tout comme il est facile d'être immobile, de s'arrêter, de laisser "pourrir la situation".

Entendu ce soir, repas achevé, dans ma gargote habituelle un groupe repu de jeunes repus dire : "Allez, on bouge ?"

Signe des temps accordé à sa vitesse.

Ô mon journal extime, toi qui me "tracte à moter", tu me pardonneras. Je ne t'ai pas oublié. Bien au contraire. Je t'alimente tous les jours sans que tu le saches, à becquées d'hirondelles qui tendent à disparaître.

Connais-tu cette histoire :

" - Tu m'as abandonné. Je le vois bien. Là, sur le sable, il y avait deux empreintes de pas. Les tiennes et les miennes. Tu marchais à mes côtés. A présent, je ne vois plus qu'une seule empreinte.

- S'il n'y a plus qu'une seule empreinte de pas, c'est parce que je te porte dans mes bras."

 

Dans les jours qui viennent, mon deuxième livre va paraître. Je vais le défendre "crocs et griffes", car j'y suis viscéralement attaché.

Il faudra m'absoudre si des empreintes de pas s'effacent et si je "bouge" ailleurs qu'ici...

 

Joël Fauré

 

9, rue JOUTX-AÏGUES (Hélas !)

31000 TOULOUSE

05.61.14.03.02

joel.faure@dbmail.com

 

Néo-névrosé

Polytraumatisé de la vie

Auteur (très) dramatique

Fétichiste des bottes-cuissardes à tendance sadomasochiste.

Pseudonyme prêt à servir : Raoul Jefe (Anagramne de Joël Fauré)

 

P.S. : Demain, lors du journal de 8 heures, sur France Inter sera divulgué le lauréat du Prix du Livre Inter 2010. Je suis très attaché à ce prix, car il est décerné par des gourmands de mots, non inféodés à de quelconques enjeux ou intérêts.

Je ne suis pas partie prenante, je n'ai rien lu des 10 ouvrages en compétition, mais seulement survolé "Choir" d'Eric Chevillard, aux Editions de Minuit. Je serais content s'il obtenait le prix. Je serais de toute manière content si c'était un autre : le choix est toujours judicieux.

 

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24 mai 2010 1 24 /05 /mai /2010 12:51

Céline Bernat dans « Frida » au Théâtre du Pavé./Photo DR

Céline Bernat "est" Frida Kahlo (Photo DR) 

 

ET PUIS IL Y A FRIDA…

 

Si les pages (pas toujours) roses du « Petit Larousse Illustré » l’ignorent, « Le Petit Robert » a bien pris les mesures. Et de Frida Kahlo (« Frida a le même nombre de lettres que moi et les mêmes initiales » a écrit Franz Kafka) n’a pas omis de donner son entrée, sa notice. Noticia : nouvelle en espagnol.

Mais qui était donc Frida Kahlo (1904 -1957) pour avoir suscité, susciter, n’en avoir pas fini de susciter un maelstrom, un vortex, un geyser, un tel jaillissement d’idées chaudes ?

Faisons court. Frida était belle comme un soleil dans une chanson de Brel et fracassée comme une héroïne de Zola.

Sa vie, brève, dense, riche a tant d’entrées qu’elle peut nourrir et abreuver, pour tout l’art du monde, les créateurs et regardeurs que nous sommes.

Née au Mexique, pays de gringos et de pistoleros, voici un jeune siècle, Magdalena Carmen Frida Kahlo Calderon doit d’être parvenue jusqu’à nous, iconesque, par son carnet de santé, sa carte politique, et surtout ses tableaux de peintre autodidacte qui a refusé, en femme libre, la récupération par une quelconque école, une clanesque mouvance, son seul mouvement étant le sien, « mouvement » au sens propre qu’elle pouvait encore accomplir, si l’on sait qu’elle vécut 47 ans durant sous le joug de la souffrance d’un corps charcuté « à la Bacon ».

De la souffrance, mais point de la solitude et de l’action.  Ses amis, ses amours, ses emmerdes en sont garants.

Ses amis : Breton et Trotski. Ses amours : Diego Rivera. Ses emmerdes : poliomyélite à 10 ans, horrible accident à 20 d’où elle réchappa, transpercée et gibier médical jusqu’à la ramasse, jusqu’à la tombe.

Excusez du peu et du court.

A celles et ceux qui veulent en savoir plus sur la dame rouge, des moyens modernes, qui n’en sont pas avares, les renseigneront et rempliront les cases.

