"Et je ne garderai
Pour habiller mon âme
Que l'idée d'un rosier
Et qu'un prénom de femme"
Jacques Brel, "Le dernier repas"
Cher Jacques,
Une femme, après tout, ce n'est qu'un mot. Tout bête. Enlève lui ses deux premières lettres, remplace les par un "h" et un "o" et tu en obtiens un autre : homme. Ce n'est finalement qu'une banale subtilité de vocabulaire. Cela mérite-t-il qu'on s'y appesantisse vraiment ? Mais non !
D'après toi, "dès qu'une femme arrive, l'homme se sent obligé de briller ; quelque chose en lui se compose ou se décompose". Quelle comédie ! Moi, je n'aime pas du tout ça, du tout, du tout...
Vois un peu la pagaille que ça sème partout où ça passe et quoi qu'on fasse : on l'attend, ça vient pas ; on la veut, ça s'en va ; on la cherche, elle est jamais là... Et pourtant, c'est vivant comme toi et moi, ça doit peut-être aussi réfléchir quelquefois... Quand ça se met à être quelque chose de beau et que ça en abuse, c'est bien sciemment ou quand ça se met à parler, c'est souvent pour piéger ou embrigader. Nous n'avons pas de chance : on nous a annexé un accident biologique, une erreur de la nature... Et c'est ça qu'il faut aimer : ce grand complexe sportif et attractif itinérant monté sur deux jambes ? Allons ! Un peu de sérieux. Ressaisissons-nous... Il y a tant d'autres choses à aimer : les animaux, le vin rouge, les carottes rapées...
Quand je pense à tous ces grands observateurs intellectuels devant l'éternel (des auteurs, des hommes d'état, des gynécologues - ceux qui travaillent là où les autres s'amusent - , des amateurs...) qui n'oeuvrent que pour ça, je suis soufflé.
Mais, à moi, on ne m'y prendra pas...
Je te salue, Jacques. J'ai profité d'un instant de répit au bureau pour t'écrire ces quelques mots. A très bientôt. Je dois maintenant rentrer chez moi.
Le misogyne.
P.S. : Ma femme t'embrasse. Elle aimerait bien t'avoir à dîner un de ces jours. C'est un vrai cordon bleu. Tu sais, elle est adorable...
Demain : le météorologue.