10 juin 2007
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16:04
A la mémoire de Casy Rivière et René Trémolières,
curés iconoclastes dont l'Eglise aurait bien besoin aujourd'hui.
"Six pieds sous terre, je les aime encore..."
Casy Rivière, ce curé que Brel aimait bien.
curés iconoclastes dont l'Eglise aurait bien besoin aujourd'hui.
"Six pieds sous terre, je les aime encore..."
Casy Rivière, ce curé que Brel aimait bien.
Casy Rivière, ses lieux, ses personnages. Dans l'Ariège, à Paris, à Rome. Epistolier de Claudel, amphitryon de Delteil, dédicataire de Montherlant
(La ville dont le prince est un enfant.) Attablé près de Sartre à la Coupole, reçu par Paul VI à Castelgondolfo, "apostrophé" par Brel au Lafayette.
Chercher des points communs serait tomber dans des lieux qui n'en seraient pas moins. Pour cet instituteur laïc, né à Saint-Girons en 1905, une insatiable quête va s'amorcer. Elle le conduira à
la recherche d'un Graal bienfaisant. Elle le verra cheminant aux côtés des grands hommes de son siècle. Eperdument amoureux du verbe, il fera d'abord décliner "Rosa la rose" aux descendants des comtes de Foix. Mais il y a probablement trop de doutes dans l'apostolat éducatif qui modèle "les
Jules et les Prosper qui seront la France de demain." Comme il avait choisi ses doutes, il choisira la foi. L'Eglise. Catholique et apostolique. Et le verbe se fit "chair". Un livre en
aura été l'un des révélateurs : "Aux fontaines du désir". Montherlant. Le modeste instituteur, devenu et ordonné prêtre, lui adressera une première
lettre, pour conforter sa nouvelle identité sacerdotale. Montherlant lui répondra. Suivront d'autres feuillets échangés, d'autres noms suggérés, d'autres amitiés : Francis Jammes, Jean Guitton,
François Mauriac, Marie Noël, Joseph Kessel... La déconcertante audace avec laquelle l'abbé s'adresse à ceux qu'il aime n'a d'égale que sa simplicité. Et intégrité. "Il ne faut pas rencontrer les auteurs ; l'oeuvre de l'homme est plus grande que l'homme." lui soufflera Jean Guitton. Casy ne l'écouta pas et il eut raison. Casy
s'enrichira et se parfumera l'âme au gré des rencontres. "Je crois que nous méritons tous nos rencontres, qu'elles sont accordées à nos destins. Et aucun destin
n'en rencontre impunément un autre."
Vint celle avec Brel.
Casy Rivière a rencontré Jacques Brel à Toulouse. A moins que ce ne soit le contraire. A l'époque où Brel se pressait d'aller vers les hommes essentiels. Quintessenciels. Brel et Rivière s'apprécient. Ils se reverront souvent. Avec Dieu comme témoin. Jacques dit : "Dites, si c'était vrai ?" ou "Dieu, ce sont les hommes, et un jour, ils sauront."
Casy signale à Jacques des mots, des vers, des textes que ce dernier déclame dans le presbytère de Labastide-de-Besplas. Ils font tintinnabuler leurs "maux" dans une "vocabulairerie" suprême. En cultivateurs non-mécanisés de l'amitié, ils s'amusent à s'échanger des formules définitives.
Deux ans avant sa mort -en août 1987- Casy Rivière m'invitait dans le beau grenier de ses souvenirs. M'invitait parce que je lui avais dit avec assez de sincérité beaucoup aimer Brel, et très bien le connaître.
Mon oncle.
Mon oncle, du côté de ma mère, est curé lui aussi... presque à Rome. En fait, mieux qu'à Rome, à Saint-Rome, dans l'Aveyron. C'est drôle, hein ? "Mon oncle", le film de Jacques Tati, vous connaissez ? Et pas "Tatie" de Jacques Mononcle. Ou "Tatie Danielle" de Jacques Tati. Ou "Ma tante" d'Etienne Chatillez. Ou bien encore "Mon oncle Benjamin" d'Edouard Molinaro, avec Jacques Brel. "Thomas, mon thé t-a-t-il ôté ta toux ? Oui, tonton, ton thé m'a ôté ma toux." "Si ton tonton tond ton tonton, ton tonton sera tondu."