 

Passionnée par cette pasionaria, la jeune et jolie comédienne Céline Bernat, élève de Gérard Pollet, s’est emparée de cette vie pleine à-bras-le-corps pour en restituer sur les planches les attraits et les affects. Ce pari était risqué ; rien, dans le domaine, n’ayant été accompli jusqu’ici.

Qu’il soit écrit sans plus attendre que Céline Bernat possède l’humanité, l'hispanité et le talent pour ETRE Frida Kahlo, un peu plus d’heure, un peu plus d’une heure seulement, mais avec de tels muscles moteurs qu’elle laisse le public estourbi.

 

Incontestablement, la comédienne maîtrise son sujet et s’est inscrite dans une mise en scène épurée et astucieuse de Stéphane Battle.

La grande force de cette création repose, outre l’époustouflante prestation scénique, sur un texte elliptique, un liant écrit par Céline, charpenté par la correspondance de Frida Kahlo, où jamais les mots n’ont la tiédeur des « normopathes ».

A écouter la comédienne du « Grenier de Toulouse », on « voit ». Car, passé le cap imbécile de se dire : « A quel moment va-t-elle peindre ? » - son essence - ; et défrustré  de ne rien voir - pas même, sur le plateau, un chevalet où une toile attendrait d’être achevée, ou la projection d’une diapositive sur les draps blancs de son lit de souffrance - admirable trouvaille qui mériterait dix lignes (foetus, linceul, Saint-Suaire, évasion, ascension, grimper aux rideaux, accroché aux branches…) - ; passé ce cap donc, il se suffit à lui-même, dans les changements à vue de donner à voir bien plus qu’en galerie et en cimaises.

Céline Bernat joue sur tous les « tableaux », se farde et se défarde, se pare et se dépare, se change et s’échange jusqu’à une nudité que l’on souhaiterait encore plus totale…

Performance donc, que cette « Frida », qui a donné au mot « résilience » toute son acuité. Il est prouvé ici que les vilains petits canards se transforment en très beaux cygnes (signes ?). Et leurs chants ont la mélodie du triomphe de l’élan vital sur la pulsion de mort.

« Viva la vida ! »

 

Joël Fauré

 

"Frida"

De et avec Céline Bernat. Mise en scène Stéphane Battle.

Théâtre du Pavé. 34, rue Maran. Toulouse.

05.62.26.43.66

Jusqu'au 29 mai. Relâche le lundi. 

 www.theatredupave.org

 

A lire : "Frida", la biographie très fouillée de Hayden Herrera, au "Livre de Poche" 14573)

 - J.M.G Le Clézio a écrit un très honnête et lisible "Diego et Frida" (Folio 2746)

 - "Frida Kahlo par Frida Kahlo", la correspondance dont s'est inspirée Céline Bernat, (choix, prologue et notes de Raquel Tibol ; Points 2096)

 

A voir : le film (très réussi) "Frida" de Julie Taymor avec Salma Hayek .

 

A écouter, en podcast ( à partir de mercredi 26) : "Les feux de la rampe" de Pierre Bruel sur Radio Présence, avec Gérard Pollet et Joël Fauré. 

 www.radiopresence.com/emissions/Feux.htm

 

 

 

"La colonne brisée", Frida Kahlo, 1944

 

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17 mai 2010 1 17 /05 /mai /2010 16:47

"Alors sans avoir rien

Que la force d'aimer

Nous aurons dans nos mains,

Amis, le monde entier"

 

Jacques Brel, "Quand on a que l'amour"

 

Cher Jacques,

 

Dès qu'il ne jouit pas, l'homme s'ennuie. N'est-ce pas, Jacques ? Il a l'impérieux besoin d'avoir à proximité des biens matériels. Il ressent l'irrésistible attraction de s'entourer. Enlevez-lui la grossière panoplie dont il s'affuble ; dépouillez-le de la force de ses habitudes, il devient un être nu et misérable. Et foncièrement seul...

Vous l'avez bien compris...

Or, l'homme l'oublie trop souvent, qui s'acharne à amasser toutes sortes de trophées dont il tire profit, que ce soit de façon naturelle ou illicite, puisque l'homme est armé d'une intelligence qu'il met parfois au service du mal.

Vous l'avez bien compris...

Compétences, ressources, talents, énergies ont jeté les bases d'une impitoyable compétition où entrent en course des critères sélectifs majeurs : l'argent, la beauté, l'intelligence.

Vous l'avez bien compris...

Et l'homme, ainsi doté de valeurs (acquises ou innées) poursuit son destin fatal sans trop se soucier (ou alors seulement "dans la marge de ses appétits" pour reprendre une de vos expressions) de son contemporain qui en est dépourvu : c'est l'inéquitable partage des données face aux besoins des récipients et des capacités.

