L'ancien garçon de ferme : C'est joli, ça. (Il désigne un ruban, dans les cheveux de l'experte en tôle.) L'experte en tôle : Ca ? Ce n'est plus à la mode, mais c'est bien commode. C'est un "suivez-moi-jeune-homme". Mais attention, si vous me doublez,...
L'employé aux écritures : Ce jeu est stupide. (Il s'approche de la table, se saisit d'une boîte à chaussures et s'assoit par terre, à même le sol. De sa boîte, il sort des petits soldats de plomb qu'il dispose en rangs d'oignons.) Va combattre, petit...
La botteresse : Je ne la vois pas comme vous, mais un peu presque. Je la trouve esthétique, confortable, fonctionnelle et sensuelle. C'est ce que disent à mots couverts les tabloïds pelliculés. Je ne suis pas bien loin de l'attribut que vous en avez fait....
Voix off : Nous avons dansé jusqu'à l'écroulement. Je me suis senti aspiré par le bas. Elle, elle est restée debout. Hiératique. Je me suis enfoncé jusqu'au tronc. Elle m'a enjambé. Je n'étais plus qu'une aspérité du sol. Ses bottes étaient si brillantes...
Personnages : Mademoiselle L'illusionniste L'horloger La passante Des passants... PREMIER ACTE Une rue. Une agence avec une seule enseigne : AGENCE, sans autre indication. Un banc public. Une palissade avec quelques affiches à moitié arrachées. Un homme...
Mademoiselle : Monsieur, je comprends votre souffrance. Et je la partage. Je souffre pour vous. Autant que vous. Mais il me semble que vous faites erreur sur la nature de cette agence : on n'y vient pas pointer pour du travail comme vous le sous-entendez....
Mademoiselle : Je voudrais tant qu'il devienne des nôtres. L'illusionniste : Il hésite. Mademoiselle : J'aimerais tant qu'il entre dans notre camp. L'illusionniste : Il nous a vus. Mademoiselle : Il s'arrête. (Le passant s'arrête à la hauteur de Mademoiselle...
Le passant (L'horloger) : C'est étrange. J'aurais pourtant juré que vous cheminiez ensemble : vos chaussures sont pareillement usées. Mademoiselle : Usées ? Vous ne pensez pas si bien dire. J'ai à la maison une paire de bottes qui ne marchent plus du...
Mademoiselle : (S'adressant à l'horloger.) Vous le matérialiste ! (S'adressant à l'illusionniste.) Vous, l'artificier ! (S'adressant aux deux.) Ensemble tueurs de rêves, vous voulez me tuer à mon tour ? Je suis venue ici après un long parcours de souffrance....
L'illusionniste : Illusion d'optique. Mirage. Hallucination. L'horloger : Il a raison : c'est vous qui n'arrêtez pas de bouger. Vous ne tenez pas en place. Mademoiselle : Quelle heure est-il ? L'illusionniste : "Neuve" heure. L'horloger : Je disais que...
L'horloger : Vous me semblez être de cette trempe de chômeurs qui se complaisent dans leurs états. Car il y en a plusieurs catégories : ceux qu'on voit, conformes, et donc qu'on forme ou qu'on essaie de former ; ceux qu'on voit pas, pas conformes, et...
L'horloger : Il y a de toute évidence maldonne pour deux d'entre nous. Pourquoi cette agence s'entête-t-elle à rester fermée ? Il faudrait bien clore cette polémique... Mademoiselle, à trop vous agiter, vous avez laissé tomber ce petit boîtier. (Il ramasse...
L'horloger : On attend toujours trop longtemps, mais il ne sera pas dit que cette arête (Il désigne le mur le l'agence) puisqu'arête il y a, me reste en travers de la gorge. Je suis venu ici dans la ferme intention d'obtenir de l'argent, je ne repartirai...
L'illusionniste : La nuit est tombée. Il est "neuve" heure et la nuit est tombée. L'horloger : Comme on tombe en désuétude. L'illusionniste : Comme on tombe amoureux. Mademoiselle : Amoureux ? L'illusionniste : Amoureux. Il est vrai que vous ne connaissez...
L'illusionniste : Elle ouvrira quand nous nous y attendrons le moins. Vous l'avez dit vous-même tout-à-l'heure : "Vous verrez, elle ouvrira contre toute attente". Ce bec-de-cane qui nous fait tant cancaner nous le clouera à tous. Nous tirerons la chevillette...
DEUXIEME ACTE (L'enseigne de l'agence est toujours allumée. Les personnages n'ont pas bougé ; ils semblent dans l'attente d'une hypothétique ouverture.) L'horloger : Eh bien, voici que nous allons enfin pouvoir voir les choses sous un nouvel éclairage....
L'illusionniste : Les apparences sont trompeuses. Et les illusions sournoises. On dit que le temps "passe" car on n'a pas encore inventé un verbe plus fort pour imager son chemin. (Il s'adesse à l'horloger :) Vous voyez, monsieur, pourquoi insistez-vous...
L'illusionniste : Maintenant, maintenant, vous avez fait pour moi qui vous aime tout autant ce que personne n'a jamais pu faire jusqu'ici : me comprendre et m'accepter pour ce que je suis, et non pour le bouffon que je véhicule depuis tant d'années. Et...
L'illusionniste : Vous voyez, elle est guérie. Monsieur le marchand de parapluies, cher partenaire, cher public, cher ami, en vertu des pouvoirs qui m'ont été conférés, j'ai l'immense privilège et la grande joie sans mélange de vous annoncer que sommes...
CHANTERELLE de Joël Fauré "A nous qui devenons muets à force de communiquer, le théâtre vient rappeler que PARLER est un drame ; A nous qui perdons la joie de notre langue, le théâtre vient rappeler que la pensée est en chair ; A nous, pris dans le rêve...
L'homme : J'ai une idée. Je vais être mièvre et larmoyant. C'est facile. Vous diriez volontiers. La femme : Volontiers : volontiers. L'homme : L'hôpital est tout blanc dedans, tout vert dehors. Tout blanc dans la chambre, le lit, les infirmières, le papier...
La jeune femme : (Elle s'adresse au public.) Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, bonsoir. Assis, vous regardez la scène ; vous tournez le dos à quoi ? (1) (Elle s'adresse au musicien : ) Musique, maëstro, s'il vous plaît. (Le musicien entonne un air...
ACTE 2 (Même décor qu'au premier acte. La jeune femme est assise. Le Musicien joue du saxo.) Le Musicien : Je trouve que vous avez cédé un peu vite. Le mythe n'a pas fait long feu. La jeune femme : Je lui ai dit n'importe quoi. Le Musicien : Savez-vous...
A B. En mémoire de son père affectionné. (Un nouveau coup de feu se fait entendre. La jeune femme, effrayeé, se lève, va se plaquer contre l'arbre à manivelle, se colle à lui, le serre, semble danser avec lui. Elle prend bien soin de ne pas toucher la...
A la mémoire de mon frère. (On entend une voiture qui décélère, puis qui s'arrête. Bruit d'une portière qui claque. Quelqu'un s'approche, avec une lampe-torche, un siège pliant et un gros sac. Eclairage douche sur l'arbre à manivelle.) La jeune femme...