Photo M. Rosensthiel / Sygma
Où sont rangées les cuissardes de Mylène quand elle ne les porte pas ?
Chacun a des marottes. Moi, ce sont les bottes. Hautes. Brassens ne crevait-il pas d'envie de
"voir le nombril de la femme d'un agent de police" ?
Où sont rangées les cuissardes de Mylène Farmer quand elle ne les porte pas ?
Couchées et protégées par du papier satin dans quelque boîte ? Droites debout (comme celles d'un homme politique) dans une penderie ? A cheval sur une tringle ?
Mylène Farmer vient apporter à Toulouse, les vendredis 15, samedi 16, lundi 18 et mardi 19 mai (Que fait-elle dimanche 17 ?) ses bouquets de névroses et tailler ses
névrosiers.
"La Dépêche du Dimanche" consacre une pleine page à cet "avènement".
Pas moins
de deux journalistes sont sur le coup. Jean-Luc Martinez, qui semble avoir déjà vu le spectacle écrit, avec un torride lyrisme : "En quittant la route 66 vers le désert du
Nevada, la nuit est si sombre que l'oeil se met soudain à cligner, ébloui au fond de la vallée par les lumières de Las Vegas. Une mer incandescente semble se détacher du sol, offrant au regard un
spectacle captivant. Le nouveau show de Mylène Farmer provoque le même émerveillement." Pas plus, pas moins. Plus loin : "Un public sensible aussi au charme de ses tenues sensuelles,
signées Jean-Paul Gaultier, qu'elle change toutes les dix minutes , passant des cuissardes noires [pendant dix minutes, je veux bien être une planche de la scène du Zénith
de Toulouse] à la mini-robe rouge pailletée ou encore au costume rayé asymétrique, avec la même volupté, laissant toujours entrevoir, au moins, une cuisse."
Philippe Brassart
écrit un très intelligent papier dans lequel on peut lire, sous le titre "Les raisons de son succès" : "Bien sûr, elle ne s'appelle pas Farmer : Mylène est née Gautier en 1961 à
Pierrefonds, non loin de Montréal (Québéc), où elle a passé neuf ans avant de regagner la France. Pourquoi Farmer ? En hommage à Frances Farmer, actrice américaine des années 40 internée par une
mère abusive, lobotomisée par des médecins bouchers. Curieuse idole, dira-t-on... (...) Le succès semble n'avoir pas de fin. Et le temps n'avoir aucune prise sur l'artiste toujours mystérieuse,
rousse et svelte. Une voix fragile à nulle autre pareille, un charme ambigu, cet univers intime nourri de lectures, d'images, de réminiscences -Rimbaud, Cioran, Vélasquez, Egon Schiele, Goya,
Bunuel...- cette fêlure indéfinissable : la clé de sa réussite est là."
Où sont rangées les cuissardes de Mylène quand elle ne les porte pas ?
JF