Vous l'avez bien compris...

Et pourtant, derrière le le plus sophistiqué des claviers comme devant le plus précaire des outils, se meut une créature par essence vulnérable, dont le règne est éphémère et qui glisse chaque jour un peu plus vers l'usure et la destruction.

Vous l'avez bien compris...

Le cheminement humain est engagé depuis une création certaine. Où conduit-il ?

Vous avez chanté les ratages, les chocs, les échecs, les amours déçues, les espoirs désabusés, les rêves volés (Le Far West), les chairs meurtries, la pourriture qui sclérosent l'esprit et la matière, mais aussi tous les pouvoirs, toutes les bassesses, toutes les aspérités du "non-plat pays", et la suprême justice : la mort.

Vous l'avez bien compris...

 

Votre oeuvre sous-cutanée est pessimistement belle.

Nous l'avons bien compris...

 

Le Fataliste.

 

                                                            FIN 

 

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12 mai 2010 3 12 /05 /mai /2010 15:48

"Je m'appelle Zangra hier trop vieux général

J'ai quitté Belonzio qui domine la plaine

Et l'ennemi est là ; je ne serai pas héros"

 

Jacques Brel, "Zangra"

 

Cher Monsieur,

 

Je m'appelle Zangra et je suis un vieux général, témoin du mariage entre deux inspirations, deux respirations : "Le Désert des Tartares", le livre important de Dino Buzzati, et votre superbe chanson qui porte mon nom, et où vous m'avez incarné...

Ce soir, à l'issue d'une pénible journée, je prends la liberté de vous écrire cette lettre où, pour la première fois, j'effeuille les fleurs de mon jardin secret. J'en ressens le besoin. Je n'espère qu'une chose, c'est que vous me lisiez jusqu'au bout. Peut-être y touverez-vous quelque matière à construire un autre monument à la gloire de la chanson, celle qui pourrait dissuader l'âme d'un canon...

 

Je vais vous faire un aveu, Jacques... Me permettez-vous de vous appeler Jacques ? Je ne voudrais plus jamais avoir à me sacrifier pour ces sempiternelles remises de décorations. Aujourd'hui, j'étais à l'autre bout de la France, et pour quoi faire, je vous le demande ? Serrer toutes ces mains sales et grasses qui, le soir venu, iront caresser les blondes chevelures des call-girls de luxe obtenues contre faveurs, épingler sur d'asthmatiques poitrines ces insignifiantes médailles et donner l'accolade à ces vieillards qui sentent le vieux poivre, et tout cela en restant dans le champ de la caméra, en feignant d'écouter des discours isnsipides... en pleine chaleur... devant ces colonnes d'armées trop bien rangées, trop... carrées. Que pensez-vous de l'armée, vous, Jacques ? Ne me répondez pas. Comme je vous comprends. Voyez-vous, l'armée, c'est une mécanique où tout semble sonner juste mais où tout est faux. Tout.

Et si vous aviez vu la tête du nouveau ministre de la Défense, cet après-midi ! Trop petit. Trop timide. Pas à la hauteur. Je l'ai senti quand je lui ai serré la main : elle était moite. Il était mal à l'aise ; il avait l'air d'un enfant qui ne sait que faire au milieu de tous ses jouets. Et moi, j'aurais donné tout l'or du monde pour être l'opérateur qui tenait la caméra qui nous filmait, ou le spectateur qui nous regardait suer... C'est terrible Jacques, terrible, la façon dont j'ai pris conscience aujourd'hui combien je désteste... Pardonnez-moi, ce soleil aura trop chauffé mon vieux crâne dégarni... J'écris n'importe quoi...

 

Je n'ai jamais eu d'ours en peluche. Non, je n'ai jamais eu d'ours en peluche. Mon père ne m'achetait que des soldats de plomb. Je passais des matinées entières à les aligner en rangs plus ou moins bien disciplinés. Je les prenais comme ça, entre le pouce et l'index, et les faisais miroiter sous la lampe. Ils brillaient de tous leurs feux, de toute leur cuirasse, et il faut dire qu'ils me faisaient un peu peur. Je ne comprenais pas bien leurs attitudes : bras levés, torses bombés, membres tendus... On les avait ainsi coulés dans le métal pour traduire la vérité. Mais moi, je rêvais à autre chose : aux jeux de cubes, aux dominos et aux aventures que dessinait si bien Benjamin Rabier. Mon père m'en voulait de ne pas lui ressembler. Ma mère, elle, était la plus douce des mères. Elle aurait souhaité que je devinsse médecin. Je la revois, les matins d'école, m'embrassant tendrement. Elle me glissait dans la poche l'argent du chausson aux pommes de dix heures. Tous les mardis, elle corsait l'ordinaire et me gratifiait de vingt centimes supplémentaires. Je courais acheter des billes. Mais mon père me les confisquait. A la place, il me refilait une poignée de nouveaux soldats. Pour "compléter la collection", disait-il. Ah ! Malheureux soldats ! Je les aurais bien volontiers tous rangés dans la boîte à coton de maman...

