17 novembre 2007 6 17 /11 /novembre /2007 21:21
"Il est des miroirs grossissants

Terrain vague et pépinière à angoisses. Elles s'axaient sur une innocence mal perdue et pivotaient sur un même thème : le sexe et ses non-dits, ayant-faits et mauvais soldes de tout compte. Le SIDA était toujours là, plus fort que jamais, plus présent et plus réel que s'il m'habitait vraiment. Il est des reflets disproportionnés ; il est des miroirs grossissants sans réfléchir. 
La science avait avancé. On vit les premières images, les premiers témoignages. On avait affiné le test de dépistage. Subsistaient, chez moi, des doutes. Je me retrouvai dans certaines lectures où il était question de fatigue et de ganglions. Ainsi, la rage au ventre, je pensai avoir contracté la plus implacable des maladies d'amour en ne l'ayant que très modestement connu. La plus implacable ou bien une autre tout aussi délicate à avouer aux "bien portants" mais "mauvais disants" : l'une ou l'autre de ces maladies vénériennes qui se véhiculent chez les "pharmaciennes".
Je n'allai plus les voir. Les espaces qu'elles avaient meublés devenaient vacants. Pourtant, il fallait vivre sa physiologie. Cendrillon et le chat Botté me faisaient des signes : "nous, on fait du théâtre, on est soumis ou dominé, mais on n'a pas de rapport sexuel."
Que faire ? Que ne pas faire ?
La solitude bousculait le temps ; lui-même était pressé et faisait du coude à des obsessions déjà vieilles.
Les angoisses avaient grandi. Elles étaient nées un soir au cours d'une partie de rami.
Il m'était difficile de supporter l'idée que, peut-être, je portais dans mes flancs une maladie honteuse. "Il faut oublier, tout peut s'oublier" dit Brel. Mais il dit aussi : "On n'oublie rien ; on s'habitue, c'est tout." Je ne peux ni oublier ni m'habituer. Je rumine, je ressasse, j'attends. Je n'ai rien à faire. Je vois les autres vivre, bouger, danser, aimer...

... je portais dans mes flancs
une maladie honteuse
"

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Brèves :

"Les dossiers de l'écran"

Un organe de presse pour les femmes et ceux qui s'y intéressent, battant à droite, difficile a feuilleter car ou bien les pages hyper-pétrolées font ventouse entre elles ou bien car de gros cartons payés par des fabricants de cosmétiques en empêchent la manoeuvre, titre ce jour : "Enquête. Comment les femmes gèrent leur e-temps."
Marie Boeton écrit : "Le monde virtuel est à nous ! Aujourd'hui, on peut, grâce aux nouvelles technologies, fréquenter de parfaits inconnus, se téléporter dans le cyberspace, bloguer pour se psychanalyser, s'aimer hors réalité... Etrange planète où chacun trouve son bonheur ?"
Plus loin j'ai souligné : "Jusqu'à quel point la Toile peut-elle risquer de faire écran à notre première vie, faite de chair et d'os, de sens et de contacts physiques ?"
Et plus loin encore, la journaliste rapporte les propos de Jacques Attali "La créativité intellectuelle va finir par jouer un rôle beaucoup plus important que notre enveloppe charnelle" et tout de suite après les guillemets poursuit : "Qu'on ne s'y trompe pas toutefois : les pulsions biologiques ne disparaîtront pas."
Ouf ! On l'a échappé belle.


 
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commentaires

J
On ne peut rien vous cacher, Aurora !...
Répondre
A
Tsst! Quelle fausse pudeur pour écrire que cet "organe" c'est...Madame Figaro!
Répondre

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en essayant le plus possible
de ne pas se cogner."

Georges PEREC



 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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