Casy Rivière :
"Je m'occupe beaucoup d'étudiants, et un soir, un étudiant me téléphona pour me dire que Brel venait le lendemain à Toulouse pour chanter, et qu'il serait heureux que je le rencontre. Il venait chanter au profit d'un sana d'étudiants. Je suis venu le lendemain. Brel, dès qu'il m'a vu, m'a dit : "On dit qu'il manque des prêtres et vous, vous avez le temps de venir d'écouter un chanteur ? Vous n'avez pas autre chose à faire ? Vous ne pouvez pas dire la messe pendant ce temps-là ?" Je lui répondis qu'on n'était pas à la messe à cinq heures du soir, à l'époque, que j'étais dans une toute petite paroisse. Et le taquinage a cessé et on a commencé à parler sérieusement. Mais ce n'est pas à ce moment-là que je l'ai vu longtemps. On a pris l'apéritif ensemble. Il m'a donné rendez-vous pour le spectacle. Je suis allé bien sûr au spectacle et, en sortant, tout bouleversé que j'étais par cette rencontre, j'ai été me coucher.
Soudain, on frappe très fort à ma porte.
" - Casy ?
- Oui ?
- Y'a Jacques Brel qui te fait dire qu'il ne veut pas aller manger s'il n'est pas avec le prêtre avec qui il n'a pas été gentil tout-à-l'heure. Il veut te revoir."
Brel m'a pris par le bras et il m'a dit : "Je tenais à te revoir, à te demander pardon de t'avoir mal reçu tout-à-l'heure un petit peu, et puis je voudrais causer un peu avec toi."
Et nous sommes allés souper dans un restaurant des Minimes, très simple. Brel a mangé de très fort appétit. Il m'avait placé près de lui, à sa gauche. Pendant tout le repas, nous avons parlé très longuement. Il était 4 ou 5 heures du matin. On était encore au restaurant. A telle enseigne qu'à la fin, je lui ai dit : "J'ai besoin d'être chez moi demain matin pour la messe." "T'en fais pas pour la messe, tu y seras, me dit-il, et si tu n'as personne pour t'amener, moi, je t'aménerai." Avec son chauffeur, il me ramena à Labastide, et quand j'arrivai, l'église était ouverte, allumée, l'autel fleuri et quelques personnes attendaient pour assister à la messe.
Y'a un truc...
Je lui avais fait un café assez fort pour qu'il ne s'endorme pas au volant au retour. Devant l'Eglise ouverte, quand on s'est séparés, moi pour dire la messe et lui pour partir, il me rappela et me dit : "Quand tu vas faire ton "truc" tout-à-l'heure, pense un peu à moi, prie pour moi." Et quelques instants avant, en visitant l'église, il m'avait dit : "Sur ce truc-là... (Je lui avais montré mon autel qui est tout dépouillé, qui est tout simple, mais qui était très fleuri parce que c'était un jour de fête de la Sainte-Vierge) -il me dit : "Je ne crois pas à ce que tu vas faire, mais je sens que sur cet autel, il faut que tu fasses quelque chose.
J'avais trouvé ce mot très beau, et je peux vous assurer que quand j'ai fait ce "quelque chose", j'ai bien fortement et profondément pensé à lui."
(A suivre)
Joël Fauré
----
Brèves
Photo-stimulus pour le fétichiste indécrottable que je suis dans "Le Journal du dimanche" de ce dimanche. La sculpturale Adriana Karembeu enfile ses bottes, et la légende dit "Abusez de moi." Mais je me suis incliné quand on sait qu'Adriana Karembeu offre son image au service de la Croix Rouge. Je suis prêt à oublier les jambes d'Adriana pour m'interesser au tronc de Robert, et y glisser un peu de sous pour la bonne cause.
Plus d'informations sur le site (très convivial) robertsenchargera.com
/
Toujours dans le même JDD, j'apprends (litote vu le plan média) que Schrek revient sur les écrans pour la troisième fois. Au delà de l'aspect commercial, j'avais adoré (comme Caroline Lamarche qui y fait allusion dans ses "Carnets d'une soumise de province") ce géant vert, crasseux mais tellement tendre et attachant et la version revue et corrigée des contes de fées.
