L'homme qui a planté des arbres
2007. Les chênes de Lucien ont quinze ans. Le format et le "formatage" de "La Dépêche" ont changé. Nous aussi. Les "rédacteurs-localiers" ont appris à être masochistes : leurs "papiers"
ne doivent pas dépasser un quota de "signes ou espaces". La chênaie de Lucien s'en soucie peu. Elle se déploie. Allez-donc la survoler grâce à Google Earth. Bonne nouvelle : elle n'a pas
souffert de la tempête du 24 janvier 2009. Plus loin, partout, il se passe des choses... Des choses.
"Mon vieux Lucien" (Est-ce sur ses paroles que la môme
Piaf s'est un jour "plantée" sur scène ? Le trou.), entendez-vous le bruit du Monde ? Sauf Apocalypse, on se retrouve dans trois ans. Une autre échéance nous attend en 2012 :
"Pourvu que nous vienne un homme / Aux portes de la Cité / Que l'amour soit son royaume / Et l'espoir son invité / Et qu'il soit pareil aux arbres / Que mon père avait plantés / Fiers et
nobles comme soir d'été" (Jacques Brel. "L'Homme dans la cité".)
Coupure de "Dépêche du Midi", édition Nord-Est du 23 octobre 2007.
Joël Fauré, amoureux de la campagne buzetoise, nous livre sa visite à Lucien Sigaudès après son rendez-vous quinquennal pour évaluer la croissance de la chênaie : 3 ha de chênes rouges plantés
sur sa propriété des "Bardis" en 1992.
"Nous nous étions donnés rendez-vous dans ces colonnes tous les cinq ans. Voici 2007 et plus que jamais fidèle à ce rendez-vous d'amour.
Il ne faut pas beaucoup insister pour que Lucien troque ses chaussons pour ses bottes. "Pour aller là où on va, il faut au moins ça." La chênaie, si elle n'a pas atteint sa majorité, a atteint sa
maturité. Les houppiers se trémoussent sous un léger vent d'octobre, les encollements sortent de la bonne terre assouplie sous le feutrage de premières feuilles...
L'homme qui plante des arbres prend toute son essence. Il est le détenteur de codes et de méthodes pour garder la main verte. Il y a beau temps que Lucien s'est préparé au "Grenelle de
l'Environnement", quand il a entendu dire que l'oxygène était menacé.Alors, il a greffé son organe : un poumon vert. Tandis que des élus se chamaillent, se rallient, de conférences en congrés,
pour sauver cette petite planète à peine plus grosse qu'un gland, à bien y regarder... existe-t-il quelqu'un de très important asez raisonnable et réaliste pour dire ce qu'il faut faire ? Et si
ce quelqu'un d'important s'appelait l'homme tout simplement ? Peut-être Lucien lucide passeur entre ce qu'il connaît et ce qu'il aura à connaître.
La chênaie de Lucien rythme le cours de la vie : les chouettes sont encore chouettes ; des pluies divines viennent faire luire les limbes lobées et les petits-enfants séculaires de Lucien
découperont dans "La Dépêche" cet article folioté. Rendez-vous en 2012".
Voir "La Dépêche" du 2 janvier 1992, 4 janvier 1997 et 5 septembre 2002.
Lucien, auprès de
ses arbres. Octobre 2007. Photo JF.