Qu'il me soit permis de faire miennes les phrases de mon grand ami Samuel Beckett :
"Ma lucidité, ma chair à vif
Me font cruellement souffrir.
Qu'on me donne le confort de l'âme
Et la quiétude de l'esprit.
Pitié.
J'implore le pardon des fautes
Que j'aurais dû commettre.
Pauvre scribe éreinté de coups.
Je me grise de mots, de vin, de viande.
Je veux être joufflu et pompeux,
Gras et verbeux ; insolite.
Je ne veux pas rester comme les autres.
Qu'on me fouette à vif, au sang.
Que mes pleurs et douleurs soient au moins motivés.
Qu'on fasse mienne la ferveur du Christ,
L'ardente prière Jaculatoire juste après l'Introït.
Que je puisse aimer sans frein
La vie, les gens, le monde.
Que ma bouche soit riche
De la soif enfin apaisée de ses lèvres
Et ma tête sereine."
Samuel Beckett (La Dernière bande)
"Qu'on ne m'enlève aucune forme de liberté,
Qu'on ne m'empêche pas de convoquer les fantômes,
J'ai appris que les morts ne quittaient jamais les vivants,
Quand ta voix change
Et que tu prends ce ton cassant,
C'est qui ? c'est quoi, toi ?
Dans ces cas-là, je voudrais pouvoir entrer
Dans le chas d'une aiguille
Et me perdre dans une botte de foin."
Raoul Jefe