Un nouveau personnage a fait son apparition dans l'opus 2. Il revient ici : c'est le chat Potté. (Je ne comprends toujours pas pourquoi "potté" et non "botté" -Je comprendrais mieux chat chapeauté- si quelqu'un peut m'expliquer...)
Antonio Banderas qui fait la voix du chat explique : "Il ne mesure que 25 cm de haut, mais il se comporte comme un tigre du Bengale ! Son chapeau, son épée et ses bottes évoquent bien sûr Zorro. Je suis fier de son accent andalou." Et plus loin : "Ma fille a bondi de joie quand je lui ai dit qu'il y aurait un film dévolu au Chat Potté."
/
Encore dans le JDD, Bernard Pivot, dans son billet dominical ose un malicieux "Houellebeigbeder". Il s'interroge : "Beigbeder ? pitre ou écrivain ?" Il se répond : "De moins en moins pitre peut-être, de plus en plus écrivain." Le mieux est de se faire sa propre opinion, la confirmer ou la modifier. En tous cas, Fred Beig publie chez Grasset "Au secours pardon"
Vint celle avec Brel.
Casy Rivière a rencontré Jacques Brel à Toulouse. A moins que ce ne soit le contraire. A l'époque où Brel se pressait d'aller vers les hommes essentiels. Quintessenciels. Brel et Rivière s'apprécient. Ils se reverront souvent. Avec Dieu comme témoin. Jacques dit : "Dites, si c'était vrai ?" ou "Dieu, ce sont les hommes, et un jour, ils sauront."
Casy signale à Jacques des mots, des vers, des textes que ce dernier déclame dans le presbytère de Labastide-de-Besplas. Ils font tintinnabuler leurs "maux" dans une "vocabulairerie" suprême. En cultivateurs non-mécanisés de l'amitié, ils s'amusent à s'échanger des formules définitives.
Deux ans avant sa mort -en août 1987- Casy Rivière m'invitait dans le beau grenier de ses souvenirs. M'invitait parce que je lui avais dit avec assez de sincérité beaucoup aimer Brel, et très bien le connaître.
Mon oncle.
Mon oncle, du côté de ma mère, est curé lui aussi... presque à Rome. En fait, mieux qu'à Rome, à Saint-Rome, dans l'Aveyron. C'est drôle, hein ? "Mon oncle", le film de Jacques Tati, vous connaissez ? Et pas "Tatie" de Jacques Mononcle. Ou "Tatie Danielle" de Jacques Tati. Ou "Ma tante" d'Etienne Chatillez. Ou bien encore "Mon oncle Benjamin" d'Edouard Molinaro, avec Jacques Brel. "Thomas, mon thé t-a-t-il ôté ta toux ? Oui, tonton, ton thé m'a ôté ma toux." "Si ton tonton tond ton tonton, ton tonton sera tondu."
Casy Rivière :
"Je m'occupe beaucoup d'étudiants, et un soir, un étudiant me téléphona pour me dire que Brel venait le lendemain à Toulouse pour chanter, et qu'il serait heureux que je le rencontre. Il venait chanter au profit d'un sana d'étudiants. Je suis venu le lendemain. Brel, dès qu'il m'a vu, m'a dit : "On dit qu'il manque des prêtres et vous, vous avez le temps de venir d'écouter un chanteur ? Vous n'avez pas autre chose à faire ? Vous ne pouvez pas dire la messe pendant ce temps-là ?" Je lui répondis qu'on n'était pas à la messe à cinq heures du soir, à l'époque, que j'étais dans une toute petite paroisse. Et le taquinage a cessé et on a commencé à parler sérieusement. Mais ce n'est pas à ce moment-là que je l'ai vu longtemps. On a pris l'apéritif ensemble. Il m'a donné rendez-vous pour le spectacle. Je suis allé bien sûr au spectacle et, en sortant, tout bouleversé que j'étais par cette rencontre, j'ai été me coucher.
Soudain, on frappe très fort à ma porte.