 

"Le jour du quatorze juillet / Je reste dans mon lit douillet / La musique qui marche au pas / Cela ne me regarde pas / Je ne fais pourtant de tort à personne / En n'écoutant pas le clairon qui sonne"... Vous reconnaissez ces paroles ? Elles sont de votre ami Brassens. Si vous saviez combien j'aurais aimé être Brassens ! Par contre, je doute fort que lui eût aimé être général... Et cette phrase terrible, et tellement vraies d'Aldous Huxley, la connaissez-vous : "Il y a trois sortes d'intelligence : l'intelligence humaine, l'intelligence animale et l'intelligence militaire" ?

 

Et les femmes ? Parlons-en, des femmes ! Elles parlaient toutes d'amour et moi, de mes soldats. Un jour, j'ai voulu parler d'amour et elles m'ont demandé des nouvelles de mes soldats. Une seule a accepté de dormir souvent seule dans notre lit : ma femme. Que j'aimais. Tiens, que j'aimais ? Et qui m'aimait, tel que j'étais. Il n'y a plus de grades ni de galons sous les couvertures... Je vis depuis trente ans avec ma femme. La même... Avec pour solde de tout compte, savez-vous quoi ? Un solde débiteur, un grand trou noir dans notre couple. Un grand néant. Nous avons pourtant tout essayé, tout. Les traitements, les cures, les pélerinages ; nous avons consulté les plus éminents spécialistes. Rien. Nous n'y sommes pas parvenus. Il fallait se rendre à l'évidence : nous ne pouvions pas avoir d'enfant. Jamais je n'ai pu, au retour d'une manoeuvre, me pencher sur un berceau où sourirait un morceau de nous-mêmes. Je n'ai pas pu faire d'enfant à ma femme. Quant à vous, Jacques, je crois que vous lui en avez donné trois, c'est bien ça ? Et moi, au lieu de ça, des ordres à donner, des inspections de guêtres, des visites et tous les matins retrouver ce petit bureau triste sentant la ratatouille de l'ordinaire, aux murs tapissés d'insignifiantes victoires, et ce vieux drapeau tricolore dont le blanc jaunit de jour en jour... Chienne de vie...

 

Pourquoi faire des phrases ? Vous voyez, Jacques, j'ai raté ma vie. Mon entourage me considère comme un brillant officier, cité dans tous les discours, Croix de guerre, Légion d'honneur, Commandeur des Arts et Lettres ; c'est tout juste si on ne rajoute pas  : abonné au "Figaro" et à "La vie des bêtes"... Pour tous, je suis l'exemple même de la réussite... Et pourtant, parvenu à l'apogée, je m'aperçois que je n'ai pas escaladé la bonne montagne... Tout est en porte-à-faux, tout : ma situation, ma famille, mon idéal... Si vous saviez, Jacques, combien j'aurais aimé m'occuper du petit cinéma d'Atuona... J'ai réussi dans un créneau que je hais. C'est le comble du malheur pour un seul homme de n'avoir pu concilier le dit et le non-dit, l'être et le paraître...

 

Tout en haut de la hiérarchie, dans ma tour d'ivoire, je termine mes jours en ressassant mes souvenirs et en m'inventant des histoires qui ne m'arriveront pas... Très souvent, je glisse un disque de vous dans le lecteur et je me prends à frissonner, à rêver... Et mes yeux s'embuent toujours quelque peu... Je réfléchis : chacun est-il vraiment à sa place ici-bas ? Occupe-t-il l'alvéole dans lequel il se sent à l'aise et où une graine, un jour, l'a fait pousser ?

Jacques, je vous serre dans mes bras.

 

Général Zangra

 

Prochainement : le fataliste.

 

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11 mai 2010 2 11 /05 /mai /2010 17:16

"Je ne sais pas pourquoi la pluie

Quitte là-haut ses oripeaux

Que sont les lourds nuages gris

Pour se coucher sur nos coteaux"

 

Jacques Brel, "Je ne sais pas"

 

Jacques Brel,

 

Prévoir brise-larmes : infiniment de brunes à venir et amours vagues annoncées.

 

Le Météorologue.

 

Demain : Général Zangra.

 

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