" - Casy ?
- Oui ?
- Y'a Jacques Brel qui te fait dire qu'il ne veut pas aller manger s'il n'est pas avec le prêtre avec qui il n'a pas été gentil tout-à-l'heure. Il veut te revoir."
Brel m'a pris par le bras et il m'a dit : "Je tenais à te revoir, à te demander pardon de t'avoir mal reçu tout-à-l'heure un petit peu, et puis je voudrais causer un peu avec toi."
Et nous sommes allés souper dans un restaurant des Minimes, très simple. Brel a mangé de très fort appétit. Il m'avait placé près de lui, à sa gauche. Pendant tout le repas, nous avons parlé très longuement. Il était 4 ou 5 heures du matin. On était encore au restaurant. A telle enseigne qu'à la fin, je lui ai dit : "J'ai besoin d'être chez moi demain matin pour la messe." "T'en fais pas pour la messe, tu y seras, me dit-il, et si tu n'as personne pour t'amener, moi, je t'aménerai." Avec son chauffeur, il me ramena à Labastide, et quand j'arrivai, l'église était ouverte, allumée, l'autel fleuri et quelques personnes attendaient pour assister à la messe.
Y'a un truc...
Je lui avais fait un café assez fort pour qu'il ne s'endorme pas au volant au retour. Devant l'Eglise ouverte, quand on s'est séparés, moi pour dire la messe et lui pour partir, il me rappela et me dit : "Quand tu vas faire ton "truc" tout-à-l'heure, pense un peu à moi, prie pour moi." Et quelques instants avant, en visitant l'église, il m'avait dit : "Sur ce truc-là... (Je lui avais montré mon autel qui est tout dépouillé, qui est tout simple, mais qui était très fleuri parce que c'était un jour de fête de la Sainte-Vierge) -il me dit : "Je ne crois pas à ce que tu vas faire, mais je sens que sur cet autel, il faut que tu fasses quelque chose.
J'avais trouvé ce mot très beau, et je peux vous assurer que quand j'ai fait ce "quelque chose", j'ai bien fortement et profondément pensé à lui."
(A suivre)
Joël Fauré
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Brèves
Photo-stimulus pour le fétichiste indécrottable que je suis dans "Le Journal du dimanche" de ce dimanche. La sculpturale Adriana Karembeu enfile ses bottes, et la légende dit "Abusez de moi." Mais je me suis incliné quand on sait qu'Adriana Karembeu offre son image au service de la Croix Rouge. Je suis prêt à oublier les jambes d'Adriana pour m'interesser au tronc de Robert, et y glisser un peu de sous pour la bonne cause.
Plus d'informations sur le site (très convivial) robertsenchargera.com
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Toujours dans le même JDD, j'apprends (litote vu le plan média) que Schrek revient sur les écrans pour la troisième fois. Au delà de l'aspect commercial, j'avais adoré (comme Caroline Lamarche qui y fait allusion dans ses "Carnets d'une soumise de province") ce géant vert, crasseux mais tellement tendre et attachant et la version revue et corrigée des contes de fées.
Un nouveau personnage a fait son apparition dans l'opus 2. Il revient ici : c'est le chat Potté. (Je ne comprends toujours pas pourquoi "potté" et non "botté" -Je comprendrais mieux chat chapeauté- si quelqu'un peut m'expliquer...)
Antonio Banderas qui fait la voix du chat explique : "Il ne mesure que 25 cm de haut, mais il se comporte comme un tigre du Bengale ! Son chapeau, son épée et ses bottes évoquent bien sûr Zorro. Je suis fier de son accent andalou." Et plus loin : "Ma fille a bondi de joie quand je lui ai dit qu'il y aurait un film dévolu au Chat Potté."
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Encore dans le JDD, Bernard Pivot, dans son billet dominical ose un malicieux "Houellebeigbeder". Il s'interroge : "Beigbeder ? pitre ou écrivain ?" Il se répond : "De moins en moins pitre peut-être, de plus en plus écrivain." Le mieux est de se faire sa propre opinion, la confirmer ou la modifier. En tous cas, Fred Beig publie chez Grasset "Au secours pardon"